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 REVUE DE PRESSE D'AGNES GRUDA 43

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mihou
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mihou


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13032006
MessageREVUE DE PRESSE D'AGNES GRUDA 43

Slobodan Milosevic: le grand perdant

Gruda, Agnès

Nous sommes à La Haye, au premier jour du procès de Slobodan Milosevic- le premier chef d'État jamais jugé par un tribunal international.

En ce matin de février 2002, les procureurs du Tribunal international pénal pour l'ex-Yougoslavie se relaient pour tracer le portrait d'un dictateur sans scrupules qui, de la Slovénie au Kosovo, en passant par la Croatie et la Bosnie, a entraîné son peuple dans quatre guerres fratricides.

" Tout, chez l'accusé Milosevic, est un instrument au service de sa quête de pouvoir ", tranche la procureure générale, Carla del Ponte.

Derrière la vitre qui l'isole des dizaines de journalistes venus assister à ce procès historique, l'accusé affiche un air placide.

Vêtu d'un complet sombre, d'une chemise bleue et d'une cravate à rayures, il prend parfois quelques notes, avant de reposer son crayon et de jeter devant lui un regard vide.

Puis les procureurs font jouer la bande vidéo d'un discours qu'il a prononcé 14 ans plus tôt dans une petite bourgade du Kosovo, face à un public en délire. Devant ces images, le visage de Slobodan Milosevic s'illumine tout à coup d'un large sourire. Comme on sourit quand on pense à nos plus beaux souvenirs.

Les plus belles années

En cette journée de printemps en 1987, Slobodan Milosevic amorce les plus belles années de sa vie. À l'époque, il n'est encore qu'un terne bureaucrate du Parti communiste yougoslave. La Yougoslavie constitue encore une fédération de six républiques, l'un des pays les moins répressifs derrière le rideau de fer. Et Le Kosovo n'est qu'une région pauvre et méconnue du sud de la Serbie, habitée principalement par des Albanais.

C'est ce jour-là, le 24 avril 1987, que tout bascule. Et que Slobodan Milosevic se construit le tremplin qui va le projeter vers le pouvoir. " Personne n'a le droit de frapper notre peuple, plus jamais on ne vous frappera ", martèle-t-il du haut d'un balcon devant 15 000 manifestants agressifs, issus de la minorité serbe du Kosovo.

Ce jour-là, les Serbes ont célébré la " grand-messe " de leur nationalisme, selon les mots de Peter Leuprecht, juriste montréalais qui a suivi de près la désagrégation de la Yougoslavie. Et la grand-messe avait son prêtre: Slobodan Milosevic.

Pour " l'accusé Milosevic ", les images de Kosovo Polje évoquent ses premiers jours de gloire. Pour les procureurs de La Haye, et pour une majorité de ceux qui ont survécu aux guerres des Balkans, elles constituent plutôt le premier signe annonciateur de l'enfer.

Un enfant triste

Au départ, rien ne prédisposait Slobodan Milosevic à devenir un grand tribun. À l'époque où il lance ses phrases incendiaires, il a 45 ans et tente, tant bien que mal, de grimper les échelons de la nomenklatura communiste, où on l'affuble d'un surnom plutôt condescendant: " le petit Sloba ". Pas de quoi enflammer les foules...

Quand il était vraiment petit, " Sloba " a vécu une enfance triste et solitaire. Né en 1941 dans la petite ville serbe de Pozarevac, il était un enfant taciturne qui détestait l'activité physique. Au moment où les garçons de son âge jouent au ballon, il préfère s'enfermer pour lire les oeuvres de Lénine. Premier de classe, il inspire les moqueries, c'est le nerd par excellence.

Son enfance est surtout marquée par la santé mentale fragile de son père- un prêtre orthodoxe en guerre contre le monde entier. Cet homme étrange prêche parfois devant des rangées de stèles qui ressemblent à des hommes en marche. Et c'est devant ce public de pierre qu'il se tire un jour une balle dans la tête, alors que son fils Slobodan est âgé de 21 ans. Sa mère se suicidera quelques années plus tard.

Un événement viendra éclairer cet univers sombre: sa rencontre avec Mira Markovic, avec qui il vivra une relation fusionnelle et qui le poussera à voler vers le pouvoir.

Sa piste de décollage: le nationalisme serbe. " Slobodan Milosevic a utilisé le nationalisme pour remplacer l'idéologie communiste ", dit Reneo Lukic, professeur au département d'histoire de l'Université Laval et auteur de L'Agonie yougoslave.

Après le discours de Kosovo Polje, Slobodan Milosevic est devenu un nouvel homme, selon Florence Hartmann, auteure d'une biographie de l'ancien maître des Balkans. " Ceux qui le côtoyaient observèrent alors chez lui un véritable changement psychologique ", écrit-elle dans son livre.

Gonflé à bloc par ce nouvel élan, Milosevic accède à la présidence serbe en 1989, puis à la présidence de la fédération yougoslave. Il adopte une série de mesures pour asseoir le pouvoir central à Belgrade. En 1991, la Slovénie et la Croatie déclarent leur indépendance. Et l'armée yougoslave vole soi-disant au secours des minorités serbes en Croatie, puis en Bosnie, puis au Kosovo.

" Plus jamais on ne vous frappera ", scande régulièrement le grand leader de cet empire en miettes.

Slobodan Milosevic finira par perdre toutes ses guerres. En octobre 2000, il est évincé du pouvoir de la République fédérale yougoslave- qui n'est plus composée que de la Serbie et du Monténégro. Et en mars 2001, il est arrêté à Belgrade.

Toujours populaire

Pendant quatre ans, Slobodan Milosevic s'est défendu seul, sans avocat, des accusations de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide pour le rôle qu'il a joué dans trois conflits: en Croatie, en Bosnie et au Kosovo.

Méthodique, il arrivait au tribunal avec sa mallette, prenait des notes et contre-interrogeait impitoyablement les témoins de l'accusation. Arrogant, il se plaisait à défier le tribunal. Au début du procès, il refusait de mettre les écouteurs pour entendre les témoignages. Il a fallu installer des haut-parleurs dans la salle d'audience, et il s'amusait à demander qu'on monte le volume- ce qui dérangeait tout le monde.

Avec le temps, les médias ont fini par bouder cet interminable procès. Mais Slobodan Milosevic jouait son rôle de héros pour un autre public: son peuple. Rediffusées à Belgrade, ses prestations devant le tribunal de La Haye lui ont valu de rester vivant dans le paysage politique yougoslave.

C'est en bonne partie grâce à ce procès inachevé que Slobodan Milosevic, l'homme qui a perdu toutes ses batailles, continue à exercer un ascendant sur son peuple, estime Reneo Lukic. " Ce procès a prolongé son rayonnement, c'est une véritable catastrophe ", juge-t-il.

C'est peut-être aussi ce qui risque d'arriver avec le procès de Saddam Hussein- qui lui aussi s'amuse à défier le tribunal à Bagdad.
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