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 Eugène Nyambal : La démission des élites est le drame le plu

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mihou
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mihou


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Eugène Nyambal : La démission des élites est le drame le plu Empty
27082006
MessageEugène Nyambal : La démission des élites est le drame le plu

Eugène Nyambal : La démission des élites est le drame le plus tragique de l’Afrique--------------------------------------------------------------------------------

Eugène Nyambal s’occupe de la stratégie à la Société Financière Internationale (groupe Banque mondiale).
Entretien avec Xavier Luc Deutchoua
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Il était précédemment Conseiller de l’Administrateur du Fonds monétaire international pour l’Afrique et Chef de mission à la Banque mondiale. Ce banquier camerounais, qui compte parmi les cadres les plus brillants de son institution d’attache, a commis un premier ouvrage sur l’économie africaine, Afrique: quels changements après la faillite, paru en 1994. Son dernier livre, “Créer la Prospérité en Afrique: Dix Clés Pour Sortir de la Pauvreté”, publié ce mars 2006, fait grand bruit et a été présenté à la Bad et à la Banque mondiale.

Dans l’entretien qui suit et qui sera publié en deux temps, Eugène Nyambal, qui précise que son point de vue n’engage pas la Banque mondiale, revient sur quelques idées développées dans son ouvrage. Dans la première partie, il montre les limites des politiques actuelles menées en Afrique. Il prône des politiques nouvelles après le point d’achèvement. Il estime que la qualité du leadership est indispensable au décollage économique. Il soutient qu’une nouvelle génération devra prendre la relève en 2011 pour permettre au Cameroun d’accéder à la modernité.

Vous soutenez des positions qui vont à l’encontre de l’idéologie et de la pratique en cours dans les institutions financières internationales. Pourquoi avez-vous écrit cet ouvrage?

J’ai voulu répondre à un double défi: la crise profonde que traversent l’Afrique et le système d’Aide Publique au Développement.
Selon la Banque mondiale, près de la moitié des 700 millions d’habitants que compte l’Afrique sub-saharienne vivent encore avec moins de 500 Fcfa par jour au moment où la Chine, l’Inde et d’autres pays émergents sont en train de réduire de manière significative la pauvreté de masse. Faute de perspectives dans leurs pays, les jeunes Africains choisissent de plus en plus de mourir aux portes de l’Europe pour se libérer de la misère, et le continent se vide chaque jour de ses meilleures ressources. Pour redonner espoir à notre population et à notre jeunesse en particulier, nous avons le devoir d’entrer en compétition avec les autres civilisations pour la création de richesses, et de créer les conditions d’épanouissement de nos populations en Afrique. Je suis convaincu qu’avec la discipline, l’organisation et le leadership, nous pouvons émuler les expériences asiatiques.
J’ai également voulu partager avec les décideurs, une nouvelle vision des réformes après la réduction de la dette dans le cadre de l’Initiative relative aux Pays Pauvres Très Endettés (Ppte). Pendant trois décennies, les institutions financières internationales ont dit aux pays en développement que la seule voie d’accès à la prospérité consistait à mettre en œuvre le Consensus de Washington "Privatiser, Libéraliser, Stabiliser". A la fin, les pays africains se sont retrouvés plus pauvres, plus endettés et plus dépendants de l’aide internationale. Après la réduction de la dette, le système d’Aide Publique au Développement est dans une crise profonde. Le modèle ne marche pas et les institutions financières internationales sont en quête d’idées nouvelles. Il est temps que les Africains se réapproprient la capacité à définir leur destin et qu’ils sortent de l’esprit de dépendance pour mettre en œuvre des politiques ambitieuses de stimulation de la croissance et de réduction de la pauvreté.

En quoi le système d’Aide Publique au Développement peut-il être considéré comme inapte à créer la richesse et la prospérité en Afrique?

