6 juil. 2006
CUBA • Bush a un plan pour l'après-Castro
Une commission chargée de la politique américaine à Cuba recommande au président Bush un plan d'action dont l'objectif est de soutenir un éventuel gouvernement transitoire sur l'île. A Washington, les faucons se font peur en évoquant un "axe Venezuela-Cuba".
Fidel Castro
AFP
"Le gouvernement américain devra être prêt bien à l'avance pour fournir une assistance à un éventuel gouvernement transitoire cubain." Dans un rapport qui devrait être rendu public cette semaine, la Commission pour l'assistance à une Cuba libre, instaurée par George W. Bush en 2003, énonce un ensemble de recommandations à l'administration américaine pour préparer l'après-Castro à Cuba. L'un des principaux points de ce programme est l'octroi de 80 millions de dollars d'aides en faveur d'un gouvernement transitoire après la mort du leader communiste cubain. Il s'agit du deuxième rapport de cette commission, coprésidée par la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et le secrétaire au Commerce Carlos Gutierrez.
Dans un article de synthèse, Adelante Digital revient sur "le plan de Bush" pour Cuba. Il est en fait question du premier rapport, daté du 6 mai 2004, de la même commission. L'hebdomadaire castriste dénonce avant tout l'embargo imposé à Cuba par les Etats-Unis, une politique qualifiée d'"indigne". Adelante Digital s'attache à démontrer que "la Maison-Blanche veut diriger la reconquête de l'île" en visant "l'élimination de la nation cubaine et une nouvelle prise du pouvoir sur l'île".
Le Miami Herald souligne qu'"à la différence du rapport de 2004, l'actuelle série de recommandations comprend une annexe classifiée 'pour raisons de sécurité nationale et par souci d'efficacité'". Et le président du Parlement cubain, Ricardo Alarcón, de réagir : "Le plus important est qu'il existe un plan secret pour renverser un gouvernement étranger", rapporte The Independent de Londres.
De son côté, le grand journal de Floride détaille la ventilation des 80 millions de dollars d'aides. "Le projet recommande d'utiliser 31 millions de dollars pour soutenir 'la société civile sur l'île' ; 10 millions pour financer les échanges académiques et un nouveau programme de bourses pour que les Cubains puissent étudier à l'étranger ; 24 millions pour mettre fin 'au blocus de l'information' du gouvernement castriste, en finançant la diffusion de programmes anticastristes par satellite et en installant des équipements permettant la réception d'émissions internationales ; et 15 millions de dollars pour soutenir les efforts internationaux en faveur de l'opposition cubaine et préparer une transition démocratique après Castro." Outre ces 80 millions de dollars étalés sur deux ans, le plan prévoit ensuite une aide annuelle de 20 millions de dollars pour des programmes en faveur de la démocratie.
"Dans quelle mesure les Etats-Unis pourront-ils espérer influencer les événements ? La question reste ouverte étant donné les efforts déployés pendant les quatre dernières décennies pour isoler et punir les dirigeants cubains", commente The Independent. Pour sa part, Fidel Castro a déjà démontré son intention de choisir son frère Raúl comme successeur.
D'après Larry Birns, directeur du Conseil des affaires interaméricaines à Washington, "les recommandations de la commission arrivent au moment où la puissance des Etats-Unis s'affaiblit dans la région. L'arrivée au pouvoir de Hugo Chávez au Venezuela et d'Evo Morales en Bolivie aurait apporté deux alliés importants à Castro", rapporte le quotidien britannique The Guardian. "Les Etats-Unis sont isolés en Amérique latine aujourd'hui. Cuba n'est plus marginalisée."
Selon le Miami Herald, la Commission "recommande un grand effort diplomatique pour contrer "l'axe Venezuela-Cuba" et identifie le président vénézuélien Hugo Chávez comme le personnage central dont la richesse pétrolière pourrait rendre possible la prolongation d'un régime communiste après la mort de Castro.
Philippe Randrianarimanana
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=64291