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 Venezuela : démocratie participative ou gouvernement comme 4

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mihou
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mihou


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Venezuela : démocratie participative ou gouvernement comme 4 Empty
23042006
MessageVenezuela : démocratie participative ou gouvernement comme 4

Ce genre de pensée groupale tend à se conjuguer à d’autres formes pré-modernes de gouvernance, comme la croyance que la fin justifie les moyens, l’autoritarisme et le militarisme. Ainsi, si l’on interpelle un chaviste en dénonçant des pratiques douteuses (comme la politique selon laquelle seuls les partisans du gouvernement peuvent bénéficier de certains programmes), sa réponse sera souvent que « il était temps qu’ils (ceux de l’ancienne élite) goûtent de leur propre recette », ou encore : « ce n’est qu’ainsi que nous construirons une société meilleure ». Les misions actuellement au cœur des politiques sociales du gouvernement font largement partie de ce type de subversion de ce que Max Weber appelait l’autorité légale-rationnelle. Spécifiquement, le fait que les missions fonctionnent en-dehors des structures étatiques existantes, et donc subvertissent l’exigence constitutionnelle qui veut que la responsabilité des dépenses publiques incombe au législatif, constitue un autre exemple de comment une bonne intention (la réduction de la pauvreté) peut être utilisée pour justifier des moyens douteux(la subversion du pouvoir législatif).

Ilestcourantdans les rangs de l’oppositiond’accuser le gouvernement de Chávez d’autoritarisme -une accusation qui n’a en général aucun fondement, car frisant la simple exagération. De fait, un nombre impressionnant de dirigeants d’opposition affirme que le gouvernement de Chávez est dictatorial (ou encore totalitaire) et que Chávez est en train de mener le pays vers le « castro-communisme ». Cependant, la raison pour laquelle l’opposition peut affirmer cela tient, au moins en partie, de la réalité. Ainsi, la récente nomination des candidats aux élections régionales est illustrative, car ils ont presque tous été nommés sans aucune consultation des groupes chavistes des communautés de ces candidats. D’ailleurs, nombre de chavistes critiques ont récemment affirmé que les candidats devaient être nommés par le parti, dans le cadre d’un processus « d’élection primaire ». Les dirigeants du parti chaviste ont toutefois répondu qu’il n’y avait pas de temps pour cela, exigeant à tout le monde de s’unir derrière les candidats choisis.

Un exemple du style autoritaire de Chávez est sa tendance à donner des ordres sous l’impulsion du moment, souvent dans l’inconscience du caractère inadéquat des ordres ainsi donnés. Par exemple, certains anciens ministres rapportent que Chávez les appelaient au milieu de la nuit pour leur donner de nouvelles directives à suivre. Et dans les milieux gouvernementaux, il est bien connu que si l’on veut quelque chose de l’administration publique, inefficace à l’extrême au Venezuela, il suffit d’obtenir que Chávez donne un ordre direct pour que les fonctionnaires commencent à bouger. Autrement dit, ce n’est pas l’autoritarisme qui caractérise le gouvernement de Chávez, au sens où la science politique le décrirait, mais plutôt un style autoritaire, que Chávez a sans aucun doute hérité de sa formation militaire.

Dire que le gouvernement est militariste est une autre accusation favorite de l’opposition ayant un certain fondement dans la réalité, mais pas dans le sens donné par l’opposition. Certains analystes opposants affirment que, vu le nombre d’officiers au sein du gouvernement, celui-ci est, en son cœur, contrôlé par l’armée vénézuélienne. Il s’agit là d’un autre exemple typique de distorsion de la réalité par l’opposition. Ce qui est vrai, toutefois, c’est qu’un nombre peu ordinaire d’officiers de l’armée occupent de hautes fonctions au sein du gouvernement, qu’ils soient gouverneurs, candidats gouverneurs, ministres, vice-ministres ou directeurs d’entreprises publiques. Sur les 23 candidats aux gouvernements des états, 14 sont des officiers de l’armée. De même, ce sont des officiers qui dirigent près de la moitié de tous les ministères.

La raison de cette grande présence militaire au sein du gouvernement est en partie le fait que Chávez a beaucoup de mal a trouver un personnel civil qualifié soutenant son gouvernement et ayant les capacités de gestion requises pour se charger d’une bureaucratie gouvernementale vaste et compliquée. Il a d’ailleurs connu maints revers avec les civils qu’il avait nommés à la tête de ministères. Une des conséquences négatives de la présence militaire est qu’une grande partie de la bureaucratie de l’État finit par être gérée au style militaire, où chacun est supposé être un bon soldat, maintenir un profil bas, faire ce qu’on lui dit et ne pas prendre trop d’initiatives. Cela peut être bon pour l’efficacité (qui reste néanmoins un gros problème), mais pas pour la créativité et la flexibilité.