Depuis le début de l’ajustement au début des années 1980, on a eu deux générations de réformes. Dans la première génération des réformes que j’appelle le modèle de base du "Consensus de Washington", on demandait aux pays africains de "privatiser, libéraliser et stabiliser l’économie" pour libérer les forces créatrices de richesses, sans tenir compte de l’impact social de ces politiques. Les pressions des Ong pour l’allègement du fardeau de la dette et la prise en compte de l’impact social des programmes d’ajustement ont abouti à la mise en place du modèle élargi du "Consensus de Washington", avec la hausse des dépenses sociales dans le cadre des programmes d’ajustement et de l’initiative sur la réduction de la dette. C’est dans cette logique qu’ont été élaborés les Objectifs de Développement du Millénaire visant à réduire la pauvreté de moitié en 2015. Ces politiques sont vouées à l’échec pour deux raisons. En premier, elles visent davantage à dégager un surplus pour faire face au service de la dette qu’à promouvoir la croissance et l’emploi. Ensuite, il est erroné de vouloir réduire la pauvreté de masse en essayant d’améliorer artificiellement les indicateurs sociaux par l’injection d’une aide massive dans les secteurs sociaux tels que l’éducation ou la santé de base. Une telle approche n’est pas durable car l’histoire économique nous enseigne que c’est la croissance économique qui a servi de principal instrument de réduction de la pauvreté de masse dans les pays riches et les politiques sociales n’étaient qu’un appendice aux politiques de stimulation de la croissance. Faute de croissance forte et soutenue, les pays africains auront du mal à assurer la maintenance de ces nouveaux investissements et à assurer des débouchés suffisants aux populations qui en bénéficient.
En réalité, un changement de paradigme s’impose. Pour maximiser l’impact de la réduction de la dette, nous devons mettre en œuvre des politiques de stimulation de la croissance et de l’emploi. Par conséquent, les politiques économiques doivent susciter un cercle vertueux où le développement des capacités de production et la croissance de la demande se soutiennent mutuellement. Plusieurs éléments militent dans le sens d’un tel changement d’approche. En premier, les pays qui ont mis en œuvre des politiques différentes du "Consensus de Washington" comme la Tunisie, l’Ile-Maurice, la Malaisie ou la Chine ont eu des taux de croissance supérieurs. Ensuite, l’influence du Fmi et de la Banque mondiale est en train de diminuer, car de nombreux pays souhaitent sortir de l’ajustement et les pays intermédiaires ont de plus en plus accès aux marchés financiers internationaux. Enfin, malgré trois décennies d’ajustement, l’Afrique reste plongée dans la pauvreté de masse. L’économie ne crée pas d’emplois, le tissu industriel est exsangue, les exportations africaines sont quasi-inexistantes en dehors des matières premières, les infrastructures sont peu développées, l’accès à la santé et à l’éducation demeure limité, les villes sont coupées des campagnes dont les méthodes de travail n’ont pas changé depuis des millénaires et l’Afrique est confrontée à la dépendance alimentaire.
Face à cette nouvelle donne, les institutions financières internationales doivent redéfinir leurs priorités et se réorganiser en termes de ressources humaines et de mécanismes d’incitation, pour passer d’une logique de remboursement de la dette et de réduction de la pauvreté par les dépenses sociales à une dynamique de création de richesses tirée par la croissance, le renforcement du capital social et la mise en place des institutions et des infrastructures indispensables au bon fonctionnement de l’économie de marché.

Selon vous, le décollage de l’Afrique passe par "le changement de leadership". Pour vous, qu'est-ce qu'un leader?

