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 Venezuela : démocratie participative ou gouvernement comme 2

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mihou
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mihou


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Venezuela : démocratie participative ou gouvernement comme 2 Empty
23042006
MessageVenezuela : démocratie participative ou gouvernement comme 2

Phase 3 : 2004-2006 ? - Victoire au référendum et approfondissement du processus

Enfin, le 15 août, le référendum contre le président Chávez eut bel et bien lieu. Près d’un an après que l’opposition ait lancé sa campagne pour le référendum et à peine quatre jours avant le délai imposé par la constitution (le 19 août) pour que le vice-président assume le reste du mandat présidentiel si celui-ci était révoqué. La campagne menant au référendum fut marquée par un grand contraste : une inactivité presque totale du côté opposition, face à une campagne omniprésente de la part de Chávez et ses partisans. Les sondages montraient que Chávez gagnait sans relâche sur l’opposition. Une semaine avant le référendum, la plupart des sondages publiés (beaucoup de sondages commandés par l’opposition ne le furent pas car leurs résultats étaient trop embarrassants) indiquait que Chávez l’emporterait par une marge de 11% à 25%. Toutefois, les deux camps réussirent à mobiliser des masses impressionnantes de partisans lors de leurs meetings finaux, rassemblant chacun des centaines de milliers de manifestants.

Le jour du référendum, les deux camps firent tout pour que chacun aille voter. Conséquence : dès trois heures du matin, les électeurs commençaient à faire la queue aux portes des centres électoraux censés ouvrir à six heures. Cependant, en raison principalement de problèmes techniques et logistiques, nombreux sont ceux qui n’ouvrirent pas avant dix heures du matin. Partout dans le pays, que ce soit dans les barrios pauvres ou dans les quartiers chics et de la classe moyenne, les queues se firent interminables, exigeant jusqu’à dix heures d’attente. L’horaire a dû être prolongé à plusieurs reprises et certains centres électoraux ne purent fermer avant trois heures du matin le lendemain, le CNE ayant décrété qu’ils devaient rester ouverts tant que des électeurs attendaient. Mais l’un dans l’autre, malgré l’attente, le référendum s’est déroulé sans anicroche.

Le seul bémol de la journée fut la menace de l’opposition de publier ses sondages à la sortie des urnes avant la fin de la journée électorale. Si elle ne mit pas directement et officiellement sa menace à exécution, elle fit courir des rumeurs et eut recours à la firme étasunienne de sondages « Penn, Shoen & Berland ». Cette firme viola la loi vénézuélienne en publiant divers communiqués aux États-Unis, selon lesquels l’opposition gagnerait le référendum avec 59% des voix. Plus tard, ces communiqués constitueraient l’une des principales « preuves » de l’opposition pour démontrer la fraude électorale.

Le 16 août, peu après quatre heures du matin, le président du CNE, Francisco Carrasquero, annonçait les premiers résultats préliminaires, donnant Chávez gagnant à 58% contre 42% [14]. Immédiatement après cette annonce, les dirigeants de l’opposition tenaient une conférence de presse dans laquelle ils dénonçaient sans ambages qu’une fraude avait été perpétrée, ne donnant d’autre preuve à leur accusation que leur seule conviction.

Ce jour-là, le pays entier attendit, anxieux, la réaction des observateurs internationaux face à ces résultats officiels. Soutiendraient-ils la décision du CNE ou se rangeraient-ils aux côtés de l’opposition ? Dans l’après-midi du 16 août, finalement, le couperet tombait : les observateurs internationaux étaient d’accord avec le CNE ; Chávez avait gagné le référendum. Comme il fallait s’y attendre, les chavistes célébrèrent l’événement par des caravanes de voitures et des rassemblements dans les barrios, tandis que les opposants se montraient ulcérés. Ils ne pouvaient croire que leurs sondages à la sortie des urnes, ainsi que leur conviction que Chávez était impopulaire, étaient aussi erronés.
Dans un discours de victoire conciliateur, Chávez déclara que les Vénézuéliens qui avaient voté « oui » (pour sa révocation) « ne devaient se sentir nullement défaits ». Et d’ajouter : « Il est faux que nous avons un projet de pays qui les exclut ». Il demanda à l’opposition « de nous rejoindre dans l’unité nationale, l’union de tous les Vénézuéliens, pour faire de la Cinquième République une réalité, pour faire de ce projet consacré dans la Constitution bolivarienne une réalité ». Il annonça alors le lancement d’une nouvelle phase dans son gouvernement : « À partir d’aujourd’hui et jusqu’en décembre 2006, c’est une nouvelle étape de la révolution bolivarienne qui commence, qui donnera continuité aux missions sociales, à la lutte contre l’injustice, l’exclusion et la pauvreté. Je vous invite tous, y compris l’opposition, à vous unir pour faire du Venezuela un pays de justice, un État de droit doté de justice sociale ».
Si beaucoup de dirigeants de l’opposition continuent de clamer qu’ils ont été victimes de fraude électorale, pour le reste du pays, y compris d’importants secteurs opposants tels que les chambres de commerce et les mass médias privés, la vie continue. Sans aucun début de preuve de fraude électorale, et avec à peine leurs sondages douteux en main, les dirigeants d’opposition qui continuent de crier à la fraude risquent de paraître incohérents. Des fractures se firent rapidement sentir au sein de la coalition opposante, la Coordination démocratique (CD). Seuls les petits partis n’ayant rien grand-chose à perdre en boycottant toute élection future, comme Alianza Bravo Pueblo (« L’Alliance du bon peuple ») ou La Causa R (« La Cause radicale ») ont opté pour la ligne dure et crient encore à la fraude. Mais ceux qui risquaient de perdre du terrain aux élections régionales (pour élire les gouverneurs d’état, les maires et les conseils municipaux) tentèrent de trouver un équilibre entre les accusations de fraude et la volonté de participer aux élections du 31 octobre.

