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 M. Sarkozy déjà couronné par les oligarques des médias ?

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AuteurMessage
mihou
Rang: Administrateur
mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

M. Sarkozy déjà couronné par les oligarques des médias ? Empty
21042007
MessageM. Sarkozy déjà couronné par les oligarques des médias ?

Huit mois avant l’élection présidentielle en france

M. Sarkozy déjà couronné par les oligarques des médias ?






Adossés à des sondages dont la fiabilité est pourtant nulle plusieurs
mois avant l’échéance, les principaux médias français présentent comme
jouée l’élection présidentielle du printemps prochain : son second tour
opposerait donc M. Nicolas Sarkozy à Mme Ségolène Royal. Si tous deux
tirent un même profit de la personnalisation inouïe des enjeux,
M. Sarkozy dispose d’un atout spécial. Jamais dirigeant politique
n’avait bénéficié autant que lui de l’appui des patrons de presse.



Par Marie Bénilde














La
courte défaite électorale de M. Silvio Berlusconi, en avril 2006, a
porté un coup au système clanique italien, bien déterminé à contrôler
l’opinion grâce à un mélange de marketing politique, d’intérêts croisés
avec la presse et l’édition, et de mainmise directe ou indirecte sur le
paysage audiovisuel. Certes, un an plus tôt, en France, le référendum
sur la Constitution européenne établissait qu’il ne suffisait pas de
disposer de la quasi-totalité de l’espace médiatique pour convaincre
une majorité de citoyens. Toutefois, la perspective de l’élection
présidentielle, au printemps 2007, va permettre d’apprécier si un
laborieux travail de domestication des médias ne finit pas, malgré
tout, par se révéler payant. N’est-ce pas ainsi que certains ont
interprété la réélection à la tête de l’Etat de M. Jacques Chirac en
2002, sur fond de campagne de presse matraquant le thème de
l’insécurité ?

Tout est en place, en tout cas, pour favoriser l’intronisation de
M. Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Chef du principal parti de droite,
l’Union pour un mouvement populaire (UMP), ministre de l’intérieur et
président du conseil général du département le plus riche de France,
les Hauts-de-Seine, l’homme s’est employé à construire depuis vingt ans
un étonnant réseau d’influence dans les médias. Au service de ses
ambitions suprêmes. Ce réseau a une nouvelle fois donné sa mesure
pendant l’été 2006. Le nouveau livre de M. Sarkozy, Témoignage (Xo, Paris), paru en juillet, fut aussitôt salué par une couverture souriante du Point (la
troisième en quatre mois) et, entre autres exemples, par un entretien
d’une complaisance presque burlesque avec Jean-Pierre Elkabbach sur
Europe 1. Pour l’intervieweur et patron de la radio privée appartenant
au groupe Lagardère – qui comprend aussi Paris Match, Le Journal du dimanche, Elle... –,
M. Sarkozy a cette qualité remarquable qu’il refuse la « docilité ».
Une vertu qu’on sait très prisée par M. Arnaud Lagardère, dont
Jean-Pierre Elkabbach est aussi le conseiller : en juin 2006,
l’éviction d’Alain Genestar, directeur de Paris Match, coupable
d’avoir publié en couverture une photo de l’épouse du président de
l’UMP avec son compagnon de l’époque, démontra les limites de
l’indocilité permise aux médias du groupe en question. Un patron de
presse limogé pour complaire à un ministre et chef de parti ? Cela
faisait longtemps qu’on n’avait pas connu pareille marque d’allégeance
journalistique au pouvoir politique...

Il y a là le résultat d’un long et patient travail entrepris par le
candidat de l’UMP pour se rapprocher des grands patrons propriétaires
de médias. M. Sarkozy possède un épais carnet d’adresses d’amis
influents dans la presse et l’audiovisuel. On y remarque d’abord les
familiers, comme M. Martin Bouygues, actionnaire de TF1 et parrain de
son fils, ou M. Bernard Arnault (La Tribune, Investir,
Radio Classique), dont la fille Delphine se maria en présence de
M. Sarkozy. Habitant Neuilly, MM. Bouygues et Arnault furent tous deux
témoins aux épousailles du maire de la ville.