Le leadership est un état d’esprit de dépassement de soi et du présent. Il est indispensable à tous les niveaux de la société, qu’il s’agisse de l’Etat, des entreprises, des associations, des églises, des écoles ou du sport. Un bon leader est un bâtisseur, un individu doté d’une Vision et d’une grande ambition, ayant le souci de marquer son temps et capable d’emporter l’adhésion d’un grand nombre. Il doit également avoir le courage d’aller parfois contre le sens de l’Histoire comme l’ont fait le général De Gaulle, Nelson Mandela, Félix Moumié et Ruben Um Nyobe. Les défis actuels de l'Afrique, notamment la marginalisation du continent dans l’économie mondiale, la dépendance morale, matérielle et intellectuelle, la pauvreté de masse et l'absence d'opportunités pour la jeunesse, exigent l'émergence de nouveaux leaders. Malheureusement nos grandes écoles telles que l’Enam et nos universités ont formé beaucoup "d'esprits de la préfectorale", capables de réciter les choses apprises, d’imposer le statu- quo à la société et d’accepter tous les diktats des bailleurs de fonds pour se perpétuer au pouvoir. Formées à la répression et à l’exécution de tâches répétitives, ces élites sont peu préparées à projeter la société dans l’avenir, à faire du pilotage stratégique, à organiser, à coordonner et à inscrire leurs décisions sur le long terme. La démission des élites constitue le drame le plus tragique de l’Afrique contemporaine car elle est à l’origine de notre retard et de toutes les manipulations dont nous sommes l’objet. C’est pourquoi il est urgent de réformer les modes de formation et de sélection des élites pour avoir une masse critique de leaders capables de permettre à nos pays d’entrer sans complexe dans la compétition internationale.

Ce nécessaire changement de leadership concerne t-il le Cameroun?

Oui. Mais je tiens à préciser que les Camerounais doivent privilégier la conquête du pouvoir par les urnes, car rien de durable ne peut se construire dans le désordre. Pour que notre pays évite la tentation de la violence, il faudrait également que la communauté internationale soutienne effectivement l’Etat de droit et des élections transparentes et l’Etat.

A propos d’élections, êtes-vous pour un nouveau mandat du chef de l’Etat ?

En ce qui concerne l’éventualité d’un nouveau mandat de la part du chef de l’Etat, je suis par principe partisan d’une limitation des mandats car l’usure du pouvoir peut, à certains moments, constituer un frein à l’efficacité de l’action publique. Par conséquent, je ne pense pas qu’il soit judicieux que le Chef de l’Etat sollicite à nouveau le suffrage des Camerounais à l’issue du septennat qui s’achève en 2011. Il convient de lui rendre hommage pour avoir servi le Cameroun depuis plus de quarante ans. Dans un environnement sous-régional dominé par les conflits, il a su préserver la paix et la stabilité. Aujourd’hui, les réalités ont changé, la majeure partie des Camerounais ont moins de 25 ans et notre pays est de plus en plus distancé par des pays naguère insignifiants. Nous avons besoin d’un nouveau souffle pour affronter le défi de la modernisation, éliminer la pauvreté de masse et créer des emplois pour la jeunesse. Il n’y a que des pyromanes pour prôner une manipulation de la Constitution et l’instauration de fait d’une présidence à vie. Le chef de l’Etat doit sortir par le haut en laissant le soin à une nouvelle génération de poursuivre l’édification d’une nation prospère et respectée sur le plan international. Le président Biya entrera de manière positive dans l’Histoire de notre pays, s’il veille à l’organisation d’élections présidentielles transparentes à l’issue de son mandat.
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Comment envisagez-vous la naissance de la troisième République au Cameroun ?

Le Cameroun a beaucoup de talents à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Mais la compétition politique reste fermée. La troisième République ne saurait naître dans les mêmes conditions que la deuxième République, car le pays traverse une crise morale, économique et sociale profonde et les élites sont décrédibilisées. Nous avons le devoir de reconstruire notre pays et de lui redonner le leadership qu’il mérite en Afrique. Seule une rupture par rapport aux modes de gouvernance du passé peut créer les conditions d’un sursaut national. Dans ces conditions, il serait incongru d’imaginer le transfert pur et simple du pouvoir à un individu. Pour rendre l’alternance possible, nous devons créer les conditions d’une démocratie apaisée, exempte de toute chasse aux sorcières où tout ancien dirigeant a la possibilité de vivre en toute quiétude au Cameroun. Dans un tel contexte, les Camerounais doivent avoir la possibilité de choisir leurs dirigeants. La question fondamentale à laquelle devront répondre nos compatriotes est de savoir s’ils souhaitent que les trois prochaines décennies ressemblent aux trois dernières décennies. Ils devront décider s’ils veulent continuer à vivre dans un environnement marqué par la pauvreté de masse, l’absence de perspectives pour la jeunesse et les départs massifs à l’étranger ou avoir l’opportunité de construire leur bonheur au Cameroun. Les hommes et les femmes qui solliciteront le suffrage de leurs compatriotes devraient être dotés d’un sens patriotique élevé, d’une Vision et d’une grande ambition pour le Cameroun, d’une bonne connaissance des réalités de notre pays et de l’environnement international et d’une probité exemplaire.