Acción Democrática -le parti ayant gouverné le pays le plus longtemps et qui reste aujourd’hui le plus important parti d’opposition- ne paraissait même pas s’intéresser au référendum, probablement parce qu’il voudrait nommer en son sein tout successeur potentiel de Chávez, mais n’a actuellement personne pour prendre ce rôle. Dès lors, les membres de AD préfèreraient certainement voir Chávez terminer son mandat, de sorte à disposer de suffisamment de temps pour trouver un candidat pouvant s’opposer à Chávez en 2006. D’ailleurs, pendant la campagne bâclée du référendum, AD n’a pour ainsi dire rien fait pour promouvoir le « oui ».


Pourquoi cette victoire de Chávez ?

Outre les divisions internes dans le camp opposant et son incapacité à monter une campagne cohérente contre Chávez, les résultats reflètent aussi certains facteurs propres à Chávez et à ses partisans. Tout d’abord, s’il y a bien quelque chose en quoi Chávez excelle, c’est bien de faire campagne. D’innombrables meetings ont été organisés dans tout le pays, avec Chávez comme orateur principal à chaque occasion. Et chaque fois que Chávez apparaît en public, les foules sont énormes. L’un des derniers meetings de la campagne, sur le plus grand boulevard de Caracas, a rassemblé de 300 000 à 500 000 chavistes.

Lorsqu’il s’agissait de décider si la campagne serait en faveur d’un « oui » ou d’un « non », Chávez et ses partisans ont dit préférer que l’opposition maintienne sa campagne pour le « oui », qu’elle menait depuis longtemps, tandis qu’ils feraient campagne pour un « non » (c’est-à-dire « la NON révocation du président », au lieu de « OUI, le président reste »). Ce choix fut d’une certaine manière un trait de génie. On pense généralement qu’une campagne pour un « oui » est plus facile, car les gens sont par nature plus enclins à être positifs ou agréables. Voter pour un « oui » donnerait donc un léger avantage psychologique. Cependant, avec leur campagne pour un « non », les forces chavistes se retrouvaient dans une position où ils pouvaient dire clairement contre quoi ils votaient, ce qui est toujours bien plus facile que de dire en faveur de quoi on vote. La campagne pour le « non » reposait donc sur des slogans tels que « NON au passé », « NON à la privatisation de PDVSA ! » (la société pétrolière publique), « NON à leur retour ! » (de l’ancienne élite), « NON au démantèlement des missions ! », etc. Tous ces slogans reflètent des revendications très claires.

En face, l’opposition avait beaucoup plus de difficultés avec sa campagne pour le « oui », car elle devait dire à quoi elle disait oui -pas facile pour une opposition très fragmentée. La campagne était basée sur des termes évoquant vaguement de bons sentiments, comme « OUI » à la paix, à l’unité, au travail, à la sécurité -ce que tout le monde veut, bien entendu, y compris les chavistes, et qui n’est donc pas particulièrement distinctif. La seule grosse activité de campagne organisée par l’opposition fut une manifestation suivie d’un meeting sur la principale autoroute de la capitale et qui, à l’instar du meeting chaviste, a rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes.

Mais les points forts et les points faibles relatifs de la campagne pour le référendum n’ont pas tant d’importance que les changements qui ont eu lieu au Venezuela ces quelques dernières années. Ainsi, s’il y a bel et bien eu de sérieux problèmes, dont une chute énorme du PIB de près de 20% en deux ans, les Vénézuéliens ayant voté pour Chávez tendaient à blâmer l’opposition de cette récession. De plus, si les pauvres ont bien vu leurs revenus se réduire pendant ces deux années, de nombreux indicateurs suggèrent que leur situation s’améliorait.

Tout d’abord, de nombreux habitants des barrios affirment que leur sentiment d’espoir et leurs chances d’être pris en compte par le gouvernement ont considérablement augmenté. Cet espoir, dans une large mesure, est né du programme de réforme urbaine de la propriété des terres, qui donne aux gens la sensation d’avoir une certaine sécurité financière et la reconnaissance des investissements qu’ils ont effectués dans leur communauté et leur habitation. Près de la moitié de la population vénézuélienne (24 millions) a pu bénéficier d’un tel programme. D’autres sources d’espoirs n’ont pu se mettre en place que l’an dernier, avec l’introduction de nombreux programme sociaux novateurs, appelés « missions », qui fournissent aux pauvres des soins de santé communautaires, des services d’alphabétisation et d’éducation des adultes, des supermarchés subventionnés, des formations professionnelles et des bourses d’études supérieures.

