Londres vise une action coordonnée du secteur privé pour l'Afrique
LAURENCE TOVI
Consultées par les Britanniques en vue du sommet du G8, les entreprises françaises sont invitées à soutenir la mise en place d'une facilité de financement dédiée à l'amélioration du climat des affaires en Afrique.
A quelques pas de l'Elysée où Jacques Chirac recevait le Premier ministre Tony Blair, l'ambassadeur de Grande-Bretagne, sir John Holmes, a reçu, hier à sa résidence, une centaine de représentants du secteur privé français dans le cadre des consultations menées par Londres en vue du sommet du G8 de Gleneagles. « Nous souhaitons une participation active et interactive des entreprises » pour sortir l'Afrique de la pauvreté, a justifié sir John Holmes. La réponse a été sans langue de bois. « Hormis le secteur pétrolier, qui répond à sa propre logique, il ne s'agit plus pour l'Afrique d'attirer de nouveaux investisseurs, mais de retenir les entreprises qui ont fait le choix d'être sur le continent », a précisé Anthony Bouthelier, président délégué du Conseil des investisseurs en Afrique.
A la tribune, Philippe Ratynski, Pierre Castel et Jacques Rougier, les PDG de Vinci Construction, BGI et Rougier, et Philippe de Couet, le secrétaire général de Somdiaa (groupe Vilgrain) l'ont appuyé. Absence de sécurité juridique, cadre fiscal et douanier inadapté ou inappliqué, prolifération du secteur informel, modalités dépassées de l'aide publique au développement, manque de financements pour les PME, infrastructures lacunaires : le cahier des doléances est le même au fil des années, mais les expériences rapportées éloquentes.
« Projets d'infrastructures »
Face à l'explosion des importations parallèles de sucre brésilien en République centrafricaine, qui menaçaient la sucrerie de BGI, « nous avons demandé au président Bozizé de faire notre propre police en liaison avec les douanes du pays. En un mois, nous sommes parvenus à éradiquer la fraude », a témoigné Pierre Castel. Vinci Construction, de son côté, réalise en Afrique 300 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont 50 % dans le domaine routier et 25 % dans l'hydraulique. « Nos activités suivent les financements internationaux. Nous sommes donc ravis que la Banque mondiale, après ses errements, reviennent aux projets d'infrastructures », a lancé Philippe Ratynski. Nouvelle charge : « Ni la Banque mondiale ni le Fonds européen de développement n'imposent, pour les appels d'offres qu'ils financent, de clauses sociales ou environnementales dans l'exécution des contrats. Nous sommes dans un système où le moins-disant l'emporte : les clauses de sécurité des ouvrages ne sont pas respectées », a commenté le PDG de Vinci Construction, visant, sans la nommer, la Chine.
Les Britanniques ont pris note. Mais, pour que le dialogue ne s'arrête pas là, les Français ont été invités à soutenir la mise en place de la « facilité pour le climat des affaires ». Le principe de ce fonds a été lancé dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) et entériné par la Commission pour l'Afrique, mise en place par Tony Blair. Dotée de 550 millions de dollars, dont 50 apportés par une vingtaine d'entreprises internationales, cette facilité doit aider les pays africains les plus méritants à mettre en place un cadre juridique, douanier et fiscal propice à l'investissement.
LAURENCE TOVI