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 Le racisme dans les médias

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zapimax
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zapimax


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14092005
MessageLe racisme dans les médias

Le racisme dans les médias

Par Marie McAndrew et Maryse Potvin



1. Les médias : un certain reflet de la société

Le racisme semble être le fait des événements racistes eux-mêmes qui se produisent dans la société, et non celui des instruments qui en rendent compte, c'est-à-dire la radio, la télévision et les journaux. Les médias visent à être représentatifs du changement des mentalités, soucieux de l'objectivité et de la liberté de presse. Mais malgré un discours officiel qui refuse tout droit de cité au racisme et une évolution positive, comme le démontrent les efforts faits par certains médias pour faire connaître les minorités ethniques au Québec1, les médias ne sont pas exempts des contradictions qui traversent la société québécoise. Le traitement des événements mettant en cause des personnes ou des groupes des minorités visibles semble parfois porteur de dérives qui pourraient alimenter les stéréotypes. Même avec le plus grand souci d'objectivité, il peut arriver que la médiatisation des grands événements renforce indirectement les préjugés racistes de certaines personnes du public qui seraient déjà convaincues que « les immigrés sont des fauteurs de troubles » ou que la criminalité s'explique par la « race » plutôt que par des facteurs sociaux.

Du côté des médias et des journalistes, le discours dominant se porte à la défense de la liberté de presse pour assurer que soit bien servi le droit du public à une information exacte et la plus complète possible : on jugera en conséquence de la qualité de l'information en tenant compte de son intérêt public et de l'objectivité de son traitement. D'autres mettent toutefois l'accent sur des dimensions différentes des médias et du travail journalistique. Aux yeux de certains, les médias sont devenus des substituts des appareils traditionnels de transmission des valeurs et des idées (école, famille, État), ou des « agents socialisateurs et intégrateurs » des populations immigrées (Perotti, 1993) au même titre que l'école. Pour d'autres, les médias sont des entreprises guidées par des intérêts pécuniaires au sein d'un vaste marché d'information (Jacob, 1991 : 88-89). Ce sont ces trois « fonctions » des médias (informative, éducative et commerciale) qui, souvent, s'opposent ou se contredisent (Marx, 1993). Ces finalités différentes peuvent heurter les intérêts de certaines minorités sans qu'il y ait d'intentions racistes de la part des médias.

Quelques analyses sociologiques américaines ou européennes (Van Dijk, 1988 ; Van Dijk et Smitherman-Donaldson, 1988 ; Perotti, 1993 ; Bonnafous, 1989 ; Hall, 1982), qui ont largement inspiré les quelques travaux québécois sur le sujet, soutiennent que les médias influencent les attitudes, les opinions, les préjugés, les perceptions, et contribuent à la construction ou la reconstruction sociale de la réalité. Tel que le soulignent Van Dijk et Smitherman-Donaldson (1988, cités par Gusse, 1991 : 19) :

« Les médias ne font pas que rapporter passivement les faits, pas plus qu'ils ne reflètent le consensus ethnocentrique ; ils contribuent à le construire et à le reproduire. Ils grossissent les attitudes de la minorité dominante, réinterprètent et diffusent cette idéologie à ceux qui ne détiennent pas le pouvoir, mais qui néanmoins sont les membres du groupe dominant : celui des Blancs. »

Si les médias peuvent involontairement influer sur les préjugés racistes, ils peuvent tout autant jouer un rôle actif dans la dénonciation de situations fortement discriminatoires, comme ce fut le cas avec la campagne contre la déportation de centaines de ressortissants haïtiens dans les années 1970 (Dejean, 1978) et avec l'industrie du taxi au début des années 1980 (Jacob, 1991 : 83). La médiatisation de ces situations discriminatoires a suscité une prise de conscience, un fort appui populaire ainsi que l'engagement de plusieurs intervenants, dont la Commission des droits de la personne dans le cas du taxi.

