L’EFFORT DE GUERRE ALLIEAvant
même leur entrée en guerre, les Etats-Unis s’engagent dans une
production intensive de matériel militaire ; en quelques mois, ils
deviennent, avec le Canada, « l’arsenal des démocraties ».Le Victory Program : un défi pour l’industrie américaineLancé en janvier 1942 par le Président Roosevelt, le Victory Program
entraîne les Etats-Unis dans une production de matériel militaire
jamais égalée. Tandis que des millions d’emplois sont créés, la
productivité augmente grâce à l’utilisation systématique de la
standardisation. La moitié de l’armement allié est produit pas les
Etats-Unis.
Les industries convertissent leur production : Ford et Chrysler
interrompent leur fabrication d’automobiles pour les particuliers au
profit de l’assemblage d’avions, de chars et d’automitrailleuses. Les
entreprises du bâtiment construisent désormais des chantiers navals. La
production est telle que le stockage devient un problème : le long des
routes et des voies ferrées, des milliers d’avions et de véhicules
militaires attendent leur départ pour le front. Dans le cadre de la loi
du prêt-bail, une grande partie du matériel fabriqué est envoyé aux
Alliés. Cette accélération de la production relance l’économie
américaine qui sort enfin de la crise dans laquelle elle était plongée
depuis 1929.
L’Angleterre aussi !Malgré les bombardements allemands, le Royaume-Uni a lui aussi
redéployé son industrie dans une production intensive de matériel
militaire. En raison du manque de main d’œuvre, les femmes participent
massivement à l’effort de guerre par leur présence dans les usines
d’armement. Plus de deux millions d’emplois sont créés, ce qui porte à
22 millions le nombre de Britanniques employés dans l’armée, dans la
défense civile et dans les usines.
La standardisationC’est dans le domaine de la construction navale que la
standardisation est poussée à son maximum. En 1939, trente-cinq
semaines sont nécessaires pour fabriquer un navire de guerre ; en 1942,
quinze semaines suffisent. La pénurie de matières premières entraîne
une utilisation fréquente du plastique et du caoutchouc et la
récupération est de mise dans tous les domaines. Par exemple, les
cabines en tôle des camions sont remplacées par des toits en toile ;
l’acier ainsi récupéré sert à fabriquer d’autres matériels.
Le Liberty ship Le
Liberty ship, ou navire de la Liberté, est un cargo chargé
de ravitaillement et de matériel destinés à l’Europe. Peu couteux et
rapide à construire, il devient le symbole de la puissance de
l’efficacité de l’industrie américaine. Le premier bateau a été
construit avant Pearl Harbour en deux cent quarante-quatre jours. En
août 1942, il ne faut plus que quarante-cinq jours pour assembler un
Liberty ship. Le record est même battu avec la construction d’un navire
en moins de cinq jours, mais la durée moyenne d’assemblage est de six
semaines. Grinçants, gémissants, les Liberty ships ont sillonné tous
les océans et affronté toutes les tempêtes, transportant à eux seuls
près de 75% de l’effort de guerre américain.
L’effort de guerre soviétiqueDe son côté, l’URSS, qui a transféré son potentiel industriel vers
l’est du pays poursuit sa production de guerre. L’opération Barbarossa
et l’invasion du pays ont fait chuter l’activité des industries, mais
le transfert de 1 500 usines vers l’Oural et la Sibérie relance la
production. La mobilisation du peuple russe est totale et les femmes,
devenues ouvrières à leur tour, représentent en 1945 plus de 50% de la
population active. Si, dès 1943, l’industrie soviétique produit autant
de matériel que celle du IIIe Reich, le pays a heureusement profité de
l’aide américaine qui, pendant les dix-huit premiers mois de la guerre,
a fourni tout le matériel indispensable à l’effort de guerre du pays.
« Buy war bonds » : l’effort de guerre des civilsLes gouvernements américain et canadien ont vite compris qu’il est
difficile de mobiliser la population en vue de produire un gigantesque
effort de guerre quand le territoire national n’est pas directement
menacé. Ayant recours à des campagnes d’affichage, ils valorisent le
travail des ouvriers et expliquent que, pour qu’un soldat soit
victorieux sur le front, il faut qu’à l’arrière la production militaire
soit suffisante et de bonne qualité. Le travail à l’usine est désormais
considéré comme un acte patriotique ; les femmes, particulièrement
concernées par cette propagande, sont fortement incitées à rejoindre
les usines d’armement. Les Etats encouragent la population à acheter
des war bonds, bons de guerre destinés à financer les programmes de
construction navale et d’armement.
Records de fabrication
Jeep : 1 minute et 20 secondes
Liberty ship : 4 jours, 15 heures et 25 minutes.
Atlas de la Seconde Guerre mondiale, Isabelle Bournier et Marc Pottier, Casterman, 2006