«Vulnérable», «Fragilité du géant américain», «Bush dans l'oeil du cyclone», «Les Etats-Unis débordés»... Telles sont quelques unes des formules qui se retrouvent à travers la presse, de France et d'ailleurs... Titrant sur «la tragédie américaine», Le Figaro note que «l'ouragan a frappé la société américaine là où elle est le plus fragile... Dans ce vieux Sud où prédominent les noirs et les pauvres, et où les tensions raciales ne sont jamais loin... Une région (de plus) où les armes à feu pullulent... (Mais) personne n'a pensé à renforcer les forces de l'ordre pour éviter les pillages et le chaos généralisé»...

Selon Le Monde, «Les Américains (sont) consternés par la fragilité de leur puissance... (Et) Katrina révèle les fractures sociales du pays... La rapidité de la détérioration des rapports sociaux a été telle qu'on se tire dessus pour monter dans les bus d'évacuation» ! Convergence du Progrès : «Katrina l'a révélé, le roi est nu... La super puissance mondiale est impuissante face au déchaînement de la nature. Et soudain renvoyée à ses tares historiques : la pauvreté (et) le racisme»... «Ce qui choque aujourd'hui, Le Dauphiné Libéré, c'est l'énorme décalage entre la super-puissance technologique et le chaos qui règne dans le Sud. Pourtant prévisible, le désastre n'a pas été géré... Au point que le président Bush se voit contraint, sinon d'implorer, du moins d'accepter l'aide internationale. C'est le monde à l'envers. Tourneboulé par l'ouragan»...

La Nouvelle République du Centre-Ouest constate également que «Lorsqu'elle se déchaîne, la nature se joue autant d'une super puissance internationale que d'un petit Etat local»... Cependant, poursuit ce confrère, «Les Américains ne peuvent que reprocher à l'administration Bush d'aller jouer victorieusement les gendarmes, ou les sauveteurs, à travers le monde, mais d'être incapables de leur assurer, chez eux, un minimum de sécurité».... «L'Amérique triomphante - renchérit l'éditorialiste du Républicain Lorrain - (grande) donneuse de leçons et championne du prosélytisme universel, accuse, en ces circonstances dramatiques, un niveau d'incurie comparable à celui d'un pays du tiers-monde... Voilà qu'on est obligé de voler à son secours !»

En manchette de Une de France-Soir, ce titre : «L'empire K-O debout»... «L'Amérique se découvre incapable de secourir les 300 000 réfugiés de La Nouvelle Orléans... L'ouragan a fait au moins dix mille morts». Sont ici repris «des commentaires exaltés d'internautes islamistes voyant Katrina (comme) un soldat de Dieu, dans le Jihad contre l'Amérique... Cette théorie n'est pas seulement défendue par des esprits fumeux. Elle figure dans un article publié par le quotidien koweitien Al-Siyassa, sous la signature du directeur du centre de recherches du ministère koweitien des affaires religieuses... Le dignitaire y soutient, "que le terroriste Katrina est un des soldats de Dieu, mais pas un adhérent d'Al-Qaïda"»... En tout cas, d'après Sud-Ouest, «l'épreuve est un impitoyable révélateur»... L'Amérique apparaît à la République du Centre «comme un colosse aux pieds d'argile»... «Le moment est venu, ajoute ici le commentateur, pour George W. Bush d'entrer dans une nouvelle croisade en arrêtant de massacrer l'environnement»... Les Dernières Nouvelles d'Alsace relèvent à leur tour «la tragique ironie de Katrina, c'est qu'elle frappe politiquement un Bush qui a toujours fait un bras d'honneur aux questions environnementales, comme si elles devaient rester secondaires... Et les voilà qui rattrappent avec une force inouïe un président dramatiquement insolent».

Un des naufragés réfugiés dans le grand stade de La Nouvelle Orléans dit avec colère, d'après Le Parisien, «Nous avons été traités comme des animaux»... Ce journal évalue «le coût des dégâts» de la tornade : «Plus de cent milliards de dollars... Des effets dévastateurs sur l'emploi... (Et) la production de pétrole dans la région quasiment à l'arrêt»... La Montagne souligne encore que «Kristina a frappé les Etats les plus démunis de l'Union... Les deux tiers des habitants de La Nouvelle-Orléans sont noirs, et 30 % vivent en-dessous du seuil de pauvreté... Reste cette impression d'un pays capable de déplacer sa puissance de feu partout sur la planète, mais complètement désemparé devant les éléments déchaînés»...

Aux yeux de La République des Pyrénées, cette «catastrophe risque de porter un coup fatal à George Bush»... Et, «selon un responsable de la sécurité locale, le manque d'argent pour achever les digues (en Louisiane) s'explique par les coupes budgétaires dues aux dépenses pour la guerre en Irak»... Le Télégramme met en cause «un système politique, une organisation sociale tout entière, qui sont à l'origine de ce gigantesque et sanglant capharnaüm»...

L'éditorial de Libération souligne à l'unisson : «La première économie du globe vacille comme un vulgaire Etat du tiers-monde... Ne reste à voir que la face sombre de l'empire... Celle d'un pays rongé par l'argent et la ségrégation, où les naufragés du système restent derrière, abandonnés aux éléments... Le formidable coup de vent a soulevé le voile sur cette Amérique divisée par une pauvreté qui n'a cessé de croître sous la présidence Bush. Et, avec elle, de grandir la rage des oubliés».