Des compagnons de route... cyclable


Ces relations professionnelles ont affermi les amitiés. Ainsi,
M. Lagardère doit à M. Sarkozy le règlement, en 2004, du conflit
d’héritage qui l’opposait à sa belle-mère Betty, lorsque l’homme
politique et ancien avocat d’affaires avait, en tant que ministre de
l’économie, des finances et de l’industrie, la haute main sur
l’administration fiscale. « On signe ton truc fiscal et on passe à autre chose », aurait dit le ministre, sitôt nommé à Bercy (1).
Décédé en 2003, Jean-Luc Lagardère avait lui aussi eu l’occasion
d’apprécier, lors de la faillite de La Cinq en 1992, les conseils de
l’associé du cabinet Claude-Sarkozy.

En avril 2005, le président de l’UMP fut l’invité d’honneur d’un
séminaire du groupe Lagardère à Deauville. L’héritier Arnaud le
présenta « non pas comme un ami, mais comme un frère ». Un mois
plus tard, le patron du principal groupe de presse et d’édition
français affichait son amitié en participant à un meeting de M. Sarkozy
(animé par le journaliste Michel Field) en faveur du « oui » à la
Constitution européenne. M. Lagardère dévoila ce soir-là la nature de
son engagement : « Quand il y a un but à marquer, je préfère être dans l’équipe que dans les vestiaires (2). »
Stéphane Courbit, président d’Endemol France, producteur des émissions
de Marc-Olivier Fogiel et de Karl Zéro, assistait également à cette
réunion électorale.

De son côté, M. Serge Dassault (Le Figaro, Valeurs actuelles) se souvient que l’actuel ministre de l’intérieur a « démêlé » la succession de son père Marcel (3).
Et il n’ignore pas que M. Sarkozy est devenu un familier de son fils
aîné Olivier, par ailleurs député UMP. Parfois, les rôles
s’entrecroisent : proches de la famille, MM. Bouygues et Arnault
comptèrent aussi au nombre des clients du cabinet d’avocats. Enfin,
avec un homme politique amateur de vélo, on ne saurait oublier les
compagnons de route... cyclable. MM. Bouygues et Arnault sont à nouveau
du nombre, tout comme M. Jean-Claude Decaux, leader mondial de
l’affichage urbain, et M. François Pinault, propriétaire du Point. Sans oublier Michel Drucker, animateur populaire de France 2.

La construction d’un tel réseau n’est nullement le fruit du hasard.
En 1983, lorsqu’il conquiert, à 28 ans, la mairie de Neuilly,
M. Sarkozy s’attelle très vite à bâtir un cercle de relations
susceptibles de favoriser son ascension politique. Sa ville, une des
plus prospères de France, compte deux mille quatre cents entreprises,
donc de nombreux patrons qui s’intéressent à lui en voisins ou en
simples administrés, à titre personnel ou professionnel. Dès 1985, le
maire crée le club Neuilly Communication, lequel compte parmi ses
membres M. Gérald de Roquemaurel, président-directeur général
d’Hachette Filipacchi Médias, M. Nicolas de Tavernost, président de M6,
ou encore M. Arnaud de Puyfontaine, patron de Mondadori France (ex-Emap
France, troisième éditeur de magazines). M. Sarkozy veille également à
s’entourer de publicitaires, comme MM. Thierry Saussez, président
d’Image et stratégie, Philippe Gaumont (FCB), puis Jean-Michel Goudard
(le « G » d’Euro RSCG). Il fréquente enfin les grands annonceurs
Philippe Charriez (Procter & Gamble) et Lindsay Owen-Jones
(L’Oréal).

En juillet 1994, l’actuel président de l’UMP devient simultanément
ministre de la communication et ministre du budget du gouvernement de
M. Edouard Balladur, ce qui lui permit d’être à la fois le décideur
politique et le pourvoyeur de fonds publics des grands groupes de
médias... Mais c’est surtout sa position de porte-parole du
gouvernement, puis du candidat Balladur, entre 1993 et 1995, qui
l’amène à rencontrer les hommes d’influence que sont Alain Minc –
lequel le conseillera dix ans plus tard à l’occasion du référendum
européen – et Jean-Marie Colombani, en train de consolider leur pouvoir
au Monde. M. Sarkozy s’emploie à orchestrer l’engouement
médiatique en faveur de M. Balladur, dont M. Minc est un des partisans
déclarés, et à présenter son élection comme acquise. Il bénéficie à
cette fin de l’appui du sondeur Jérôme Jaffré, alors directeur général
de la Sofres. Le 22 mars 1995, Le Monde titre en « une » : « et
Mme Chirac ont tiré profit d’une vente de terrains au Port de Paris ».
L’information émane de la direction du budget chapeautée par...
M. Sarkozy.

