mihou Rang: Administrateur
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| | Sassou Nguesso, Omar Bongo et la justice française | |
Sassou Nguesso, Omar Bongo et la justice française : Fortunes mal acquises ? 20/06/2007 Le 19 juin 2007, les associations Sherpa, Survie et la Fédération des Congolais de la Diaspora publiaient un communiqué de presse dans lequel elles se félicitaient de la première judiciaire française, déclenchée par leur plainte déposée le 27 mars 2007 auprès du Procureur de la République du Tribunal de Grande Instance de Paris. Une plainte qui porte sur les biens immobiliers de luxe formellement propriétés des présidents du Congo Brazzaville et du Gabon, Messieurs Sassou Nguesso et Omar Bongo Ondimba. Le 18 juin la justice française acceptait d’ouvrir une enquête pour «Recel de détournement de biens publics et complicité» portant sur l’acquisition en France de nombreux biens immobiliers de luxe par des personnalités africaines. Les associations y voient non pas une fin en soi mais «une culture de l’impunité tranquille … pour la première fois ébréchée». Emportées par l’élan d’un signal positif les associations qui souhaitent en découdre avec la Françafrique et son système occulte et clanique de gestion des relations entre l’Afrique et la France envisagent de demander l’élargissement de l’enquête en cours à d’autres dirigeants et à leurs clans. La stratégie poursuivie semble consister à rendre plus efficace la lutte contre le pillage des pays pauvres par leurs élites et les complicités occidentales en criminalisant cette industrie des détournements, en rendant lesdites élites personnellement responsables au plan pénal. En imaginant l’extension la plus grande de cette stratégie de criminalisation de l’accumulation sauvage et sans cause des cercles de pouvoirs africains et occidentaux, il est à espérer que la peur du gendarme étant le commencement de la sagesse les excès actuels seront à terme limités. Il est difficile de faire correspondre aux fonctions réelles des dirigeants africains les patrimoines financiers, fonciers et immobiliers qu’ils détiennent en France, en Occident et désormais aussi en Asie. Cette déterritorialisation des richesses africaines venue d’en haut est une des courroies de prédation les plus utilisées par les oligarchies régnantes, qu’il s’agisse des personnalités les plus visibles ou même de celles, plus nombreuses qu’il n’y paraît, qui occupent des tâches moins apparentes dans les hautes administrations africaines. Cette industrie criminelle diffuse par ses boursouflures matérielles et ostentations dont les peuples ont la claire conscience qu’elles ne proviennent pas d’un travail éthiquement rémunéré, la vision d’un monde où rien ne sert de mériter son gain et qu’au contraire la règle non dite et impunie consiste au pillage le plus démesuré de l’individu pourvu qu’il s’arrange à ne pas être pris. Cette industrie corruptive remplace toutes industries et productivités réelles et détourne les énergies de la production vers la captation sans travail. Avec le résultat normal de l’insuffisance de la production dans la mesure elle n’est pas rémunérée, ou infiniment moins que les détournements. L’entrée judiciaire, avec la prise de conscience de l’Occident que les paupérisations de masse en Afrique menaceront l’équilibre du monde dans le long terme -pollution, immigration, guerres civiles et atteintes aux intérêts de l’Occident, limites de l’accès aux matières premières, …- a peut-être des beaux jours devant elle. La dialectique du pilleur-réparateur pourrait ainsi s’enclencher à partir du moment où les effets négatifs de l’exploitation postcoloniale se retourneront contre l’Occident centre bénéficiaire et concepteur de ces pillages. Il viendra un moment où dans son intérêt l’Occident aura besoin d’une Afrique politique plus éthique, comme le montre les fonds dits «vautours» qui en rachetant les dettes africaines exercent des pressions pour une meilleure gestion des finances publiques africaines afin … de rentrer dans leurs fonds !Il reste un élément indécrottable d’immobilisme politique qui pourrait retarder l’avènement d’une criminalisation sévère des détournements de fonds africains, les relations interpersonnelles non désintéressés, dans un sens comme dans l’autre probablement, liant les dirigeants africains à leurs homologues occidentaux et milieux d’affaires. Ironie de l’épisode, les présidents Omar Bongo Ondimba et Sassou Nguesso au sujet desquels la justice française enquête sont décrits par les spécialistes de l’Afrique des grandes rédactions comme des proches du nouveau président français Nicolas Sarkozy. Ce dernier, encore candidat à l’élection présidentielle de 2007, à quelques semaines de l’échéance fatidique, se faisait recevoir dans les appartements privés du président gabonais qui n’a jamais cessé de revendiquer leur amitié ancienne. De quoi alimenter bien des spéculations … Afrikara | |
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