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 Le racisme dans les médias 3

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zapimax
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zapimax


Nombre de messages : 654
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Date d'inscription : 14/06/2005

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14092005
MessageLe racisme dans les médias 3

4. Les groupes les plus touchés : les réfugiés, les Noirs, les Arabes

Selon les auteurs cités, les réfugiés, les Noirs, les Arabes et les autochtones8, perçus tour à tour comme des fraudeurs, des propagateurs du SIDA, des fanatiques et des hypocrites seraient les plus touchés. Qu'on se souvienne de certains événements : les Tamouls de Terre-Neuve, en août 1986, « dépeints comme des menteurs, des faussaires, des profiteurs... » (Gusse, 1991 : 45); les porte-parole de la communauté noire, traités de « trous de cul » (Photo-Police, 1992) ; les Noirs associés à la criminalité, à la prostitution, à la drogue, à la violence, et dont les policiers et la population « en ont assez » (ibid.). L'image des réfugiés dépeinte par les médias serait généralement négative et stéréotypée (Gusse, 1991 : 92). Ils seraient souvent associés à l'illégalité, aux coûts sociaux, à la dépendance sociale, au désordre et à l'invasion (ibid. : 90-92). La législation à leur égard apparaîtrait dans les médias comme insuffisante, remise en cause ou violée (ibid.).

Les personnes interviewées pour la présente étude s'entendent aussi pour affirmer que la communauté arabo-musulmane est très préoccupée par l'image donnée d'elle dans les médias, notamment lors de la guerre du Golfe. Selon le Centre d'études arabes pour le développement (CEAD, 1993), l'information relative au monde arabe reposerait essentiellement sur deux paramètres : les conflits et l'islamisme politique. Dans son article traitant de l'impact et du rôle de l'information internationale sur le maintien ou le renforcement des stéréotypes à l'égard des Arabes, Antonius (1986) estime que les informations transmises apparaissent comme des constructions sociales de la réalité qui auraient des répercussions sur ces communautés. Selon Antonius, le processus de formation des images négatives s'effectuerait en trois étapes : une distorsion des faits, une généralisation et une cristallisation de cette image négative. Pour lui, les grands médias canadiens et américains méconnaissent la situation réelle des régions arabo-musulmanes9. Ce traitement particulier par les médias aurait des effets sur l'intégration des Canadiens d'origine arabe dans la société québécoise : d'un côté, certains tiendraient à « camoufler » leur identité arabe derrière leur origine nationale (marocaine, libanaise, égyptienne, etc.) et seraient peu attirés par des organisations qui s'affichent comme arabes, alors que d'autres, à l'inverse, seraient plutôt portés à critiquer cette image négative des Arabes et à « intervenir constamment sur ces dossiers ». Certains d'entre eux finiraient par être étroitement associés, voire confinés, à ces dossiers et à subir une certaine marginalisation (p. 128).

5. Conclusion : quelques hypothèses sur les processus de production du racisme à l'œuvre dans le secteur des médias

Des travaux existants, dégageons l'idée que les médias québécois ne sont pas à proprement parler racistes, ni d'ailleurs ouvertement antiracistes. La majorité des médias se situent en dehors de ces catégories lorsqu'ils produisent de l'information générale, des reportages, des séries télévisées ou bien encore des documentaires. Reste posée la question sur la part de responsabilité des médias dans la production ou la reproduction des préjugés racistes et des stéréotypes qui les alimentent. Si tel est le cas, est-ce par omission ou par commission, pour reprendre une thèse développée sur la police ? Les deux, affirment la plupart des auteurs spécialisés, qui soulignent la défaillance manifeste de quelques médias en généralisant leurs observations à l'ensemble de la profession. Or, il est impossible d'accepter totalement cette approche, car elle réduit le racisme à un problème de représentation, alors qu'il faut le ramener à ses dimensions sociales.

Le cas des émissions de radio avec tribune téléphonique, largement critiquées par les répondants et les professionnels du milieu, porte à croire que c'est en analysant le comportement des publics, et pas seulement celui des professionnels des médias, que l'on parviendra à cerner l'impact réel du discours médiatique. Une même information peut être perçue trop différemment par deux individus pour qu'un procès soit fait à son producteur. Par exemple, à partir des images sanglantes des événements du Rwanda d'avril 1994 et d'une thèse qu'il aurait fait sienne - selon laquelle la « race » noire est d'un caractère violent -, un individu peut dériver aisément vers des propos racistes. Un autre, qui a reçu la même information, peut retenir l'idée que ce pays se trouve dans une situation d'équilibre instable suite à la période coloniale ; il perçoit alors la responsabilité historique des Blancs dans la situation d'aujourd'hui qui conduit aux excès de la violence interethnique. Un commentaire tendancieux du journaliste favorisera bien entendu l'une ou l'autre de ces perceptions. Mais, précisément, si tel était le cas, ce commentaire serait rapidement mis en cause par d'autres médias.