TF1 est également de la partie (4).
Une de ses présentatrices, Claire Chazal, signe une hagiographie de
M. Balladur tandis que M. Bouygues ouvre les portes de sa chaîne à
celui qui passe déjà pour un vice-premier ministre. « Pour Martin [Bouygues], explique un observateur, Sarkozy
est une espèce de maître à penser. Pour Sarkozy, Martin est une force.
Leur duo est une association, une PME. Ce qui explique en partie
pourquoi, pendant la campagne de 1995, TF1 est devenue “télé Balladur”.
Bouygues ne rendait pas service à Balladur, mais à l’un des lieutenants
(5). »
C’est l’époque où l’ambitieux ministre est surnommé « Darty » en raison
de sa propension à être omniprésent avant et après la météo... Alors
directeur de l’information de France 2, Jean-Luc Mano suit le
mouvement ; il participera plus tard à la conception de la campagne
menée par M. Sarkozy pour les élections européennes de 1999. L’échec
sera cuisant (6).

Déjà en 1995, M. Sarkozy a choisi le mauvais camp. Qu’importe, il
profite de son ascension-éclair pour imposer son style et son image. En
mai 1993, une spectaculaire prise d’otages dans une maternelle de
Neuilly le fait connaître des téléspectateurs. « Il était toujours devant les caméras, sans parler, rappelle Jean-Pierre About, rédacteur en chef au service enquête de TF1. Mais le lendemain, lorsque HB [Human Bomb, nom donné au preneur d’otages] a
pris une balle, il avait disparu du dispositif. Un coup de maître,
puisqu’il n’est pas lié à la polémique sur l’opportunité de tuer le
ravisseur qui a suivi
(7). »
Cette technique dite du « mouvement permanent », qui consiste à se
saisir de l’actualité immédiate pour apparaître à son avantage dans les
médias, puis à foncer sur un autre événement, constitue la marque de
fabrique de M. Sarkozy.
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M. Sarkozy déjà couronné par les oligarques des médias ? :: Commentaires

« Je sais ce qui se passe dans vos rédactions »


En 2002, après (*)
la campagne présidentielle, un premier passage au ministère de
l’intérieur lui permet de systématiser cette méthode de communication.
TF1, dont les journaux télévisés mettent en scène un climat
d’insécurité, se fait le relais zélé de la riposte ministérielle. Le 22
mai 2002, une intervention à Strasbourg du groupe d’intervention
régional, à l’occasion de laquelle l’homme politique se fait
omniprésent, donne le ton. TF1 évoque alors la saisie d’« armes de guerre » : deux pistolets, quatre caméscope, trois ordinateurs et deux appareils photo numériques (8)...
Très vite, le ministre devient l’unique émetteur de la parole
policière. En novembre 2005, les émeutes dans les banlieues illustrent
ce basculement. Une cellule de communication est installée Place
Beauvau et, dorénavant, l’information officielle passe par le prisme du
ministre de l’intérieur. Lequel – « Kärcher », « racaille » – aime jouer les pompiers pyromanes.

Dépendants de sa parole, les médias en sont aussi les dépositaires.
A l’évidence, M. Sarkozy a une faconde et un style imagé qui leur
plaisent. « C’est le nouveau présentateur du JT de 20 heures »,
ironise M. François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste,
en guise de décompte des apparitions du ministre dans les journaux
télévisés. Aucun homme politique n’a été, comme lui, trois fois
l’invité de l’émission « 100 minutes pour convaincre » de France 2.
Chaque fois, l’audience est au rendez-vous (entre 4 et 6 millions de
téléspectateurs).

Son adresse oratoire doit beaucoup aux « ficelles » du métier
d’avocat : recours emphatique aux formules interrogatives et aux
anaphores (« Parce que vous croyez que... »), effets de sidération par les images (« On ne peut pas violer impunément une adolescente dans une cave »), posture du « parler vrai » et populaire (« Moi, j’essaye d’être compris des gens »)... La séduction joue auprès des journalistes. « Il a une manière de poser les questions qui fait qu’on est toujours d’accord avec la réponse. On fait un peu office de sparring partner (...), avoue Thomas Lebègue, journaliste à Libération. Il voit comment les arguments passent auprès des journalistes avant de les diffuser à grande échelle (9). »
Fût-il ministre de l’intérieur, un poste qui ne garantit pas
d’ordinaire une grande popularité chez les journalistes, un homme qui
montre qu’il adore les médias et qui se prête à leur jeu de l’image ne
saurait être mauvais...