Vous relevez aussi, dans Créer la prospérité en Afrique: dix clés pour sortir de la pauvreté, que le progrès dépend de la nature du contrat social…

La qualité du leadership ne suffit pas pour créer la prospérité. La nature du contrat social est également importante. Lorsque vous relisez John Locke et Jean-Jacques Rousseau, vous arrivez à une conclusion édifiante. D’une part, la liberté individuelle a une portée illimitée. D’autre part, la nécessité de vivre en société amène les individus à transférer une partie de leurs droits à l’Etat en lui conférant le monopole d’exercice de la force légale et en lui transférant une partie de leurs ressources à travers l’impôt. En contrepartie, l’Etat a le devoir d’organiser l’espace commun. En Occident et en Asie, c’est ce contrat social qui prévaut, même dans les pays connaissant une restriction des libertés politiques. Le rôle des dirigeants est d’améliorer les conditions de vie de la population et tout gouvernement qui ne respecte pas ce contrat peut perdre le pouvoir. C’est la raison pour laquelle les autres continents créent plus de richesses que l’Afrique.
Dans notre continent, le contrat social a été travesti. Il se réduit essentiellement à deux éléments: la préservation des privilèges d’une minorité dans un océan de misère et l'appui de l'étranger à cette minorité au pouvoir. Ceci change radicalement les sources de légitimité du pouvoir ainsi que la nature des bénéficiaires de l’action gouvernementale. Au lieu de répondre aux besoins de la population, les dirigeants se soucient en priorité des forces capables de leur garantir la stabilité et la pérennisation au pouvoir. Pour ce faire, les ressources publiques sont allouées en priorité aux élites administratives qui contrôlent les institutions et servent de relais sociaux, ainsi qu’à l’armée qui permet de contenir une population rendue impuissante par la lutte quotidienne pour la survie et la peur des hommes en uniforme. La sphère économique est abandonnée aux mandants étrangers qui assurent au pouvoir en place l’aide et le soutien politique et militaire indispensables à la perpétuation du système. Un tel contrat social ne saurait aboutir à la mise en place d’une société prospère. L’immigration ne saurait constituer une solution durable à nos problèmes. Pour créer des richesses en Afrique, nous devons changer la nature du contrat social en arrêtant de soutenir des dirigeants pour des raisons ethniques. Nous devons juger nos gouvernants essentiellement sur leur capacité à améliorer le bien-être des citoyens.

S'agissant toujours des leaders, dans votre ouvrage, vous conseillez aux bailleurs de fonds d'arrêter leur soutien financier aux régimes corrompus. Est-ce une solution efficace quand on voit qu’au Togo la suspension de la coopération avec l'Union européenne n’a ramené ni la démocratie ni la bonne gouvernance?

Lorsque les bailleurs de fonds soutiennent un régime très corrompu ou un régime qui est au pouvoir depuis des décennies sans changer les conditions de vie de la population, c'est une forme de subvention accordée à l'inefficacité; parce que l'on ne cesse d'endetter les générations futures et de rendre tout changement impossible. Au Togo, il y avait une situation de blocage et une armée construite sur des bases ethniques. Mais en face il n'y avait pas de leadership, pas de solution de rechange crédible, car l’opposition était désorganisée et divisée. Le pouvoir central a su exploiter ces failles. En clair, le Togo a échoué parce qu'il n'y avait pas d'alternative crédible. Les pressions de l’Union Européenne ont amené le pouvoir à ouvrir un dialogue de réconciliation avec l’opposition. En outre, la réduction de la manne de l’aide provoque depuis quelque temps des tiraillements au sein de l’équipe au pouvoir. En définitive, les changements profonds ne peuvent provenir que de l’intérieur.

