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 Le poids des Arabes aux USA

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mihou
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mihou


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16082007
MessageLe poids des Arabes aux USA

Le poids des Arabes aux USA



N. Nesrouche
Étranger



Le poids des Arabes aux USA Arabamericans
En avril dernier, près de 900 personnalités, un
véritable Who’s Who des Américains d’origine arabe en plus de nombreux
invités illustres, ont assisté, dans un magnifique hôtel à Washington
DC, au prestigieux gala annuel du prix Khalil Gibran, Esprit de
l’humanité.

Le prix, décerné par la fondation de l’Arab-American
Institut (AAI) depuis 1999, contribue à la promotion de la diversité et
l’interaction culturelle. Il symbolise aussi les valeurs démocratiques
et humanitaires au-delà des barrières identitaires et auxquelles est
attachée la communauté d’origine arabe établie aux Etats-Unis
d’Amérique. L’auteur du Prophète était connu ici pour sa fierté
identitaire et son respect envers la liberté qu’il trouva en Amérique.
A présent, la génération d’immigrés et de fils d’immigrés venus du
Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et des autres contrées arabes,
renouvelle son attachement à ces principes tout en faisant face aux
défis imposés par la conjoncture. Aéroport JFK, New York City, 18h.
Sitôt débarrassé des formalités trop sévères, voire inhumaines, pour
fouler le sol américain, on saute dans le premier taxi en direction du
East Queens où se trouve l’aéroport Laguardia. Premier coup d’œil à
l’intérieur du Cab, notre attention est attirée par un CD qui pend au
bout d’une chaîne enroulée autour du rétroviseur et sur lequel est
gravée Ayat El Koursi. Etes-vous musulman ? Sans sourciller, notre
chauffeur au teint afro-américain, pour reprendre l’euphémisme usuel
pour désigner ici les Noirs, répond prestement : « Alhamdoul’lah. » La
discussion s’engage, et dès que notre nationalité algérienne est
déclinée, il réagit en prononçant une phrase en arabe maghrébin parfait
et quelques mots en français. Notre chauffeur s’appelle Oumar et vient
de Mauritanie. Rien d’étonnant à cela, c’est l’Amérique et New York a
été, depuis les premières vagues d’immigrants arabes, la porte d’entrée
au Nouveau monde. La diversité ethnique de ce pays est une réalité et
la présence des Arabes est plus importante qu’on puisse le croire et
peut même étonner parfois, à voir leur concentration dans certaines
régions. Au New Brunswick, dans l’Etat du New Jersey, 90% des employés
chauffeurs de la compagnie locale de taxi sont d’origine égyptienne.

L’Arabe est-il soluble dans le rêve américain ?

On
compte plus de trois millions et demi d’Arabes aux USA, et plus de 80%
sont des citoyens américains natifs qui jurent leur loyauté à la
bannière étoilée. Comment vivent-ils et comment assument-ils leur
américanité ? Quel est le degré de leur intégration et leur impact sur
la vie politique et sociale de l’Amérique d’aujourd’hui ? Les réponses
pourraient surprendre chez nous et peut-être même choquer certains
esprits attachés aux évidences. En effet, une grande partie de cette
diaspora vit en Amérique depuis au moins trois générations. La décennie
de 1880 est connue comme étant celle de l’arrivée des premiers Arabes
émigrés. Ils sont Palestiniens, Jordaniens, Marocains, Irakiens,
Egyptiens, Algériens ou Libanais ; ils sont musulmans, sunnites ou
chiites, chrétiens catholiques, maronites, orthodoxes ou protestants.
Les Arabes vivent et s’assument en parfaits Américains et prétendent à
leur part du rêve et de la success story americaine. Géographiquement,
ils sont répartis sur l’ensemble des Etats qui forment l’Amérique avec
une très forte concentration en Californie, New York et le Michigan.
Environ 94% vivent dans les métropoles, telles Los Angeles, Chicago,
Détroit, New York City et Washington DC. Preuve, s’il en est, d’une
préférence pour des activités de l’industrie, le secteur des services
ainsi que le management. En tous les cas, la diaspora arabo-américaine
peut se targuer d’être une communauté active avec un taux d’emploi
dépassant légèrement le taux national, sachant que 88% des adultes sont
employés dans le secteur privé. Au milieu de ces statistiques
démographiques, la présence d’immigrants d’origine algérienne n’est pas
ce qu’on peut qualifier de significative et se traduit par le taux de
7%, qui inclut également les immigrés du Bahrein, des îles Comores,
Djibouti, Koweït, Libye, Oman, Qatar, l’Arabie Saoudite, la Tunisie,
les Emirats arabes unis et le Yémen. La représentation par nationalité
est dominée par les Libanais, qui constituent la majorité avec 39% du
total, un taux revu à la hausse après la destruction du Liban par
Israël durant l’été dernier et l’exode de milliers de familles aux USA.
Les Egyptiens et les Syriens viennent après avec 12% pour chaque
communauté, selon des statistiques établies en 2000, devant les
Irakiens et les Palestiniens qui comptent aussi des communautés
importantes. Par confession religieuse, la part du lion revient aux
catholiques romains avec 35%, suivis des musulmans avec 24% et les
chrétiens orthodoxes avec 18%.

Un Arabe chez Larry King et Oprah ?

