Pasada Carriles : Terroriste, agent de la CIA, maintenant hébergé aux USA. Dossier.
Imprimer cet article
18 juin 2005
Luis Posada Carriles :
"EX-terroriste" pour le journaliste de Libération, "opposant" pour celui du Monde.
Et personne pour la plupart des autres médias.
J’ai écrit au journaliste de Libération pour lui faire part de ma surprise du terme employé et s’il pouvait m’indiquer à partir de quand et selon quels critères Posada Carriles était devenu un "ex-terroriste". Devinez quoi ? Pas de réponse.
N’oublions pas que, selon les médias français, une information majeure c’est :
"En hiver, il neige. Et sur la neige, ça glisse".
Combien d’années d’études pour ça ?
Viktor Dedaj
* * * * *
Posada Carriles : le mythe du double acquittement
Par Rosa Miriam Elizalde et José Pertierra
www.progresoweekly.com, juin 2005.
CARACAS - les grands médias répètent - radios, télévisions, dépêches d’agence et journaux - la même histoire selon laquelle " Luis Posada Carriles fut deux fois acquitté au Venezuela." Cela donne l’impression que le Venezuela persiste à persécuter un innocent.
Une recherche sur Google donne 1.229 références sur le soi-disant double acquittement dont 953 en anglais. Un mensonge, répété souvent, devient la vérité, l’unique vérité.
En partant de données fausses, on arrive toujours à une conclusion erronée. Est-ce important que cette histoire soit contredite par les documents des tribunaux Venezueliens ? Est-ce important que des documents récemment déclassifiés par le CIA et le FBI ne laissent planer aucun doute quant à la culpabilité de Posada Carriles sur le meurtre de 73 personnes dans un avion civil, dont un enfant encore dans le ventre de sa mère ?
L’avocat de Posada Carriles lui-même, Eduardo Soto, diffuse le mensonge en déclarant au Miami Herald "mon client à été acquitté deux fois au Venezuela."
Plus qu’une simple coïncidence, le Département d’Etat (des Etats-Unis) répète le mensonge dans une note diplomatique du 27 mai adressée à l’ambassade du Venezuela, lorsqu’il rejeta la première requête pour une détention préventive de Luis Posada Carriles. "Il n’est pas fait mention", dit la note, "de l’acquittement de Posada Carriles prononcé par un tribunal militaire au Venezuela lors d’un premier procès, et des conséquences de cette décision selon la loi Venezuelienne."
Pourquoi un tel mensonge est-il répondu avec autant d’aplomb à la fois par des avocats et des officiels du gouvernement ? Pourquoi la presse accepte-t-elle comme une vérité divine quelque chose qui peut facilement être démentie ? Que s’est-il réellement passé au Venezuela dans l’affaire Posada Carriles ?
Les faits
Le complot fut exécuté par deux Venezueliens nommés Freddy Lugo et Hernan Ricardo qui sont montés sur un avion Cubain à Trinidad le 6 octobre 1976. Ils ont caché des explosives C-4 dans une caméra que M. Ricardo plaça dans les toilettes arrière de l’avion. Les deux hommes débarquèrent à la Barbade, et le malheureux avion décolla et explosa peu après en plein vol au large des plages de la Barbade, tuant les 73 passagers dont une femme enceinte.
La police de la Barbade s’intéressa immédiatement à Lugo et Ricardo et les arrêta quelques heures après l’explosion. Interrogés, ils ont tous les deux avoués en impliquant deux autres personnes : Luis Posada Carriles et Orlando Bosch. Les autorités venezueliennes arrêtèrent Posada et Bosch à Caracas. Au cours de la perquisition effectuée au domicile et au bureau de Posada Carriles, la police trouva les éléments qui confirmaient les aveux des hommes à la Barbade.
Le 25 août 1977, la juge Delia Estava Moreno transmit le dossier à un tribunal militaire, en inculpant les quatre conspirateurs pour trahison. Le tribunal militaire les acquitta, donnant ainsi naissance au mythe de l’acquittement. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Plus tard, la Cour d’Appel Militaire découvrit que le tribunal militaire n’était pas en droit de juger ces hommes et annula la procédure. Le juge déclara que "les inculpés dans l’affaire de l’avion de la Cubana détruit au large de la Barbade le 6 octobre 1976, sont des civils et les crimes qui leur sont imputés dépendent du code pénal civil et non militaire." "La juridiction militaire", jugea la Cour, "s’applique aux militaires pour des infractions militaires. Les civils et les crimes de droit commun ne sont pas soumis aux dispositions du Code de Justice Militaire... Le Tribunal Militaire considère qu’il est nécessaire de préciser qu’il n’a pas la capacité juridique pour juger cette affaire."
