TURKMÉNISTAN
Illégal, le play-back
Il a rebaptisé des rues, des villages et même les mois du calendrier à son nom. Il a fait construire une statue en or à son image. Et voilà que le très mégalo Saparmourat Niazov, dictateur absolu du Turkménistan, vient d'interdire l'utilisation d'enregistrements musicaux lors de concerts, à la télé, et même lors de mariages... sous prétexte que cela nuit au développement de la musique! Suggestion: pourquoi ne pas rebaptiser ce pays Absurdistan ?
ILS, ELLES ONT DIT...
Économe
"Cela serait beaucoup moins cher que de déclencher une guerre... et je ne pense pas que les livraisons de pétrole cesseront."
- Le télévangéliste américain PAT ROBERTSON, appelant à l'assassinat du président du Venezuela, Hugo Chavez.
Prudent
"Le fait de se lever fait partie d'un rituel satanique. J'ai peur que mon esprit soit placé sous l'influence de facteurs auxquels je ne saurai échapper."
- Le leader ultra-nationaliste serbe VOJISLAV SESELJ, refusant de se plier au protocole du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, où il témoigne en faveur de l'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic.
Impassible
"C'était un oeuf de quelle qualité: biologique ou issu des batteries industrielles?"
- JOSCHKA FISCHER, ministre des Affaires étrangères et chef des verts allemands, après avoir été éclaboussé par l'oeuf d'un manifestant. Écolo en toutes circonstances.
EN HAUSSE... EN BAISSE
- ARIEL SHARON
Le premier ministre israélien a remporté son audacieux pari avec l'évacuation, plus rapide que prévue et en (relative) douceur, des colonies juives de la bande de Gaza. Mieux, le vieux guerrier passe désormais pour un pacifiste. Mais personne n'ose prédire ce qui suivra: la paix ou les bombes ?
- ANDREAS GRASSL
Après quatre mois de mutisme, "Piano Man" a levé le voile sur son mystère: loin d'être amnésique, le "virtuose" retrouvé errant sur une plage du sud de l'Angleterre a finalement avoué être un Allemand de 20 ans homosexuel et suicidaire. Comble de la déception, M. Grassl serait incapable d'aligner deux notes au piano !
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L'espoir de Gaza
Gruda, Agnès
Il y a des gens qui rêvent, ces jours-ci, dans la bande de Gaza. Prenez Basel Jabbar, responsable des serres agricoles qui appartenaient jusqu'à tout récemment aux colons juifs.
Contrairement à leurs bungalows, qui seront rasés jusqu'à la dernière brique, les serres des colons demeureront intactes. Elles ont été transférées à la compagnie palestinienne PalTrade, où travaille M. Jabbar.
L'évacuation des derniers irréductibles n'était pas encore tout à fait terminée que PalTrade concluait déjà un premier contrat d'exportation pour les fruits et légumes qu'elle fera pousser dans les anciennes serres des colons.
Basel Jabbar jubile. Les nouvelles plantations seront achevées d'ici le 29 septembre, a-t-il confié au journal israélien Haaretz. À temps pour espérer une première récolte en novembre.
Les 3800 Palestiniens qui travaillaient au service des colons conserveront leur emploi. Mais PalTrade compte agrandir les serres et recruter de nouveaux employés, pour injecter jusqu'à 100 millions de dollars dans l'économie famélique de Gaza.
Ce n'est pas le moindre mérite du retrait orchestré avec un succès inespéré par Ariel Sharon que d'avoir permis aux Palestiniens de Gaza de recommencer à rêver. Certains imaginent déjà les lieux de villégiature qui pousseront sur les plages de sable blond qui longent la Méditerranée. D'autres ont hâte d'emménager dans les maisons qui doivent être construites sur les terres des anciennes colonies.
Si les conditions de vie des Palestiniens s'améliorent, les jeunes auront d'autres perspectives que de tirer des roquettes sur Israël ou de s'enrôler chez les islamistes radicaux, osent souhaiter les plus optimistes. Au point, peut-être, de renverser la dynamique de la terreur et de relancer un véritable processus de paix.
Mais l'espoir soulevé par le retrait historique des colons juifs de Gaza pousse dans un champ de mines. Il existe, il est palpable... mais il est aussi extrêmement fragile.
Quelques jours avant le début de l'évacuation, un analyste palestinien de passage à Montréal, Khalil Shikaki, exposait les trois facteurs sans lesquels la grande manoeuvre d'Ariel Sharon ne serait qu'un pétard mouillé, conduisant fatalement à une reprise des hostilités.
Premièrement, le leader palestinien Mahmoud Abbas doit réussir à mettre le départ des colons à son crédit. Autrement, l'opinion publique palestinienne risque de l'attribuer aux attaques armées et en conclure qu'il faut poursuivre dans cette voie.