Sur
le plan professionnel, les Arabes travaillent dans toutes les branches
et occupent de plus en plus des postes de responsabilité politique et
nationale. L’exemple le plus célèbre pour nous est sans doute celui de
Elias Zerhouni. L’enfant de Nedroma, diplômé de l’école de médecine
d’Alger en 1975 et installé depuis au pays de l’Oncle Sam, a été nommé
par le président Bush en mars 2005 à la tête du National Institute of
Health (NIH), l’agence de recherche biomédicale la plus importante des
Etats-Unis. Dans le même domaine, le Dr Mickael Debakey, cardiologue
émérite, actuellement chancellor de l’école de médecine de Baylor, fait
lui aussi autorité sur le territoire américain. La liste est longue et
plus longue qu’on ne le croit, rien que dans les branches de la
médecine, mais les Arabes occupent en vérité tous les domaines
d’activité et sont célèbres dans les sciences mais aussi en politique,
dans le monde de l’art et des médias, le monde du spectacle et de
l’entertainment et font même les couvertures des magazines people. Qui
ne connaît pas la pulpeuse Selma Hayek, ou la sulfureuse Shakira, Tony
Shalhoub, héros de la série Monk, le comédien oscarisé F. Murray
Abrahams, Mustapha El Akkad, le producteur multimillionnaire Mario
Kassar, l’idole des jeunes Paul Anka ou encore le guitariste légendaire
Franck Zappa qui a lui aussi du sang arabe dans les veines ? Dans les
affaires, ils réussissent remarquablement. Najeeb Halabi, ex-président
de The Federal Action Administration, était aussi le numéro un de la
compagnie Panamerican-Airlines. Sa fille Lisa épousera le roi Hussein
de Jordanie et deviendra la célèbre reine Noor. En politique, les
Arabes deviennent activistes et faiseurs d’opinion, à l’image de Ralph
Nader, candidat à l’élection présidentielle pour le parti des Verts.
D’autres chemins leur réussissent mieux et leur permettent d’entrer par
la grande porte. La nomination en février dernier par George W. Bush de
Donna Shalala à un poste à la Maison-Blanche avait boosté
l’introduction des Arabes américains au plus haut niveau du pouvoir.
Tapis à l’ombre de la politique, les Arabes musulmans américains sont
restés moins actifs après les attaques terroristes du 11 septembre
2001, en tous les cas, ils l’ont toujours été comparativement aux
Arabes chrétiens. Ce n’est qu’à partir de 2004 qu’ils ont commencé à
s’intéresser activement à la politique et à bâtir leurs niches dans les
rouages du pouvoir.

Ont-ils compris l’enjeu ?

Cela
dit, les Arabes musulmans ont beaucoup de retard à rattraper. En effet,
sur les cinq Arabo-Américains, membres du Congrès, aucun n’est
musulman. Cela explique en partie l’absence d’impact de la part de la
communauté musulmane sur la politique extérieure des USA vis-à-vis du
conflit au Moyen-Orient et la guerre contre l’Irak. Ce handicap reste
celui de toute la communauté arabe. Il n’y a qu’à voir le total des
fonds engrangés entre 1990 et 2004, atteignant à peine les 800 000
dollars loin derrière l’apport de la communauté pro-israélienne, qui,
elle, a généré pour la même période, 56,8 millions de dollars. Un
journaliste faisait remarquer récemment sur les pages d’un périodique
juif américain que la situation a nettement changé depuis 2004. Les
Arabes possèdent désormais eux aussi leurs propres Think-Tanks chargés
d’élaborer les stratégies et trouver les moyens d’offrir une place
meilleure à la communauté, d’en améliorer l’image et de défendre ses
intérêts et ses causes aussi bien en Amérique qu’ailleurs, notamment au
Moyen-Orient. Les plus illustres des penseurs gravitent autour de l’AAI
basé à Washington DC. Dirigé par le docteur James Zogbi, considéré
comme une légende par ses collègues, l’institut ne manque pas
d’initiatives pour mobiliser la communauté autour des questions
politiques. Objectif : unifier les rangs et peser dans l’échiquier
politique qui fonctionne selon la logique du lobbying. L’AAI semble
cerner l’enjeu et bien mesurer ses pas. Il incite les Arabes à aller
aux urnes, que ce soit pour voter démocrate ou républicain, qu’importe,
le but n’étant pas de soutenir tel ou tel parti mais plutôt de faire
comprendre au potentiel électoral arabe qu’il ne tient qu’à lui de
choisir ses représentants dans les institutions et de les porter aux
postes de commande. Aujourd’hui, nous sommes loin de la vague de
xénophobie anti-Arabes déclenchée au lendemain des attaques du 11
septembre 2001 et la série de crimes de race dont ont été victimes les
familles arabes installées en Amérique. Mais beaucoup sont sensibles à
l’antisémitisme non déclaré comme tel qui persiste dans les méthodes
sécuritaires adoptées par le gouvernement et basées sur le faciès. Le
dispositif juridique du Patriot-Act ainsi que les mesures draconiennes
installées dans les aéroports touchent, il est vrai, l’ensemble des
Américains et des visiteurs, mais ciblent davantage les peaux basanées
aux noms à connotation arabe. Plus profonde est la persistance des
stéréotypes enracinés dans la mentalité de l’Américain blanc et
chrétien. Les plus ouverts reconnaissent l’ignorance inexcusable de
l’Américain envers la mentalité arabe et la civilisation dont elle
découle. Quelques initiatives ont été prises pour introduire
l’enseignement de la langue arabe dans certains établissements
scolaires, mais cela reste des réactions improvisées pour comprendre la
soi-disant haine des musulmans envers les valeurs américaines.
Contrairement à l’Europe, les relations humaines, telles que dessinées
par l’American way life, évitent aux Arabes d’être exposés à des
situations humiliantes et leur permet de s’émanciper grâce au principe
de la primauté de l’individu. Il ne tient qu’à la qualité
d’organisation de cette communauté d’en obtenir plus.






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