La signification du jugement rendu
Que voulait dire la Cour par "absence de capacité juridique" ? La décision du premier tribunal était donc annulée et toute la procédure déclarée nulle. par exemple, si on prend le cas d’un mariage, une procédure de divorce entérine une séparation, alors qu’une annulation stipule que le mariage n’a jamais eu lieu.
Les quatre hommes furent ensuite inculpés pour homicide ["aggravated homicide "] et trahison devant un tribunal civil : la 10eme Chambre du district de l’état de Miranda. Le procès débuta donc comme si c’était la première fois.
Les preuves réelles et celles de la presse vénézuélienne
Les preuves de ce procès sont nombreuses et sont désormais confirmées par les documents récemment déclassifiés de la CIA et du FBI et rendus publics par la National Security Archives de l’université George Washington. Posada Carriles admit quelques jours seulement avant l’attentat, "nous allons attaquer un avion cubain, et Orlando (Bosch) est en possession de tous les détails." Les documents du tribunal venezuelien contiennent des déclarations sous serment qui confirment que la personne qui a posé la bombe dans les toilettes arrière de l’avion, Hernan Ricardo, avoua avoir téléphoné à Luis Posada Carriles depuis la Barbade pour l’informer que la mission de faire exploser l’avion avait été accomplie, qualifiant les passagers assassinés de "chiens".
Selon le document du FBI daté du 21 octobre 1976, l’organisation responsable de l’attentat était la CORU, une organisation terroriste fondée quelques semaines auparavant pour mener des attaques terroristes à travers tout le continent. Un des membres de la CORU, Secundino Carrera, déclaré que "la bombe et les morts étaient totalement justifiés car la CORU est en guerre contre le régime de Fidel Castro."
L’ évasion de Posada
A la veille de l’énoncé du verdict, le 8 août 1985, Posada Carriles s’évada de la prison de San Juan de los Morros, située dans l’état de Guarico, où il avait été enfermé après deux tentatives d’évasion. Aucun verdict ne fut prononcé contre Posada Carriles car selon le Code Pénal Venezuelien, un procès ne peut continuer en l’absence de l’accusé. Le tribunal émit un mandat d’arrêt contre lui.
Ses complices, Freddy Lugo et Hernan Ricardo, furent condamnés pour meurtre le 21 juillet 1986, et à une peine de 20 ans de prison. Le juge réduisit la peine jusqu’au seuil minimum "au vue de l’absence d’antécédents criminels". Cependant, Orlando Bosch fût mystérieusement acquitté.
Posada au Salvador
Après son évasion de la prison vénézuelienne, Posada Carriles réapparut au Salvador, sous le pseudonyme "Ramon Medina", un nom qui lui avait été attribué par le gouvernement Salvadorien. Selon les documents du FBI publiés par la National Security Archives, il devint "directeur de soutien" à l’opération illégale d’approvisionnement de la Contra dirigée par Reagan à la Maison Blanche à partir de la base aérienne d’Illopango au Salvador. Dans une déposition de 31 pages remis aux agents du FBI à Tegucigalpa, Honduras, dans le cadre d’une enquête indépendante menée sur le scandale Iran-Contra, Posada expliqua en détail sa participation dans ces opérations clandestines, dont des missions d’approvisionnement par avion des soldats "contras" au sud du Nicaragua.
Posada Carriles poursuivait sa campagne de terreur depuis la base aérienne d’Illopango au Salvador. Il avoua au New York Times le 12 juillet 1998 qu’il avait organisé une série d’attentats à la Havane provoquant la mort d’un touriste italien et blessant plusieurs autres. En 2004, il faut condamné au Panama pour "mise en danger de la sécurité publique" dans une tentative d’assassiner Fidel Castro en utilisant de puissantes explosives C-4 à l’université de Panama, où le dirigeant cubain devait prendre la parole devant un large public d’étudiants. Quelques mois plus tard, il fût gracié par la Présidente du Panama.
Ven 29 Sep - 18:47 par Tite Prout