Deuxièmement, les habitants de Gaza doivent constater rapidement que leur vie s'améliore, qu'ils peuvent se rendre en Cisjordanie ou en Égypte, qu'on construit des maisons, un port, voire un aéroport. Bref que la prison occupée par Israël ne s'est pas transformée en une prison... encerclée par Israël.
Enfin, mentionnait M. Shikaki, Ariel Sharon ne doit pas se servir de son succès à Gaza pour se lancer dans une colonisation effrénée en Cisjordanie.
Ces critères peuvent-ils être remplis? Il est trop tôt pour en juger. Il y a bien quelques signaux encourageants. L'armée israélienne doit se retirer du passage de Rafah, à la frontière de Gaza et de l'Égypte, par exemple. Et puis, les appels au calme de Mahmoud Abbas ont bel et bien été entendus pendant les journées d'évacuation.
Mais d'autres signaux donnent, hélas, raison aux plus pessimistes. Ariel Sharon ne s'est jamais caché de son intention de garder l'essentiel des colonies juives en Cisjordanie.
Aurait-il tenu un autre discours qu'il n'y aurait sans doute pas survécu politiquement. Mais devait-il absolument profiter du moment où les yeux du monde étaient braqués sur Gaza pour émettre les premiers avis d'expropriation de terrains proches de Maale Adoumim, une implantation juive en Cisjordanie, à une vingtaine de kilomètres de Jérusalem ?
Sharon a besoin de ces terres pour prolonger la barrière de sécurité, qui s'enfoncerait jusqu'à 25 kilomètres à l'intérieur des territoires occupés. Il entend aussi agrandir Maale Adoumim jusqu'à ce que ses frontières rejoignent celles de Jérusalem.
Washington s'est opposé à ce plan qui couperait la Cisjordanie en deux et rendrait la vie des Palestiniens encore plus pénible. Mais Sharon mise probablement sur les gallons qu'il a gagnés à Gaza pour décrocher quelques passe-droits.
Bien sûr, Israël n'est pas le seul danseur dans le tango meurtrier du Proche-Orient. Et l'Autorité palestinienne a son rôle à jouer pour améliorer la vie de son peuple et contrôler les extrémistes.
Mais Israël ne peut pas se contenter de dire "Au revoir, et maintenant débrouillez-vous" aux gens de Gaza... pour ensuite relancer la colonisation de la Cisjordanie. Dans ce cas de figure, tout l'espoir né du retrait historiques de Gaza ne pourrait que se dégonfler dans un grand fracas.
agruda@lapresse.ca
Malgré les efforts, l'Amérique enfle
Les mesures de lutte contre l'obésité n'arrivent pas encore à endiguer le fléau
Gruda, Agnès
L'an dernier, l'État de l'Arkansas a décidé d'offrir des réductions de primes d'assurance santé à ses employés lorsqu'ils participent à un programme de perte de poids. Depuis un an, quatre États américains ont adopté des lois qui permettent aux écoles de mesurer l'indice de masse corporelle de leurs élèves. Récemment, l'Arizona et l'Oklahoma se sont ajoutés aux 17 États qui limitaient déjà l'offre de malbouffe dans les écoles.
Un an après la sortie du film Supersize Me, qui braquait les projecteurs sur l'obésité galopante aux États-Unis, les initiatives visant à couper dans le gras se multiplient de l'Atlantique au Pacifique.
Mais en dépit de cette mobilisation, l'Amérique enfle. Entre 2003 et 2004, la proportion d'adultes obèses a augmenté dans 48 des 50 États américains. À l'échelle du pays, le taux d'obésité dans la population adulte est passé de 23,7 à 24,5% en un an. Et si la tendance se maintient, en 2008, près des trois quarts des Américains seront ou trop gros, ou carrément obèses.
Ces données proviennent d'une étude publiée cette semaine par le Trust for America's Health, organisme à but non lucratif voué à la promotion de la santé. Pour la deuxième année de suite, ses chercheurs ont comparé les données recueillies par les centres de contrôle des maladies des 50 États américain et les ont classés en fonction de leur poids.
Selon ce nouveau "tour de taille" des États-Unis, 10 États comptent plus de 25% d'obèses. Dans l'ensemble du pays, près des deux tiers des adultes ont un excès de poids suffisant pour leur causer des ennuis de santé. Et même dans les États les plus "minces", comme le Colorado, le Vermont ou le Massachusetts, la majorité des adultes sont tout simplement trop gros.