Les signes que ces programmes ont un impact certain se trouvent dans les sondages, qui leur donnent un soutien de plus de 60% de la population (principalement les pauvres). Mais il y a aussi de nombreux indicateurs du niveau de vie, comme la mortalité infantile (qui est tombée de 18,8 ‰ en 1998 à 17,2 ‰ en 2002) ou l’espérance de vie (passée de 72,8 ans à 73,7 ans dans la même période) [15]. Si l’on tient compte du fait que l’année 2002 a été marquée par la pire crise qu’ait connue la présidence de Chávez, on peut s’attendre à ce que ces indicateurs s’améliorent encore davantage pour 2004.

Un autre indicateur très intéressant est celui du « Latinbarometer » [16] , étude annuelle menée avec l’appui de la Banque interaméricaine de développement, la Banque mondiale et plusieurs gouvernements latino-américains. Selon cette étude, le soutien à la démocratie soit a diminué, soit est resté le même dans presque tous les pays d’Amérique latine. Le seul pays où il y a eu une augmentation significative du soutien de la population à la démocratie est le Venezuela, qui occupe ainsi la deuxième place dans la région, avec un soutien de 74%. Un soutien qui, pendant la présidence de Chávez uniquement, a augmenté de 14%, c’est-à-dire près de quatre fois plus qu’au Honduras, deuxième pays ayant connu la plus forte augmentation (4%) du soutien de la population à la démocratie pendant la même période.

Certes, une telle augmentation peut être attribuée à toute une série de facteurs et ne reflète pas nécessairement le degré de contentement des Vénézuéliens vis-à-vis de leur démocratie. Toutefois, les analystes de Latinbarometer font le commentaire suivant : « La preuve de la transformation de la culture politique vénézuélienne que le gouvernement de M. Chávez a suscitée réside dans le fait que le Venezuela est le pays d’Amérique latine où il y a le moins de gens qui pensent que le pays est gouverné pour une minorité et où le plus de gens estiment que le pays est gouverné pour le bien du peuple ». Ainsi, 51% de la population vénézuélienne pense que le pays est gouverné pour servir les intérêts des plus puissants. Mais au Pérou, cette proportion atteint 85%.

Par ailleurs, en matière de satisfaction vis-à-vis de la démocratie, le Venezuela n’arrive qu’après l’Uruguay et le Costa Rica, 42% des Vénézuéliens s’estimant satisfaits de leur démocratie, contre 45% d’Uruguayens et 48% de Costaricains. De plus, le Venezuela a connu la plus forte augmentation de satisfaction envers la démocratie pendant la présidence de Chávez, passant de 35% à 42% en cinq ans.

Qu’est-ce qui a suscité cette plus grande satisfaction des Vénézuéliens envers leur démocratie et leur soutien accru à ce système politique ? La réponse à cette question a plus que certainement à voir avec les politiques du gouvernement de Chávez de promouvoir la « démocratie participative », qui ont permis à nombre de citoyens, mais surtout les pauvres, de se sentir plus que jamais auparavant inclus dans la démocratie. Autrement dit, et contrairement aux affirmations de l’opposition, le gouvernement de Chávez a en réalité multiplié les possibilités de participer à la démocratie, par la nouvelle Constitution de 1999. Par exemple, en plus d’une grande variété de référendums, la société civile se voit attribuer un rôle important dans la nomination de juges et de divers fonctionnaires publics. Les assemblées locales de citoyens jouissent d’un statut constitutionnel et peuvent donc obliger les fonctionnaires locaux à rendre des comptes. Les conseils locaux de planification jouent aussi un rôle important dans la gouvernance locale, sur la base du modèle que l’on retrouve à Porto Alegre, Brésil. Ces mesures, et d’autres, donnent au Vénézuélien ordinaire un sens accru de participation dans son gouvernement.

Dans le cas du référendum, ce plus grand sens de participation signifie que les pauvres sont allés voter en beaucoup plus grand nombre que jamais. Et les électeurs d’opposition pensaient eux aussi qu’il y avait beaucoup en jeu, nombreux étant ceux qui étaient convaincus que Chávez menait le pays vers le « castro-communisme ». La conséquence en fut une participation massive le jour du référendum. Statistiquement parlant, cette participation de 70% de l’électorat n’a peut-être pas atteint des records historiques, en termes de pourcentage des électeurs inscrits et allant voter. Toutefois, il faut garder à l’esprit que le pourcentage d’électeurs inscrits au registre électoral a bel et bien atteint un record historique, avec 53% de la population totale du pays (ou environ 87% de la population en âge de voter). Comparée à la dernière élection présidentielle (où 6,3 millions de Vénézuéliens ont voté), la participation en chiffres a donc augmenté de 55%, avec 9,8 millions d’électeurs ayant voté. Et ce, en quatre ans à peine.
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