Brésil: 51,2% des travailleurs dans l'économie informelle (rapport)
AFP 10.08.06 | 22h10
Plus de la moitié des travailleurs au Brésil sont employés dans le secteur informel en raison des lourdes charges fiscales et du poids excessif de la bureaucratie, révèle une étude de l'Institut de recherche économique appliquée (Ipea, public) diffusée jeudi. Intitulé "Brésil, l'état d'une Nation", le rapport de l'Ipea de 512 pages montre que 51,2% des travailleurs étaient employés au noir en 2004, sans protection légale ni droits sociaux. En 1992 ils étaient 51,9% tandis que le pourcentage atteignait 52,5% en 2002. L'auteur du rapport, Paulo Tafner, relève que l'économie informelle est un "trait structurel " du marché du travail brésilien. Il rappelle que jusqu'en 1995, elle diminuait chaque fois que les indicateurs sur l'emploi s'amélioraient. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. "Aujourd'hui il est possible d'assister à une hausse de l'emploi et à l'acccroissement de l'informalité", souligne Tafner. Les "lois et négociations collectives qui établissent des règles valables pour toutes les entreprises de tous les secteurs, réduisent l'agilité des entreprises et imposent parfois des coûts qui sont supportables pour certaines, mais extrêmement restrictifs pour beaucoup d'autres", révèle le document. Cela entraîne une "réduction" de l'offre d'emplois en raison de la perte de compétitivité des entreprises exposées à la concurrence internationale et à la recherche de technologies utilisant moins de main d'oeuvre, souligne l'Ipea. "L'informalité est un vrai problème et ne peut plus être vue comme un marché sous-terrain. Les salaires perçus par les travailleurs sont moindres que ceux des travailleurs du secteur formel", a affirmé Paulo Tafner. Le secteur le moins touché par le travail au noir est l'industrie, et le plus touché l'agricuture où l'informalité atteint 80%. Le rapport trace le profil du travailleur informel: 61,3% sont des hommes âgés de 27,7 ans et 33,3% seulement ont terminé des études secondaires. Leur salaire moyen était en 2005 de 55% inférieur à celui des autres travailleurs. Le secteur informel est "un générateur d'emplois de basse qualité et basse rémunération, d'inefficacités et de coûts économiques supplémentaires, constituant une distorsion qui doit être combattue", conclut l'Ipea.
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