Des pays comme la France et les Etats-Unis (affaire Enron) sont souvent secoués par des scandales liés à la corruption, mais leur économie ne se porte pas trop mal. Jusqu'à quel point la corruption peut être considérée comme un frein au développement?

La corruption est un phénomène mondial. L’effet corrosif devient plus marqué lorsque le pays est pauvre et que la corruption devient un mode de vie, envahit tout l’espace économique et social et gangrène les esprits et les institutions. Dans les pays riches, la corruption est marginale et plutôt réservée à une certaine élite. Par ailleurs, la force de la loi, l’opprobre social et la capacité des citoyens à satisfaire les besoins de base grâce à leur salaire constituent des remparts contre la corruption généralisée. Dans nos pays, la corruption est institutionnalisée et la gestion des ressources publiques manque souvent de transparence. Dans la quasi-totalité des échanges quotidiens, le citoyen est confronté à l’hydre de la corruption, qu’il s’agisse de l'accès à l'école, à la justice, à l’hôpital, aux administrations et dans les rapports avec la police. Au Cameroun, en particulier, la baisse des revenus depuis plus de deux décennies et l'impunité généralisée ont réussi à faire de la corruption le principal mode de promotion sociale et un exercice que chacun essaie d’émuler. Ce type de corruption constitue un impôt supplémentaire, car l’institutionnalisation de la corruption se traduit par des choix d’investissement peu judicieux, la hausse des coûts d’accès aux services publics, le délabrement des infrastructures économiques et sociales, l’absence d’incitations à investir et à créer des emplois, la fuite des capitaux et la montée de la pauvreté de masse. Aucune société ne peut avancer sur de telles bases.

Quels commentaires vous inspire la lutte ou la campagne anticorruption en cours au Cameroun?

J'avoue suivre cette campagne de loin. Dans l’ensemble, les actions prises vont dans la bonne direction et il convient de les renforcer. Le Cameroun a besoin d’un signal fort, qui montre que ce type de comportement ne sera plus toléré dans l'avenir. En clair, la corruption et le détournement de deniers publics doivent être considérés comme des crimes contre la société et punis avec la plus grande sévérité. La corruption endémique que connaît notre pays reflète une crise morale et matérielle.
En Afrique du Sud, pour essayer de soigner les maux de la société, on a organisé une commission "Vérité et Réconciliation", avec l’aide de l’Eglise. Il serait souhaitable d’envisager ce type de mécanisme en matière de lutte contre la corruption au Cameroun. Un tel processus pourrait aboutir à une amnistie pour les personnes qui acceptent de rapatrier les fonds détournés au Cameroun.
Par ailleurs, il est indispensable d’améliorer la transparence dans la gestion des ressources publiques, y compris les revenus du secteur pétrolier et du gaz. Il est également nécessaire d’augmenter le régime des sanctions et de mettre en place des institutions crédibles. Dans cette optique, l’initiative des poursuites ne devrait pas revenir à l’exécutif. Il aurait été souhaitable d’avoir une Cour des Comptes autonome, de renforcer la police financière et de donner la possibilité à l’Assemblée Nationale de lancer des investigations et de transmettre automatiquement des dossiers à la justice sur la base des rapports fournis par la Cour des Comptes. En ce qui concerne la corruption de masse qui caractérise les rapports quotidiens entre l’administration et la population, elle ne pourra être combattue efficacement qu’avec des politiques visant à augmenter les revenus, à réduire le coût de la vie, à renforcer le régime des sanctions et à faire de la corruption un crime contre la société au niveau des medias, des écoles, des patients, des parents d’élèves, des contribuables, et de toutes les catégories socio- professionnelles.
 

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