Très vite, on s'aperçoit qu'en raison de l'abondante production médiatique, il est possible d'aller dans toutes les directions et surtout vers l'hypothèse de la participation à la production du racisme. Il est plus difficile, et pourtant probablement plus pertinent, d'envisager que les médias ne sont ni des producteurs de racisme ni des miroirs de la société, mais qu'ils ne maîtrisent finalement pas les usages de leur message. L'appauvrir, comme le suggèrent les tenants du Politically Correct, ne servirait qu'à amplifier ce travers. Il faut, à l'inverse, enrichir le message et prendre clairement l'option de la construction d'une éthique des médias qui aurait à intégrer les connaissances acquises en matière de réaction du public.

Par contre, il est indéniable que le racisme diffus se nourrit des informations les plus variées, des faits divers comme des événements à portée historique. Il appartient aux organismes antiracistes ou non-gouvernementaux, qui ont d'ailleurs commencé à le faire, d'intervenir dans le champ médiatique et de dénoncer tout manquement à l'éthique professionnelle des médias. L'État n'a pas à contrôler les médias. Ceux-ci répondent à une logique de marché qu'il convient tout au plus de rendre plus transparente en favorisant l'émergence de contre-pouvoirs.


Résumé

Dans ce chapitre, nous avons montré que les médias ne sont pas exempts des contradictions qui traversent la société et sont aux prises avec des objectifs commerciaux, des objectifs civiques et un souci d'objectivité qui peuvent s'opposer. Il existe clairement des cas isolés et récents de racisme explicite, notamment dans les journaux, et les émissions de radio avec tribunes téléphoniques sont perçues comme des espaces d'épanchement du racisme populaire. Plusieurs analyses recensées estiment que les médias contribuent involontairement à alimenter une perception à tendance raciste de certaines minorités, notamment des Noirs, des Arabes, des réfugiés et des autochtones, alors que les personnes interviewées se sont montrées plus nuancées à cet égard. Le débat actuel qui mobilise le milieu des médias porte surtout sur la sous-représentation des minorités et la responsabilité des professionnels, mais il apparaît urgent d'approfondir le comportement des publics, afin de cerner l'impact réel du discours médiatique dans la production du racisme et de l'antiracisme.

1 Rappelons à cet égard la série de « portraits » des communautés culturelles de Lilly Tasso dans La Presse, en 1992.

2 Notre analyse porte principalement sur les médias francophones qui créent, pour l'essentiel, l'opinion publique québécoise. Il existe aussi d'autres études menées sur les médias anglophones, dont nous n'avons pu traiter. À titre d'exemple, la revue Hour a effectué cette année une analyse comparative, dans les milieux anglophones et francophones, du traitement journalistique de la question autochtone, et cette étude a amené, entre autres, la FPJQ à tenir un colloque sur l'apport des médias francophones dans la création des préjugés à l'égard des autochtones.

3 Voir note 1 au chapitre 1.

4 Nous avons interviewé des représentants du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR) et d'Évaluation-Médias. Certains renseignements ont pu être obtenus lors d'un entretien téléphonique avec un représentant du Conseil de presse du Québec. Un extrait d'entrevue menée avec une intervenante de la Commission des droits de la personne, pour le chapitre sur l'éducation, a aussi été utilisé puisque cette personne a émis des opinions sur les médias, un milieu dans lequel elle a travaillé.

5 Ce cas, comme d'autres, illustre bien la difficulté d'établir une frontière claire de là où commence le racisme, notamment dans les perceptions de personnes appartenant au grand public.

6 Touré a effectué un dépouillement systématique des articles du journal Le Soleil et du Journal de Québec et a enregistré et écouté quotidiennement les animateurs du matin de CHRC et CJRP.

7 Compagnie québécoise de distribution de messages et d'invitations aux conférences de presse.

8 Nous avons délaissé la question autochtone puisqu'elle ne faisait pas partie de notre mandat. Soulignons toutefois qu'il s'agit d'un groupe particulièrement affecté par le racisme, à la suite des événements des dernières années.

9 Antonius estime cependant que le traitement d'enjeux relatifs au monde arabe est moins biaisé dans les médias francophones que dans les médias anglophones.
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