Ehoud Olmert visé par une enquête sur une transaction immobilière (Le Monde 19-8-06)
JUSTICE ISRAÉLIENNE
Ehoud Olmert visé par une enquête sur une transaction immobilière
Déjà malmené par la controverse sur les piètres performances de l'armée
israélienne au Liban sud, le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, fait
désormais face aux prémices d'une nouvelle bataille, d'ordre judiciaire cette
fois. Selon le quotidien Haaretz, le chef du gouvernement et son épouse, Aliza,
devraient être prochainement interrogés par le contrôleur de l'Etat, Micha
Lindenstrauss, sur une transaction immobilière jugée douteuse.
Le couple est soupçonné d'avoir bénéficié d'une remise d'environ un
demi-million de dollars lors de l'achat d'un appartement à Jérusalem, en échange
de facilités de construction accordées à son promoteur. Selon le journal, ce
logement a été acquis en octobre 2004 par M. Olmert pour une somme de 1,2
million de dollars alors que, selon le bureau du contrôleur, sa valeur réelle
sur le marché était en fait de 1,6 à 1,8 million de dollars.
D'après le site Internet israélien NFC, qui a lancé l'affaire en mars, des
proches du premier ministre, qui a été maire de Jérusalem entre 1993 et 2003,
auraient ensuite aidé l'entrepreneur à obtenir des permis de construire dans le
même bâtiment pourtant classé site historique, ce qui l'aurait autorisé à
doubler la superficie totale habitable. A l'issue de son enquête, le contrôleur
de l'Etat soumettra ses conclusions au procureur général, Menahem Mazuz, qui
décidera s'il convient d'ouvrir une instruction judiciaire contre le premier
ministre.
MINISTRES ÉCLABOUSSÉS
En guise de réponse, les collaborateurs de M. Olmert ont démenti que
celui-ci ait été contacté. Le contrôleur a pour sa part confirmé qu'une
procédure de vérification concernant l'achat de l'appartement a été engagée tout
en précisant qu'elle n'était pas achevée et qu'" aucune convocation " n'avait
pour le moment été adressée au premier ministre.
Cette affaire intervient alors que les procédures judiciaires lancées
contre deux hauts dirigeants de Kadima, le parti de M. Olmert, s'accélèrent. Le
ministre de la justice, Haïm Ramon, a été mis en examen, jeudi, pour actes
indécents. Il est soupçonné d'avoir forcé une fonctionnaire à l'embrasser au
cours du pot de départ qu'elle avait organisé au ministère de la défense, le 12
juillet, date du début de la guerre au Liban sud.
Le député Tzachi Hanegbi, pour sa part, devrait être inculpé d'ici un mois
pour fraude, abus de confiance, corruption et faux témoignage. Il est accusé
d'avoir distribué, entre 2001 et 2004, quand il était ministre de
l'environnement, des emplois publics, dont certains fictifs, à des membres du
Likoud, son parti de l'époque, ainsi qu'à leurs proches.
Enfin Moshé Katsav, le président d'Israël, est mis en cause dans une
affaire de harcèlement sexuel. La police enquête depuis deux mois sur le
témoignage d'une de ses collaboratrices, qui affirme qu'il l'a forcée à avoir
des relations sexuelles avec lui. Aucune instruction judiciaire n'a été ouverte
pour l'instant.
Benjamin Barthe