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 Leopold Sedar Senghor (1906-2001) Par Paul Yange

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mihou
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mihou


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10102006
MessageLeopold Sedar Senghor (1906-2001) Par Paul Yange

Leopold Sedar Senghor (1906-2001)
Homme d'Etat, homme de lettres, chantre de la négritude, Leopold Sedar Senghor est l'une des figures africaines du siècle écoulé...
Par Paul Yange







Leopold Sedar Senghor est né le 9 octobre 1906 à Joal. Il est le fils de Basile Diogoye Senghor et de Gnilane Ndiémé Bakhoum , une des cinq femmes de Diogoye. Le jeune Senghor passe les premières années de sa vie dans la maison de sa mère. A l’âge de 7 ans en 1913, il fait ses premiers pas à "l’école des blancs" (en fait la mission catholique de Joal) où il apprend le catéchisme et les premiers rudiments de français. De 1914 à 1923, Senghor étudie au collège de Ngasobil. De 1923 à 1927, il est au collège-séminaire Libermann de Dakar pour y étudier le grec et le latin. En 1927, il est reçu au baccalauréat et obtient une bourse d’études. Il va poursuivre ses études en France. Il s’inscrit en 1928, à 22 ans, au lycée Louis-Le-Grand. Il y fait la connaissance d’un certain Georges Pompidou (qui deviendra par la suite président de la république française). Il rencontre également le martiniquais Aimé Césaire, 18 ans, inscrit en classe d’hypokhâgne, toujours à Louis Le Grand, en septembre 1931 (et reçu à l’Ecole Normale Supérieure 4 ans plus tard). Senghor et Césaire seront les inspirateurs du mouvement de la négritude. En 1934, Senghor fonde le journal l’étudiant noir pour défendre ces valeurs.

En 1935, il est reçu à l’agrégation de grammaire. Il est professeur à Tours, puis au lycée Marcellin Berthelot de Saint Maur Desfossés, en région parisienne. En 1939, la France se prépare à la guerre et Senghor est mobilisé. En 1940, il est fait prisonnier et reste deux ans en détention, puis reprend l’enseignement au lycée de St-Maur.

En 1945, Senghor obtient une bourse du CNRS pour aller enquêter sur la poésie Sérère au Sénégal. Lamine Guèye, député du Sénégal au parlement français le persuade de s’engager dans la politique de ses côtés et c’est ainsi que Senghor fait ses débuts en politique. Senghor est élu représentant du Sénégal à l’assemblée constituante française. Parallèlement paraît "Chants d’ombres" (1945), sa première collection de poème, qui traite des thèmes de l’exil et de la nostalgie. En 1947, Senghor participe au lancement de la revue Présence Africaine créée par Alioune Diop et soutenue par des intellectuels français comme Sartre, Camus ou André Gide. En 1951, Senghor qui a constitué le BDS (Bloc Démocratique sénégalais) rompt avec son ancien mentor Lamine Gueye allié à la SFIO et remporte les deux sièges de députés, victoire renouvelée en 1956.





Membre de l'assemblée consultative du Conseil de l'Europe, Senghor est, en outre, plusieurs fois délégué de la France à la conférence de l'UNESCO et à l'assemblée générale de l'ONU. Secrétaire d'État à la présidence du Conseil (cabinet Edgar Faure : 23 février 1955 - 24 janvier 1956), il devient maire de Thiès au Sénégal, en novembre 1956. Ministre-conseiller du gouvernement de la République française en juillet 1959, il est élu premier Président de la République du Sénégal, le 5 septembre 1960. Entre temps, la fédération du Mali (regroupant le Sénégal et le Soudan français) avec un pouvoir bicéphale (Senghor / Modibo Keita) a fait long feu. Mamadou Dia, qui a soutenu Senghor au moment de sa rupture avec Lamine Gueye et qui a été député du Sénégal en compagnie de Senghor est chef de gouvernement.

Des tensions se font jour entre Dia et Senghor qui ont deux visions différentes de l’avenir du Sénégal. Dia prône la décentralisation et s’oppose aux puissantes confréries musulmanes. Senghor veut un Etat fort et estime que l’encadrement des populations par les structures des Mourides ou des Tidjanes est indispensable à long terme. Fin décembre 1962, le conflit éclate entre les deux hommes : Senghor fait voter une motion de censure contre le gouvernement et Mamadou Dia, accusé de tentative de coup d’Etat, est arrêté pour "atteinte à la sureté de l’Etat". Il est condamné à la détention perpétuelle et trois de ses ministres sont condamnés à 20 ans de réclusion. Dia restera 12 années en prison dans des conditions extrêmement difficiles (atteint d’un glaucome, il ne peut aller consulter un médecin à Dakar qu’en 1970, ce qui lui coûtera la vue).





En 1963, les élections sont accompagnées de graves troubles qui sont sévèrement réprimés (plusieurs morts dénombrés). [D’autres troubles estudiantins ou sociaux ont eu lieu ou auront lieu en 1961, 1963, 66, 68 ou 69]. En 1971, l’université est en grève ; des étudiants sont condamnés et arrêtés pour acte de violence. L’un d’entre eux, Oumar Blondin Diop décèdera en prison.