2. Des cas isolés de racisme explicite et quelque émissions tendancieuses

Il existe peu de cas de racisme explicite dans les médias québécois2. Le cas le plus extrême de ces dernières années fut sans doute la couverture du journal à sensation Photo Police qui titrait pendant l'été 1992 : « Les Blancs en ont assez des Noirs » et présentait Dan Philips, porte-parole de la Ligue des Noirs du Québec, comme « le trou de cul de la semaine ». Ce numéro de Photo Police a suscité des condamnations de toutes parts, notamment de la Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ). Le président de la Communauté urbaine de Montréal (CUM) et le président de la Commission des droits de la personne (CDP) ont publiquement déposé une plainte au Conseil de presse qui, quelques mois plus tard, a sévèrement blâmé le journal et le journaliste concerné.

Certaines émissions des radios privées comportant des tribunes téléphoniques, dans lesquelles le spectaculaire et la démagogie vont souvent de pair, ont été pointées du doigt par la FPJQ, dans un dîner-causerie portant sur le traitement des affaires autochtones, les 26 et 27 mars 1994. Un animateur bien connu de CJMSS a été particulièrement visé ; depuis quatre ans, les affaires autochtones apparaissent comme le « sujet » de l'heure à son émission et le type d'émission qu'il anime constituerait un lieu privilégié de défoulement anonyme, où les préjugés racistes ont libre cours. Le Protecteur du citoyen, invité à ce dîner, a aussi critiqué sévèrement certains éditorialistes qui auraient pratiqué, selon lui, une « véritable propagande haineuse » à l'endroit des autochtones3.

Les personnes interrogées lors de notre enquête4 ont toutes estimé qu'une représentation négative des minorités visibles est courante dans les tribunes radiophoniques, dont la cote d'écoute dépend du sensationnalisme. Indirectement, nos répondants s'interrogent sur la part de responsabilité des médias : le racisme provient-il des médias ou des publics ? Les médias alimentent-ils le racisme ou permettent-ils simplement son expression ? Une intervenante de la Commission des droits de la personne signale la responsabilité des animateurs de tribunes téléphoniques des stations de radio dans l'étalement d'un racisme populaire :

« C'est une responsabilité sociale très grande que de permettre ainsi de déverser de la haine. En toute impunité, des animateurs vont favoriser l'expression d'un racisme. Les préjugés ne débouchent pas toujours sur l'action mais ce chemin est souvent emprunté. Lorsqu'on permet aux gens d'exprimer verbalement leurs préjugés, on pave la voie à d'autres manifestations beaucoup plus agressives de racisme. Par exemple, lors de la crise d'Oka, il y a eu des tribunes téléphoniques très agressives et je me suis dit que la prochaine étape était le lynchage. Il y a effectivement eu des voitures lapidées. C'était une escalade qu'il aurait fallu arrêter. »

Du côté de la télévision, le répondant du CRARR (Centre de recherche-action pour les relations raciales) perçoit un manque d'équilibre dans les reportages sur la criminalité, comme ceux qui ont été présentés récemment sur les communautés asiatiques, les gangs et les vols à main armée, reportages dans lesquels seuls les policiers auraient été interviewés. Tous les répondants ont également mentionné le documentaire Disparaître, diffusé sur Radio-Canada le 12 février 1989, comme un exemple de « racisme » alors que, de manière évidente, ce cas relève davantage des biais ethnocentriques traités plus loin5 . Mais au-delà de ce cas d'espèce, et plus que dans certains autres secteurs, les personnes interviewées sur les médias ont fait montre de beaucoup de nuances en ne ramenant pas toutes les situations problématiques aux catégories du racisme. Le représentant du Conseil de presse s'interroge de manière pertinente à ce sujet :

« Il est difficile d'y voir clair avec les plaintes relatives à la discrimination raciale parce que c'est une question de perception. Comment faire la part de l'humour et de la discrimination, de l'intention délibérée ou non ? Par exemple, après les élections en Israël, une caricature de Girerd montrant des Orthodoxes assis sur Shamir a fait l'objet d'une plainte, et les plaignants y voyaient une caricature nazie. S'agissait-il d'humour ou de stéréotypes racistes ? Parfois il n'y a aucune plainte pour des cas flagrants ! »
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