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 REVUE DE PRESSE D'AGNES GRUDA 38

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mihou
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13032006
MessageREVUE DE PRESSE D'AGNES GRUDA 38

Pauvreté: un portrait montréalais
Les jeunes familles écopent

Gruda, Agnès

Qui sont ceux qui luttent pour joindre les deux bouts? Quelles sont leurs réalités? D'Hochelaga-Maisonneuve à Parc-Extension, des immigrés aux universitaires qui sortent de l'école avec 45 000$ de dettes et un enfant à élever, la pauvreté à Montréal prend de multiples visages. Suite et fin de notre dossier sur la pauvreté.

Autrefois, la pauvreté frappait durement les vieux. Aujourd'hui, elle touche surtout les jeunes familles. Coup d'oeil sur une réalité qui a changé de visage.

Elle a 27 ans, il en a 30. Elle vient de la Gaspésie, lui de Val-d'Or. Elle a étudié en communications, lui en histoire. À eux deux, ils ont cumulé une belle variété de petits boulots- ces jobines qui permettent aux étudiants de colmater les brèches budgétaires entre deux chèques de prêts ou bourses.

Ce qu'ils ont aimé le plus, c'est de travailler comme guides auprès de touristes français, ce qui les amenait à quitter Montréal pour des périodes de trois ou quatre mois. Mais il a aussi été vendeur dans un magasin de plein air. Elle a bossé comme secrétaire à La Ronde.

Ils ont voyagé un peu, bien sûr. Finalement, Isabelle Gagné et Alain Rousseau avaient déjà bien entamé la vingtaine lorsqu'ils ont fait, peu de temps après s'être rencontrés, le grand plongeon dans la vie adulte.

À mesure que le ventre d'Isabelle s'arrondissait, son angoisse enflait également. Comment allaient-ils pouvoir faire vivre une famille, eux qui n'avaient ni emplois stables, ni économies? Eux qui, surtout, amorçaient leur décollage familial chargés d'un lourd fardeau: des dettes d'études totalisant 45 000 $?

" Nous partons dans la vie avec un gros boulet ", explique Isabelle, qui a passé sa grossesse à fouiller les programmes gouvernementaux à la recherche d'un miracle: une aide conçue pour des jeunes familles comme la sienne. " Mais les programmes sont faits pour des familles très pauvres, nous ne sommes pas dans la misère, on ne fittait nulle part ", a vite constaté la jeune femme.

Or, sans être dans la misère, Isabelle et Alain en ont arraché. La location d'un cinq pièces, rue Saint-Urbain, près de Van Horne, grugeait 790 $ dans leur budget déjà passablement serré. Il y avait toutes ces choses à acheter pour le bébé. Et surtout, cette montagne de dettes. Cet insurmontable Himalaya...

" Je n'arrive pas à voir comment on va faire pour rembourser ces 45 000 $. J'en ai stressé au point de ruiner ma santé. Comment ferons-nous pour arriver? Et on va faire quoi, si on veut deux ou trois enfants? " se demande toujours Isabelle.

Isabelle et Alain- qui sont aujourd'hui parents de Matisse, une fillette de 18 mois- ne sont pas les seuls à envisager l'avenir avec une dose d'inquiétude. Toutes les études le démontrent: la situation matérielle des jeunes familles s'est dégradée au fil des ans. Qu'ils soient décrocheurs ou bardés de diplômes, les jeunes adultes éprouvent plus de difficulté que leurs parents à tisser leur nid familial.

Les plus instruits finiront par s'organiser, voire par se tailler une place enviable. Mais ils sont plus nombreux qu'autrefois à fonder leur famille à un moment où ils possèdent trois fois rien et où ils ne gagnent que des grenailles. Acheter une maison? Une auto neuve? Pour de plus en plus de jeunes familles, c'est un rêve hors d'atteinte.

En 1977, 17 % des familles québécoises dont le principal soutien n'ont pas passé le cap de la trentaine devaient se débrouiller avec des revenus qualifiés de faibles. En 1997, elles étaient 27 %. Plus d'une sur quatre.

En 20 ans, la proportion de jeunes familles coincées au bas de l'échelle a donc bondi de 60 %. Pendant la même période, la situation matérielle des personnes âgées s'est améliorée de façon spectaculaire: la proportion de familles vivant avec de faibles revenus a chuté chez les 55 ans et plus, passant de 27 % à 9 %.

" La situation des jeunes inquiète ", constate sans hésiter Sylvie Jean, économiste au Bureau de la statistique du Québec.

Le sociologue Simon Langlois, de l'Université Laval, appelle ça " l'effet de génération ": aujourd'hui, il faut plus d'argent pour s'acheter une maison plus chère. " Les salaires sont relativement moindres, les dépenses relativement plus élevées ", constate-t-il. Autrefois, la situation des familles s'améliorait d'une génération à l'autre. Ce n'est plus vrai.

Louise Ouimet, du Groupe d'entraide familiale du quartier de la Petite Patrie, à Montréal, mesure tous les jours l'impact de cet appauvrissement.

" Le pourcentage de mères en difficulté a augmenté dans notre quartier ", confie-t-elle. De plus en plus sollicitée pour de l'aide matérielle, son organisation a dû ajouter de nouvelles formes de dépannage: bons d'épicerie ou de pharmacie, par exemple.

Ce phénomène n'est pas propre au Québec. Les difficultés des jeunes familles sont encore plus aiguës dans le reste du Canada - surtout là où les programmes sociaux ont été " détricotés " au cours des dernières décennies.

Les écarts se creusent

Les statistiques sont impitoyables. L'écart salarial entre nouveaux et anciens employés s'est creusé depuis 20 ans, selon Statistique Canada.