Malgré cela, il existe un argument intéressant en faveur de la présence militaire au sein du gouvernement. En effet, Chávez a souvent répété que l’un des objectifs du projet bolivarien est l’alliance civile-militaire. L’idée est que l’armée ne devrait pas être une entité totalement séparée et isolée du reste de la société, mais devrait plutôt être intégrée à elle. Elle pourrait ainsi assumer des responsabilités sociales qui vont plus loin que la défense de la nation. En d’autres termes, Chávez veut redéfinir le sens de la défense nationale pour y inclure des dimensions sociales, comme la sécurité alimentaire et le bien-être du peuple. C’est ainsi que le président a utilisé l’armée pour d’innombrables programmes sociaux, de la construction de routes et de maisons à la distribution de produits alimentaires, en passant par des programmes agricoles. Ainsi, malgré la militarisation des institutions civiles de l’État, on peut affirmer que l’armée vénézuélienne est en train d’être « civilisée » en conséquence de ses nouvelles tâches.
Obstacles externes : I. Les intérêts du capital

Il n’est pas aisé de surmonter des obstacles internes lorsqu’on est simultanément confronté à des obstacles imposés de l’extérieur. Les intérêts capitalistes de la classe dominante du Venezuela comptent parmi les obstacles externes les plus importants. Cette classe dominante est opposée au président Chávez depuis le début, quoique avec certaines exceptions notables. Lorsque Chávez n’était encore qu’un candidat à la présidence, certaines grosses sociétés ont soutenu sa campagne. Tel est le cas que quotidien El Nacional et du magnat de la presse Gustavo Cisneros. Par ailleurs, Luis Miquilena, ancien partisan de Chávez et principal architecte de sa campagne électorale, a pu réunir de grandes quantités d’argent pour la campagne, principalement dans le monde des affaires. Mais tous ces soutiens financiers ont tôt fait de rejoindre les rangs de l’opposition. Apparemment, nombreux étaient ceux qui pensaient que les représentants de grosses sociétés ayant soutenu la candidature présidentielle seraient -comme l’a toujours voulu la tradition au Venezuela- nommés à de hautes fonctions ministérielles. Par exemple, Andrés Mata, rédacteur en chef du quotidien El Nacional, avait clairement espéré être désigné ministre de la Culture. D’autres voulaient contrôler le ministère de la Production et du Commerce et d’autres ministères liés à l’économie. Cependant, une fois élu, Chávez a rompu avec la tradition politique vénézuélienne et ne nomma aucun ministre provenant des milieux économiques.

C’était donc une question de temps avant que ces anciens partisans du monde des affaires se retournent contre le président. Bien sûr, ce n’était pas uniquement cet affront à leur droit traditionnel qui suscita l’ire des chefs d’entreprises vénézuéliens. Ils ont également eu à faire face à une série de programmes qui touchaient directement à leurs privilèges. Trois axes de la politique gouvernementale ont particulièrement fait enrager le secteur économique du Venezuela.

Tout d’abord, à peine élu, Chávez révoque une loi selon laquelle les entreprises vénézuéliennes ne devaient plus payer de juteuses indemnités de licenciement à leurs travailleurs. En effet, pendant très longtemps la loi exigeait des entreprises qu’elles versent des montants généreux pour indemniser leurs travailleurs licenciés. Cette politique avait toutefois été inversée quelques années avant l’arrivée de Chávez au pouvoir.

Ensuite, Chávez décide de faire appliquer le code fiscal. Des décennies durant, les entreprises vénézuéliennes ont évité de payer des impôts et le gouvernement tolérait cette pratique, pensant qu’il valait mieux pour l’économie de regarder ailleurs face à l’évasion fiscale. Dans les années du boom pétrolier, le pays pouvait se permettre une telle évasion fiscale. Mais à mesure que les revenus du pétrole ont régulièrement diminué à partir de 1980, le pays ne pouvait plus se permettre un tel luxe. Cependant, les gouvernements ont pour la plupart été trop timides pour corriger la situation. Lorsque Chávez est arrivé à la présidence, il a immédiatement ordonné la collecte des impôts, l’éventuelle fermeture temporaire des entreprises fraudeuses et, plus récemment, la suspension de l’accès aux devises en cas de refus de paiement des impôts.
Troisièmement, et facteur certainement le plus important, Chávez a décrété les « lois habilitantes » (pouvoirs spéciaux) citées plus haut (réforme agraire, réforme du système bancaire et de l’industrie pétrolière), touchant une grande variété d’intérêts du monde des affaires.