Réélu en 1973, (il est réélu au total quatre fois pendant ses 20 années de pouvoir en 1963, 68, 73 et 78) Senghor s’essaye au multipartisme limité (l’avocat Abdoulaye Wade est autorisé à créer un parti politique). En 1976, une réforme instaure le multipartisme limité à trois "composantes" : socialiste, communiste et libérale. Senghor qui est également un homme de lettres n’a pas arrêté de publier "Liberté 1" en 1965, "Liberté 2" en 1971, "Lettres d’hivernage" en 1973, "Liberté 3" en 1979 (sous-titré Négritude et civilisation de l’universel).

Le 31 décembre 1980, Senghor démissionne de la présidence de la république du Sénégal et se retire de la vie politique sénégalaise à 74 ans, laissant le pouvoir à Abdou Diouf, premier ministre depuis 1970. Senghor se consacre désormais entièrement à la culture. Le 29 mars 1983, il devient membre de l’académie française. En 1988, il publie "ce que je crois", qui constitue une synthèse de sa pensée sur la Négritude, puis "Liberté 5" en 1993. Léopold Sedar Senghor décède le 20 décembre 2001 à Verson, en Normandie où il résidait avec sa deuxième épouse Colette Hubert (il s’était marié une première fois à Ginette Eboué, fille de Félix Eboué qui fut gouverneur de l’Afrique Occidentale française).









En tant qu’homme de lettres, Senghor fut un précurseur avec le mouvement de la Négritude, participa aux débuts de la revue Présence Africaine, fit venir à Dakar en 1966 le premier festival Mondial des arts nègres , a laissé une œuvre littéraire d’une grande richesse, obtint de nombreux prix littéraires internationaux et fut Docteur Honoris Causa de nombreuses universités. Il semble néanmoins paradoxal pour beaucoup d’africains que Senghor, chantre de la Négritude, ait pris sa retraite en Normandie, dans le pays de l’ex puissance coloniale, après sa démission de décembre 1980.

En tant qu’homme politique, son action fut plus mitigée. S’il autorisa Cheikh Anta Diop, grande figure de l’histoire africaine, qui était également un de ses adversaires politiques à poursuivre ses recherches scientifiques, ce dernier n’eut la possibilité d’enseigner à l’université de Dakar qu’après la démission de Senghor. En outre, si Senghor fut plus "démocrate" que beaucoup de ses contemporains en Afrique, quitta volontairement le pouvoir après 20 ans d’exercice (ce qui est tout à son honneur), sema les graines de la démocratie au Sénégal, il réprima également sans ménagement les mouvements sociaux et estudiantins dans les années 60, et laissa Mamadou Dia devenu son adversaire politique en détention pendant douze ans. Malgré ses erreurs ou faux pas, l’œuvre littéraire, le parcours politique et le rayonnement intellectuel de Senghor en font l’une des grandes figures africaines du 20è siècle.

"Je déchirerai tous les rires Banania des murs de France."
"L’émotion est nègre comme la raison est hellène."
"Je suis sans cruauté inutile, mais sans faiblesse coupable."
(Leopold Sedar Senghor)

"Un tigre ne crie pas sa tigritude, il saute sur sa proie et la dévore!"
(Wole Soyinka à propos du mouvement de la Négritude)

http://www.grioo.com/info82.html#
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Leopold Sedar Senghor (1906-2001) Par Paul Yange :: Commentaires

mihou
Il y a cent ans naissait Léopold Sédar Senghor
Léopold Sédar Senghor, premier président de la République du Sénégal, poète, grammairien et premier Africain admis à l'Académie française. (Photo: AFP)
Léopold Sédar Senghor, premier président de la République du Sénégal, poète, grammairien et premier Africain admis à l'Académie française.
(Photo: AFP)
Plusieurs manifestations ont eu lieu au Sénégal, en France, et dans toute la Francophonie ce lundi 9 octobre 2006 pour célébrer, cinq ans après sa mort, le centenaire de la naissance de Léopold Sédar Senghor. Cependant, aucun haut responsable de l'Etat n'a été commis sur la «Petite côte», à Joal-Fadiouth -où il a vu le jour au Sénégal- au grand dépit du comité d'organisation local. En France, à Verson, un village normand de l’ouest de la France, dont il fit sa terre d’adoption et où il est décédé le 20 décembre 2001, une statue a été érigée en sa mémoire. A Paris, un pont a été baptisé «Passerelle Léopold Sédar Senghor» en mémoire de l’humaniste qui a prôné le dialogue des cultures. En marge de cette journée anniversaire, tout au long de cette année 2006, décrétée Année Senghor par l’Organisation internationale de la francophonie (OIT), plus de 2 000 manifestations ont été programmées au Brésil, au Pérou, ou à Hong Kong.