Les premiers à écoper sont les jeunes hommes peu scolarisés. En 1986, 48 % des hommes de 17 à 24 ans occupaient des emplois faiblement rémunérés. En 2004, c'était 60 %.

Le taux de syndicalisation des nouveaux emplois masculins au Canada est passé de 38 % à 18 % entre 1981 et 1998. Et les emplois deviennent de plus en plus précaires. En 1989, 11 % des nouveaux employés avaient des postes temporaires. En 2005, c'était 21 %.

" Les jeunes hommes ont vu leurs revenus baisser, surtout ceux qui n'ont pas terminé leur secondaire ", dit l'économiste René Morrissette, de Statistique Canada.

" Jusqu'aux années 80, on pouvait faire vivre une famille avec un diplôme de cinquième secondaire. Aujourd'hui, il faut un diplôme universitaire pour devenir un simple agent d'assurances ", note Simon Langlois.

Au bas de l'échelle

Prenez Denis Desjardins, un jeune homme de 25 ans qui a décroché avant d'avoir terminé son secondaire. Il a vécu à la dure, alignant des emplois payés au salaire minimum. Il a déchargé des camions, lavé des autos pour sept petits dollars l'heure.

Mais avec sa blonde et son petit bébé de quelques mois, cette vie est devenue impossible. " On ne fait que survivre, aujourd'hui ça prend un secondaire 5 pour courir derrière un truck et ramasser les poubelles ", découvre Denis.

Casquette rouge vissée sur la tête, t-shirt noir avec le mot fuck lui barrant la poitrine - signe de son passé de révolte - Denis Desjardins a entrepris l'automne dernier une formation en " animalerie " offerte par Intégration Jeunesse, un organisme qui aide les jeunes sans diplôme à se tailler une place sur le marché du travail.

À court terme, cette formation pourrait lui permettre de travailler dans une animalerie. Plus tard, le jeune homme aimerait se spécialiser dans le dressage canin, ce qui lui ouvrirait la porte vers des emplois plus rémunérateurs.

" Il y a encore une dizaine d'années, il était facile de placer les jeunes sans diplôme comme magasiniers dans un entrepôt, par exemple. Mais avec l'automatisation, ces emplois ont disparu ", constate Catherine Bédard, conseillère en emploi à Intégration Jeunesse.

Sans formation, ces jeunes sont réduits à travailler comme pompistes ou serveurs chez McDo, à des salaires faméliques. " Le salaire minimum a peu augmenté, le coût de la vie a explosé. Sollicités par la consommation, les jeunes nous arrivent criblés de dettes. Avec une famille, ils n'y arrivent pas ", dit Catherine Bédard.

La vie adulte décalée

À l'autre bout du spectre, chez ces jeunes qui, comme Isabelle et Alain, ont prolongé leur séjour sur les bancs de l'école, l'atterrissage sur le marché du travail reste cahoteux. Surtout parce qu'il coïncide avec l'âge où on commence à faire des enfants.

Les jeunes étudient plus longtemps qu'autrefois, passent moins de temps sur le marché du travail et possèdent donc moins d'épargnes au moment de se lancer dans la vie familiale, constate Statistique Canada dans une étude sur l'inégalité de la richesse publiée en 2002.

En 1984, la valeur nette médiane (ce qui nous reste une fois que l'on a tenu compte de toutes les dettes) des 25 à 34 ans se chiffrait à 44 000 $. En 1999, ce n'était plus que 30 800 $. En dollars constants, donc en tenant compte de l'inflation, c'est un recul de 30 %. Pendant la même période, le nombre de familles qui affichent carrément un bilan négatif a bondi de 10 % à 16 %.

Cet appauvrissement s'explique de deux façons, dit René Morrissette, économiste à Statistique Canada. " Les jeunes hommes qui ne vont pas à l'école voient leurs possibilités d'emploi diminuer. Quand ils décrochent un emploi, leurs conditions de travail sont moins bonnes qu'autrefois. Et ceux qui étudient longtemps retardent leur entrée sur le marché du travail, donc leurs capacités de gagner un bon revenu et d'accumuler des biens. "

C'est ce que l'économiste John Myles appelle le postponed adulthood - la vie adulte décalée. Les jeunes adultes prennent leur temps. Ils entreprennent un deuxième bac, voyagent, font une maîtrise. Mais la biologie n'a pas suivi ces changements sociologiques, constate avec humour ce professeur de l'Université de Toronto. Et l'entrée dans la vie professionnelle coïncide de plus en plus souvent avec les débuts de la vie de famille.

Pour plusieurs, ce ne sera qu'un difficile moment à passer. Voyant poindre ses nouvelles responsabilités familiales, Alain Rousseau a entrepris une formation de charpentier. Il venait tout juste de la terminer quand il a décroché un contrat de trois mois dans le Limousin, en France.

Pendant ce temps, Isabelle, tout en poursuivant sa maîtrise, multipliait les demandes d'emploi dans son domaine, les communications. Au retour de France, la famille s'installera peut-être dans le Bas-du-Fleuve, ou en Gaspésie, selon les emplois accessibles. Le mur des 45 000 $ de dettes paraît toujours aussi haut. Mais ils ont commencé à l'escalader...


Illustration(s) :

Isabelle Gagné et Alain Rousseau, avec leur petite fille, Matisse, déménagent en France. Mais ce n'est qu'un répit...
Denis Desjardins et Marie-Claire Soucy suivent une formation en " animalerie ", donnée par Intégration Jeunesse. On les voit ici pendant un cours sur les rongeurs.
[Image, tableau]
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