vendredi 11 aout 2006, 17h07
Chute de popularité pour Ehoud Olmert après un mois de guerre
JERUSALEM (AP) - La guerre au Liban dure depuis un mois et les Israéliens, au début unanimes derrière leur gouvernement, commencent à perdre confiance. Selon les derniers sondages rendus publics vendredi, la popularité de l'équipe de Ehoud Olmert est en perte de vitesse et les Israéliens doutent de plus en plus d'être au final victorieux face au Hezbollah.
La milice du parti de Dieu a encore fait pleuvoir les roquettes vendredi sur Haïfa et le nord d'Israël, alors qu'un réserviste trouvait la mort dans un village du Sud-Liban, portant à 84 le nombre de soldats tués depuis le début de la guerre. Trente-huit civils sont morts sous les tirs du Hezbollah.
L'échec de Tsahal à mettre un terme à cette pluie de roquettes, les victimes israéliennes de plus en plus nombreuses, la manière dont la guerre est menée par une équipe à laquelle les Israéliens reprochent son manque d'expérience de la chose militaire, font baisser de popularité d'un gouvernement qui disposait au début de son offensive d'un écrasant soutien.
Selon un sondage mené par Dialogue pour le quotidien "Haaretz", 30% des 570 personnes interrogées pensent qu'Israël est en train de perdre la guerre, et 44% estiment qu'aucun camp n'en sortira vainqueur. Et seuls 20% considèrent que si la guerre arrêtait aujourd'hui, il serait possible de considérer que l'Etat hébreu en sort victorieux.
Les Israéliens interrogés ne sont que 39% à soutenir la décision du cabinet de sécurité d'étendre les opérations terrestres, 26% sont favorables à la poursuite des combats sous leur forme actuelle tout en renforçant les efforts diplomatiques, et 28% prônent un cessez-le-feu immédiat et un accord diplomatique.
De son côté, le sondage Dahaf publié par le "Yediot Aharonot", note que les Israéliens soutenant une vaste opération au sol pour repousser le Hezbollah ne sont plus que 64%, contre 73% lors du sondage précédent.
En outre, toujours selon Dahaf, 37% des 500 personnes interrogées pensent aujourd'hui que Tsahal peut entamer le pouvoir de nuisance du Hezbollah, contre 40% dans la précédente enquête.
Quant à la cote de popularité personnelle de Ehoud Olmert, elle est passée de 75% au début de la guerre à 66% aujourd'hui. Dans le sondage publié par Haaretz, le Premier ministre est encore plus bas: seuls 48% approuvent son action, contre 40% qui en sont mécontents. Quant à son ministre de la Défense, le travailliste Amir Peretz, dont la cote était à 65% aux premiers temps du conflit, il se retrouve à 37%, contre 51% de mécontents.
Cette dégringolade, note "Haaretz", est intervenue en une seule semaine, soit depuis que la diplomatie a un peu repris la main, avec le projet franco-américain de résolution et la proposition de Beyrouth de déployer 15.000 hommes dans le sud du Liban.
Un seul membre du gouvernement semble encore avoir la faveur du public, selon le sondage pour "Haaretz": la cheffe de la diplomatie Tzipi Livni, à 61% de satisfaits.
Car, outre l'opposition jusqu'ici discrète qui commence à donner de la voix, tant à la gauche qu'à la droite du gouvernement, les divisions semblent se multiplier au sein même du premier cercle des fidèles du Premier ministre, écrit "Haaretz". Tzipi Livni, qui prône la retenue militaire et un peu plus d'attention aux aspects diplomatiques, s'est vue interdire par Ehoud Olmert d'aller prendre la parole devant le Conseil de sécurité de l'ONU... Alors que le chef du gouvernement et l'étoile montante de Kadima étaient sur la même longueur d'onde avant que ne commence cette guerre.
La presse aussi, emboîtant le pas à l'opinion publique, multiplie les critiques. L'éditorialiste Uzi Benziman, de "Haaretz", appelle en tous cas désormais Ehoud Olmert à "ravaler sa fierté", saisir l'occasion qui est présentée et accepter le compromis qui prend forme au sein de la communauté internationale pour mettre fin à la guerre. Et son collègue Ari Shavit va plus loin, réclamant lui le départ pur et simple d'Olmert: "vous ne pouvez pas mener une nation entière à la guerre en promettant la victoire, produire une défaite humiliante et rester au pouvoir". AP
nc/v