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Léopold Sédar Senghor ? -«Un grand quelqu’un», autrement dit, une personnalité, répond sans hésiter Mamadou Niang, Sénégalais, un chauffeur de taxi. «Un des grands hommes du Sénégal», disent aujourd’hui les compatriotes de celui qui fut leur chef d’Etat de 1960 à 1980, date à laquelle il se retire de la vie politique pour vivre en Normandie (France). «[Un homme qui] doit être offert comme viatique du 21è siècle à la jeunesse», a dit de lui le ministre de la Culture sénégalais Mame Birame Diouf. «Senghor est devenu un patrimoine de l’humanité», a-t-il ajouté en évoquant Léopold Sédar Senghor, Docteur honoris causa de quelque 37 universités à travers le monde, premier Africain agrégé de grammaire français et premier Africain à avoir siégé à l’Académie française.

Réunis le temps d’une modeste cérémonie à Ngasobil, bourgade côtière située à une centaine de kilomètres au sud de Dakar (Sénégal), des personnalités locales et des anonymes ont tour à tour célébré dimanche «le paysan», le «poète» ou «l’humaniste». A Joal-Fadiouth situé sur la côte sénégalaise à l’entrée du terroir de Sine, son «royaume d’enfance» comme il l’a chanté dans sa poésie, les cérémonies ont été marquées par l'absence des plus hautes autorités du pays : seuls quelques notables locaux ont participé au début des célébrations dans la cour de la maison familiale des Senghor. Hormis le député-maire André Gérin (PCF) de Vénissieux (France), la ville jumelée avec Joal, aucune personnalité venue de France n’a fait le déplacement –en 2001, déjà, les obsèques de Senghor avaient été marquées par l’absence des plus hautes autorités françaises, ce qui avait provoqué rancœur et incompréhension aussi bien au Sénégal qu’en France.

Lundi, la presse sénégalaise a salué «un géant entre-deux siècles», comme le titrait à la «une» le quotidien pro-gouvernemental le Soleil en consacrant trois pleines pages à son fondateur, «l’avocat du dialogue des cultures» et le «bâtisseur de la nation et de l’Etat sénégalais». Quant aux différents journaux privés, ils ont rendu hommage à «Senghor, sans temps» (le Quotidien), et à l’«homme politique et homme de lettres de dimension exceptionnelle [né Sénégalais et ayant acquis] la nationalité de l’universel». Toute la semaine jusqu’au 15 octobre, Joal, sa ville natale, devrait recevoir des dignitaires étrangers et des jeunes venus d’une soixantaine de pays membres de l’Organisation internationale de la francophonie (l’OIF). Plus largement, le reste du pays a prévu une série de manifestations placées sous le signe du «métissage» et portant sur le double héritage littéraire et politique de Léopold Sédar Senghor.

Une passerelle, symbole de dialogue

A Verson (Normandie) -où il vécut de 1980 à 2001 aux côtés de son épouse, Colette Hubert- une statue a été érigée en l’honneur de l’homme de Lettres pour célébrer à la fois «le poète de l’Afrique, de sa richesse culturelle, de sa diversité, de sa puissance mais aussi le poète de l’Afrique des opprimés», selon les déclarations de Philippe Duron, président régional dans un éditorial du site officiel Bas-Normand. A Paris, le maire Bertrand Delanoë a inauguré dans le VIIe arrondissement de la capitale la Passerelle Léopold Sédar Senghor en présence d’Abdou Diouf, son successeur à la présidence du sénégal aujourd'hui, secrétaire général de l’OIF. Le choix d’une passerelle est en soi symbolique pour célébrer la mémoire d’un homme qui a employé sa vie à prôner le dialogue en tout point : entre les cultures mais aussi entre l’art traditionnel et l’art contemporain (On retiendra de ses grandes réalisations culturelles et artistiques, le premier festival mondial des Arts nègres en 1966 à Dakar). En cette Année Senghor, décrétée par l’OIF, un colloque lui est consacré à la Bibliothèque nationale de France.

«C'est lui qui a construit cette vision moderne du rôle de notre communauté, de notre langue et de nos cultures. Il s'est battu contre vents et marées pour faire aboutir le projet francophone malgré la réticence de certains pays du Nord. Beaucoup de dirigeants de l'époque trouvaient cette idée saugrenue pour ne pas dire ringarde. Il a tout de même maintenu le cap, en bénéficiant aussi dans son combat du soutien d'autres hommes d'Etat du Sud: Habib Bourguiba de la Tunisie, Norodom Sihanouk du Cambodge et Hamani Diori du Niger», a déclaré Abdou Diouf, rappelant combien Léopold Sédar Senghor s’est fait le chantre de la poésie négro-africaine, au point de préférer que soit mis en avant son statut de poète plutôt que celui de président.


par Dominique Raizon
http://www.rfi.fr/actufr/articles/082/article_46675.asp

Article publié le 09/10/2006 Dernière mise à jour le 09/10/2006 à 17:44 TU
 

Leopold Sedar Senghor (1906-2001) Par Paul Yange

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