Cette idylle s’exprime en chiffres : depuis son retour Place
Beauvau, en mai 2005, M. Sarkozy a eu droit à une moyenne mensuelle de
411 articles, contre 220 pour M. Dominique de Villepin lorsqu’il
exerçait les mêmes fonctions (10).
L’homme a compris comment amadouer ce que la presse est devenue.
Ministre du budget ou des finances, il s’est gardé de toucher à
l’abattement fiscal contesté des journalistes (7 650 euros par an
déductibles du revenu imposable). Simultanément, il a pris des
positions très libérales sur la défiscalisation des entreprises,
l’impôt sur la fortune ou les droits de succession. Elles ne peuvent
que satisfaire ces magnats-héritiers que sont MM. Lagardère, Bouygues,
Dassault, Edouard de Rothschild, etc. (11).

« Un journaliste qui me critique est un journaliste qui ne me connaît pas »,
a coutume de dire M. Sarkozy. N’est-il pas d’ailleurs une sorte de
confrère, lui qui rêva un temps de devenir présentateur du
« 20 heures » ? En 1995, quand il publie sous pseudonyme une série
d’articles intitulée « Lettres de mon château », dans Les Echos,
il montre qu’il s’intéresse autant à la vie des médias qu’à la
politique. Du coup, l’homme a l’habitude de valoriser les journalistes,
de s’intéresser aux nouvelles recrues. De les tutoyer aussi, comme
Laurent Joffrin, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur,
ou Jean-Marie Colombani. Dans ce dernier cas, Edwy Plenel s’en déclara
troublé... mais en mars 2006, six mois après avoir quitté la rédaction
du Monde. En 2003, au moment de la sortie du livre de Pierre
Péan et de Philippe Cohen consacré au quotidien du soir, le même avait
néanmoins sollicité le conseil du ministre dans son bureau de la place
Beauvau (12).

M. Sarkozy sait également se rendre disponible auprès de
journalistes moins chevronnés. Il impose d’ailleurs à son conseiller à
la presse, M. Franck Louvrier, de ne jamais laisser un appel sans
réponse. Mais gare à ceux qui pourraient être tentés de faire
dissidence. « Je sais tout ce qui se passe dans vos rédactions », lance-t-il un jour de janvier 1995 à des reporters lors d’un déplacement dans le Nord (13).
De fait, il peut compter sur Jean-Pierre Elkabbach pour être consulté
quand Europe 1 envisage de recruter un journaliste chargé de suivre
l’UMP (14).
Ou sur M. Bouygues : c’est ainsi M. Sarkozy qui, avant un voyage
délicat aux Antilles, annonce – y compris à la rédaction de TF1 – qu’un
journaliste noir, Harry Roselmack, prendra les rênes de la présentation
du « 20 heures » pendant l’été 2006.

Le président de l’UMP dispose à présent des cartes lui permettant
d’espérer l’épilogue présidentiel de cette puissante orchestration
médiatique. Peu importe qu’il se trompe ou qu’il se contredise dès lors
que nul ou presque dans la presse ne le souligne. Le 25 janvier 2006,
il estime, par exemple, que le contrat première embauche (CPE)
constitue « une très bonne mesure pour l’emploi de jeunes ». Six mois plus tard, il se ravise : « J’étais persuadé que le CPE serait vécu comme injuste pour la raison simple qu’il l’était. » En juillet dernier, il approuve chaudement les bombardements et les préparatifs d’invasion du Liban sud : « Israël se défend »
(Europe 1, 18 juillet). Plus tard, il se déclarera néanmoins d’accord
avec le président de la République, assurément plus réservé sur le
sujet (15).

De même qu’il a séduit nombre d’acteurs, de chanteurs et de stars du
show-business (Jean Reno, Christian Clavier, Johnny Hallyday, etc.),
M. Sarkozy parvient à être apprécié de journalistes réputés de gauche.
M. Saussez s’en félicite : « Il a une bonne image chez des gens qui n’ont pas ses opinions : c’est très nouveau (16). »
Naviguant entre la clémence relative, avec l’abrogation de la double
peine, et la répression, avec la nouvelle loi sur l’immigration, le
président de l’UMP offre à chacun motif à se laisser séduire. « Il considère que son rôle est de convaincre. Et d’abord les journalistes », concède son fidèle lieutenant, le ministre délégué aux collectivités territoriales Brice Hortefeux (17).