Le principal représentant des grandes entreprises vénézuéliennes est la plus grande chambre du commerce, Fedecámaras. Cette organisation commença alors la lutte contre Chávez et annonça son premier bras de fer pour le 10 décembre 2001, lorsque, de concert avec la centrale syndicale CTV, elle décréta une grève générale. La tactique d’opposition de Fedecámaras, sous la direction de son président Pedro Carmona, mena finalement à la tentative de putsch d’avril 2002 et à la présidence autoproclamée de Carmona, qui ne dura que deux jours. Il semblerait que la résistance de Fedecámaras à Chávez s’émousse lentement avec la récente victoire du président lors du référendum.


Obstacles externes : II. Les vieilles élites

En plus des puissants intérêts économiques que le gouvernement de Chávez a fait lever contre lui, il existe un autre secteur significatif dans l’opposition, à savoir la vieille élite dirigeante, qui d’une certaine manière se chevauche avec les intérêts du capital national. En fait, en plus du monde des affaires, il faut ajouter les partis traditionnels qui ont gouverné le pays (Action démocratique et Copei), la centrale syndicale contrôlée par AD (la CTV), la hiérarchie de l’Église catholique vénézuélienne et les mass médias privés. Tous ces groupes (sauf peut-être les médias privés) avaient auparavant beaucoup à dire dans les gouvernements vénézuéliens, jusqu’à l’arrivée de Chávez au pouvoir. Désormais, ils se consacrent tous à renverser Chávez. Et ces groupes sont allés tellement loin qu’ils ont participé activement à la tentative de coup d’État d’avril 2002.


Obstacles externes : III. Les intérêts impériaux des États-Unis

Contrairement au Chili de 1973, où les grosses sociétés étasuniennes, comme ITT, ont joué un rôle prépondérant dans le renversement du gouvernement Allende, le capital international semble afficher beaucoup moins d’intérêt à influencer la politique vénézuélienne. La raison en est probablement que Chávez n’a touché aucun intérêt du capital international. Le pétrole vénézuélien a été nationalisé il y a des décennies et Chávez n’a pas l’air de vouloir nationaliser quoi que ce soit d’autre. Le seul domaine où, selon certains observateurs, Chávez touche au capital international est celui de la fiscalité de la production pétrolière. Mais cet élément tend à être mal compris. Ainsi, si Chávez a doublé les royalties que les compagnies pétrolières versent à l’État pour l’extraction du pétrole (de 16% à 30%), il a en même temps diminué les impôts sur la production pétrolière. Au bout du compte, les contributions des transnationales pétrolières à l’État vénézuélien sont restés plus ou moins les mêmes, au pire un peu plus élevées. La seule raison à ce changement fiscal (pour lequel les coûts de l’extraction ont été pris en comte) à des royalties fixe (où la contribution est toujours la même), c’est qu’il est beaucoup plus facile pour l’État de collecter les fonds de cette manière et de rendre des comptes.

Trop souvent, les analystes confondent les intérêts du capital transnational avec les intérêts impériaux des États-Unis. Une telle confusion est compréhensible, car les deux types d’intérêts coïncident souvent, comme pendant la présidence de Clinton, qui s’est basée sur l’unification des intérêts impériaux des États-Unis et de ceux du capital transnational [21] . De cette manière, Clinton et Chávez on pu établir un modus vivendi, d’autant plus que Chávez ne s’attaquait à aucun intérêt capitaliste étasunien. Les choses ont changé, toutefois, à l’arrivée de Bush au pouvoir en 2000, avec un gouvernement pour lequel la mise en œuvre de son idéologie conservatrice est plus importante que la poursuite des intérêts capitalistes étasuniens.

Face à une politique extérieure plus impériale de la part de l’administration Bush, Chávez s’y oppose beaucoup plus ouvertement qu’il ne le faisait pendant l’administration Clinton. Aujourd’hui, il manque rarement une occasion de condamner fermement la politique étasunienne en Irak et en Afghanistan, par exemple. Ainsi, après un bombardement notoire en Afghanistan, Chávez a montré des photographies des victimes à la télévision (essentiellement des femmes et des enfants), déclarant : « On ne combat pas le terrorisme par le terrorisme ». Chavez est aussi un opposant récurrent de la politique commerciale des États-Unis, s’opposant fermement à la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) et préférant l’intégration économique de l’Amérique latine à tout accord commercial avec les États-Unis. Un autre élément qui préoccupe certainement l’administration Bush est la volonté de Chávez de livrer du pétrole sur le marché chinois. Bush préférerait bien mieux voir un vassal obéissant, comme l’Irak, fournir la Chine en pétrole qu’un pays incontrôlable tel que le Venezuela du président Chávez.
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