La baie d'argousier: «le fruit le plus complet de la création»! 29 août 2007
– Il existe un petit fruit peu connu au Québec dont la culture n’en est
qu’à ses premiers pas, mais qui, selon plusieurs experts, serait voué à
un avenir des plus prometteurs : la baie d’argousier.Certains en
sont même déjà des passionnés. Aux yeux d’André Nicole, président de
l’Association des producteurs d’argousier du Québec (APAQ), cette baie
orangée constitue rien de moins que « le fruit le plus complet de la
création »!L’argousier -
Hippohaë rhamnoides L., de son
nom latin - a fait l’objet d’un congrès, tenu récemment à Québec, où
une centaine de chercheurs et de producteurs d’une douzaine de pays se
sont réunis.
La baie d’argousier, riche en vitamine C et en vitamine E, mesure environ 1 cm.Pour
l’instant, l’utilisation thérapeutique de ce petit fruit au goût
acidulé est surtout orientée vers les soins de la peau : on en fait des
crèmes et des onguents pour traiter les brûlures ou pour régénérer la
peau. On l’utilise aussi dans certaines crèmes solaires, en raison de
sa capacité à filtrer les rayons néfastes.Mais le potentiel
médicinal de l’argousier serait plus large : « Sa concentration en
vitamine C est 30 fois supérieure à celle de l’orange. Sa teneur en
vitamine E est plus élevée que celle du blé ou du soya, elle en est
d'ailleurs une importante source, de même que de certains autres
antioxydants », indique Christina Ratti, ingénieure chimique à
l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF) de
l’Université Laval.
Source d’oméga-7« La pulpe de
l’argousier est riche en oméga-7, un acide gras rare et bénéfique qu’on
ne retrouve que dans deux espèces végétales : l’argousier et la noix de
macadam, cultivée à Hawaï », ajoute Christina Ratti.En Europe et
en Asie, l’huile d’argousier est déjà utilisée dans les hôpitaux pour
traiter les brûlures de même que les plaies de lit. Selon l’APAQ,
l’argousier peut aussi servir, en usage interne, contre les ulcères
d’estomac, la gingivite, et pourrait même aider à la prévention des
maladies cardiovasculaires. « En Bolivie, on l’utilise même pour les
maladies pulmonaires obstructives chroniques », soutient Christina
Ratti.Outre ses vertus thérapeutiques, on retrouve aussi
l’argousier dans différents produits alimentaires tels que le chocolat,
les jus, les gelées, les confitures, les barres de céréales, les
sorbets, les boissons alcoolisées... Sans compter son entrée récente
dans les grands restaurants.
Une plante cultivée depuis peu au QuébecLa
présence de l’argousier au Canada remonte à une cinquantaine d’années,
mais ce n’est que depuis 1998 qu’on le cultive au Québec pour ses
fruits, indique Daniel Bergeron, conseiller-agronome au ministère de
l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). Depuis, sa
production s’élève à 70 000 plants, issus de 40 cultivars différents.En
fait, l’intérêt pour l’argousier est en pleine effervescence un peu
partout dans le monde, indique Daniel Bergeron. « Depuis 2003, les
chercheurs et les producteurs de nombreux pays, dont le Canada, la
Chine, la Finlande, la Russie, la Lettonie, l’Allemagne et les
États-Unis, mettent en commun leur savoir-faire, tant sur le plan de la
culture que sur celui des techniques de transformation », explique-t-il.
Au
Québec, l’intérêt y est aussi. De Malartic à Dunham, en passant par
Lanoraie, Québec et La Pocatière, des expériences sont menées pour
enrichir les connaissances sur cet arbuste et ses fruits.« On
veut voir comment les différents cultivars se comportent dans notre
climat et aussi découvrir ce que leurs fruits ont à offrir afin de
permettre une production spécialisée, selon les besoins », explique
Martin Trépanier, agronome et professionnel de recherche à l’Université
Laval.
Un projet de retraitePour
André Nicole, président de l’APAQ, les premières expériences avec
l’argousier ont commencé en 1998. Ancien entrepreneur à la retraite,
l’homme de 69 ans et son épouse s’occupent des 6 000 plants
d’argousiers que compte leur terrain de quatre hectares, à
Sainte-Anne-de-Beaupré.Désireux de cultiver des plantes
médicinales, il a opté pour l’argousier après s’être documenté sur cet
arbuste jadis utilisé dans les grands champs comme coupe-vent ou pour
freiner l’érosion des sols.S’il s’attarde maintenant à
multiplier les espèces d’argousier, sa seule ambition consiste à
« léguer des vergers magnifiques à ceux qui voudront prendre la
relève ».
Martin LaSalle – PasseportSanté.net