Si ces derniers constituent bien la cible de M. Sarkozy, c’est
qu’ils vont ensuite relayer une image susceptible de prospérer dans des
cercles influents, lesquels eux-mêmes influenceront d’autres cercles
concentriques dans leur entreprise, leur club de sport, leur
voisinage... sans être nécessairement un vecteur d’opinion direct, les
médias comptent auprès de ceux qui pensent que les médias influencent
le public.

En tout cas, M. Sarkozy a le temps et l’occasion de s’exprimer. Le
matin sur Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach lui octroie couramment vingt
minutes supplémentaires d’entretien ; LCI, filiale de TF1, retransmet
en direct ses vœux à la presse ; il fait la couverture de TV Magazine, ce supplément du Figaro diffusé
auprès de cinq millions de lecteurs potentiels, à l’occasion d’un
entretien sur Canal+ avec son ami Michel Denisot, déjà coauteur d’un
livre avec le ministre. Quant à sa relation avec son épouse, Cécilia,
elle fait le bonheur de la presse « people » (Gala, Paris Match...)
chaque fois qu’elle sert les intérêts du présidentiable, mais provoque
désormais l’autocensure, voire la censure, sitôt qu’elle cesse d’être à
son avantage. Ainsi, lorsqu’une journaliste de Gala, Valérie Domain, décida en 2005 d’écrire un livre qui n’agréait pas à M. Sarkozy, Entre le cœur et la raison, l’éditeur – M. Vincent Barbare – fut convoqué Place Beauvau.

Une inhabituelle passion


La volonté de contrôler les médias peut être assez naturelle chez un
responsable politique. Plus inhabituelle est la passion d’une
communauté de dirigeants de médias et de journalistes (Denis Jeambar,
qui vient de quitter la direction de L’Express pour celle des éditions du Seuil, et Franz-Olivier Giesbert, président-directeur général du Point,
par exemple) à lui servir de relais. Encouragés par l’aura dont
bénéficie le présidentiable auprès de leur propriétaire ou de leurs
annonceurs, ils surestiment sans doute la séduction qu’il exerce et ils
occultent trop volontiers l’échec de sa politique, par exemple sur le
terrain des violences aux personnes (elles ont officiellement augmenté
de 12 % entre mai 2002 et avril 2006). Inversement, quand les mêmes
faiseurs d’opinion soulignent la médiocrité du bilan de M. de Villepin,
ils font mine d’oublier que M. Sarkozy est un des principaux ministres
de son gouvernement. Et que la querelle entre les deux hommes constitue
aussi un moyen artificiel de permettre à la droite de s’offrir une
alternative à elle-même.

En rebondissant sans cesse sur l’actualité, M. Sarkozy teste des
idées qu’il calibre empiriquement en fonction de l’écho médiatique
qu’elles reçoivent. Son objectif est de construire ainsi une légitimité
cathodique et de demeurer au zénith des instituts de sondage avec une
autorité conférée par les « unes » plutôt que par les urnes. Sur ce
point précis, certains candidats socialistes, dont Mme Ségolène Royal,
ne se comportent pas toujours différemment. Pour expliquer qu’elle ait,
à son tour, décidé de s’installer sous les feux de la rampe, un
conseiller de la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes
admet : « La présence médiatique donne l’apparence de l’action. On a
décidé de faire comme Nicolas Sarkozy, on prend toutes les occasions.
On cannibalise tout
(18). »

Dans le cas du ministre de l’intérieur, tout le monde – ou presque – y trouve son compte, tant que le « produit » se vend : « C’est le seul homme politique dont les régies publicitaires sont contentes quand il fait la couverture », avance M. Jérôme Peyrat, directeur général de l’UMP (19).
Ce genre de considération n’est pas sans importance dans la presse,
compte tenu du déclin de sa diffusion. Quant aux Français, ils auront
bientôt à se prononcer sur le profit qu’ils retirent de l’exposition
avantageuse d’un homme entièrement tourné vers la satisfaction de son
ambition et de son clan.





Marie Bénilde.

http://www.monde-diplomatique.fr/2006/09/BENILDE/13928
 

M. Sarkozy déjà couronné par les oligarques des médias ?

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