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 L'Afrique a besoin d'énergies renouvelables

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mihou
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mihou


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Localisation : Washington D.C.
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04112005
MessageL'Afrique a besoin d'énergies renouvelables

Le Monde
Débats, jeudi 23 juin 2005, p. 15

HORIZONS DÉBATS
L'Afrique a besoin d'énergies renouvelables

Mersie Ejigu

LE premier ministre britannique, Tony Blair, a fait du développement en Afrique et du changement climatique mondial ses priorités pour la réunion du G8 qui se tiendra en Ecosse, en juillet. La façon dont seront abordées les questions d'énergie en Afrique sera capitale pour permettre au G8 de remplir ces deux objectifs.

L'Afrique a besoin d'avoir davantage accès à des sources d'éner-gies propres et renouvelables. Sa lourde dépendance envers les carburants fossiles, le bois de chauffe et le charbon de bois limite fortement son potentiel de développement économique et social, et va jusqu'à affecter sa survie.

Alors que les besoins en énergie du continent continuent de croître très rapidement sous la pression des facteurs démographiques et de l'urbanisation, ses ressources sont de plus en plus à la traîne.

Cela implique que l'Afrique passe des sources traditionnelles d'énergie à de nouvelles, améliore les économies d'énergie, exploite le potentiel peu exploré des énergies renouvelables et réduise sa dépendance envers les carburants fossiles.

Il faut reconsidérer le paradigme de l'énergie dans les négociations commerciales menées à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). La déclaration de Doha prévoit de commencer des discussions sur « la réduction ou -...- l'élimination des obstacles tarifaires et non tarifaires visant les biens et services environnementaux ». Pour tirer parti de ces discussions, l'Afrique doit mettre au point une stratégie liant commerce, environnement et énergie, pour se construire un avenir basé sur l'utilisation des technologies d'énergies propres.

Les possibilités sont là. Par exemple, bien que le continent ne compte que pour une faible partie de la production photovoltaïque mondiale (1,3 %), il pourrait en tirer des bénéfices beaucoup plus importants, car il a la plus grande quantité de radiation solaire moyenne par an : 95 % de la lumière solaire quotidienne supérieure à 6,5 kilowatt-heures par mètre carré tombent sur le continent africain pendant les mois d'hiver. L'énergie hydroélectrique, elle aussi, demeure sous-exploitée : moins de 5 % de la production prévue. Réduire le gaspillage énergétique (11,3 % comparés à la moyenne mondiale de 9,2 %) présente également un fort potentiel.

La première chose à faire est de développer, avec une direction politique explicite, une stratégie énergétique et commerciale globale, durable, qui aborde tous les sujets, y compris la recherche et la production, l'utilisation et l'investissement. Cela implique d'intégrer les énergies renouvelables dans les stratégies de réduction de la pauvreté mises en place avec le soutien des institutions de Bretton Woods et de l'ensemble des acteurs du développement international.

Deuxièmement, l'investissement dans la biomasse, cette source d'énergie dérivée des végétaux et des déchets animaux, doit être accru. Dans la plupart des pays d'Afrique, des années de dégradation du sol et de déforestation ont diminué la densité de la biomasse. Rares sont les pays qui se sont souciés de l'utiliser pour protéger la biodiversité de façon durable.

Il faut des investissements qui permettent de planter davantage d'arbres, de conserver les sols et l'eau et de promouvoir la rotation des cultures. Grâce à l'état d'avancement de la technologie, la ba- gasse de canne à sucre, un résidu de ce végétal, est probablement le produit le plus rapidement utilisable pour produire de l'éthanol en Afrique. Le sorgho sucré est aussi une option. Pour faire de l'éthanol cellulosique, une herbe graminée comme le panic érigé promet beaucoup : il résiste à la sécheresse et réclame moins d'apports que le maïs. Des investissements supplémentaires dans la technologie des biocarburants sont aussi nécessaires pour lancer la production de carburants à partir de cultures non alimentaires et de plantes qui appauvrissent moins les sols.

La troisième chose - la plus importante - est de mettre en place des politiques commerciales et fiscales pour promouvoir les énergies renouvelables, stimuler les partenariats privé/public et développer des marchés auxquels les consommateurs pourront facilement avoir accès pour se procurer les sources d'énergies renouvelables et les services utiles.

Renforcer les capacités de production d'énergies renouvelables, développer une politique commerciale et énergétique durable, mettre en place des mesures pour réduire la charge des coûts énergétiques élevés et promouvoir l'investissement dans les énergies renouvelables sont les axes de l'avenir pour l'Afrique.

Les perspectives qu'offrent les biocarburants au continent sont au coeur des discussions du séminaire tenu les 20 et 21 juin à Paris sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie, de la Fondation des Nations unies et du gouvernement brésilien. Son but était de définir plus clairement une structure d'échanges internationaux qui, accompagnée de mesures de politique intérieure, accentuera le rôle des bioressources dans une stratégie de développement réussie.

Nous comptons sur le G8 pour développer l'utilisation des nouveaux carburants et des cultures énergétiques en Afrique.


Note(s) :

MERSIE EJIGU est PDG de l'Alliance africaine pour l'environnement durable, basée en Ouganda. Il a été ministre du développement et de la planification, puis ministre de l'agriculture de l'Ethiopie.
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