L'étude du Trust for America's Health compile des statistiques obtenues au moyen de sondages téléphoniques réalisés dans chacun des États. Comme la plupart des gens ont tendance à sous-estimer leur poids, les résultats de l'étude tombent un peu en deçà de la réalité. Selon d'autres estimations, fondées sur des examens physiques, c'est 30% des Américains qui sont affligés d'un indice de masse corporelle de 30 ou plus, ce qui les classe dans la catégorie des personnes obèses.
L'intérêt de la nouvelle étude tient surtout aux comparaisons entre États. Ainsi qu'à ce constat implacable: quoi que l'on fasse, les Américains prennent du poids. "Si cette tendance se poursuit, elle aura des conséquences graves tant sur la santé des gens que sur les finances publiques", avertit Michael Earls, l'un des deux auteurs du rapport.
Poids lourd, poids plume
Le Mississippi a un faible pour la mud pie, une tarte qui mélange préparations pour gâteaux, crème fouettée industrielle et fromage à la crème.
Cette diète s'avère fatale pour cet État du Sud, qui enregistre à la fois le taux d'obésité le plus élevé et la prise de poids la plus fulgurante: en un an, le taux d'obésité chez les adultes y est passé de 28,1 à 29,5%.
En comparaison, l'État le plus mince est le Colorado, qui ne compte que 16,8% d'obèses, même si la majorité de sa population adulte (53%) y dépasse le poids santé.
Cet écart se reflète dans la fiche santé des deux États. Au Mississippi, près d'un adulte sur 10 souffre de diabète- l'incidence la plus élevée de tous les États-Unis. Et plus du tiers des adultes vivant dans cet État souffrent d'hypertension.
À l'autre bout du spectre, 4,3% des adultes vivant au Colorado sont diabétiques et un peu moins de 20% sont victimes d'hypertension. Excès de poids et gros bobos: la corrélation est on ne peut plus claire.
La géographie du gras
À quelques exceptions près, les États les plus joufflus se trouvent dans le sud-est du pays. Les plus minces, plutôt dans le nord et l'ouest. Comment expliquer ces différences? "L'obésité est un phénomène complexe qui dépend de plusieurs facteurs", prévient Michael Earls. Il cite les différences culturelles: la cuisine du Sud est traditionnellement plus grasse et plus riche, par exemple.
Il y a aussi des facteurs socio-économiques: la ceinture de gras se loge là où vivent les gens les plus pauvres. Or, constate l'étude du Trust for America's Health, les quartiers et les villes les plus pauvres comptent moins de grandes épiceries. On y trouve des choix alimentaires moins variés. Et quand on en trouve, les fruits et légumes y coûtent beaucoup plus cher.
Et puis on n'y échappe pas: il y a aussi l'activité physique. "Le Colorado et l'Oregon priorisent depuis longtemps l'activité physique, il y a des pistes cyclables et des sentiers de jogging, on a aménagé des centres récréatifs un peu partout et les gens vont travailler à vélo", dit Michael Earls. Une habitude de vie qui se reflète directement sur la balance.
Longtemps, l'obésité a laissé les pouvoirs publics indifférents, déplore M. Earls. Dans son rapport, il répertorie les initiatives antipoids lancées dans les 50 États américains. Cela va des limites imposées à la restauration rapide et aux boissons gazeuses riches en sucre dans les écoles jusqu'à l'activité physique en classe (obligatoire partout sauf au Dakota du Sud) ou à la taxation du junk food, une mesure en vigueur dans 18 États américains.
Mais la vaste majorité de ces initiatives sont récentes et n'ont pas encore produit de résultats palpables.
Ainsi, ce n'est que l'an dernier que l'État de l'Arkansas a déclenché une offensive tous azimuts contre le gras. L'État s'est fixé des objectifs précis. La proportion d'adultes qui pratiquent au moins 30 minutes d'exercice trois fois par semaine doit passer de 15 à 30%. Le taux d'adultes obèses doit passer de 23 à 15%. Le programme prévoit offrir des encouragements fiscaux pour promouvoir la santé, des programmes sur les lieux de travail et même des rencontres avec des diététistes.
Le gouverneur de l'État, Mike Huckabee, est le grand instigateur de ce plan, qu'il défend sur toutes les tribunes. Il faut dire que, il y a quelques années, les médecins lui ont dit qu'à force de grossir il finirait par se tuer. Depuis, il a perdu 40 kg. Et a mis ses concitoyens au régime...
L'ÉTAT LE PLUS GROS : LE MISSISSIPPI
65,5% des adultes souffrent d'embonpoint ou d'obésité
29,5% sont obèses
9,6% souffrent de diabète
33,4% souffrent d'hypertension
L'ÉTAT LE PLUS MINCE : LE COLORADO
52,9% des adultes souffrent d'embonpoint ou sont obèses
16,8% sont obèses
4,5% souffrent de diabète
19,8% souffrent d'hypertension
La faim et les moyens