La Presse
Monde, jeudi 27 novembre 2003, p. MONDE3
Le racisme au Brésil
Paquin, Gilles
Sao Paulo - Les relations entre les Brésiliens ne sont pas toujours aussi harmonieuses que le mythe de la démocratie raciale veut bien le suggérer. Les données recueillies par la Centrale unique des travailleurs (CUT) sur la discrimination, discrète mais non moins réelle qui existe encore aujourd'hui, montre un autre visage du Brésil.
L'esclavage a été aboli le 13 mai 1888 dans ce pays qui est ensuite devenu l'une des grandes puissances économiques du monde, avec une économie moderne et diversifiée. Malheureusement, la population noire a peu accès aux avantages de ce développement, souligne la CUT.
Selon des données de l'Observatoire afro-brésilien tirées de l'Atlas du développement humain, la population noire occupe la 107e position dans le classement des Nations unies alors que les blancs brésiliens sont au 46e rang.
Voici d'ailleurs quelques exemples qui illustrent bien l'écart entre le niveau de vie et la situation sociale des deux communautés:
40 % des hommes noirs sont analphabètes contre 18 % des blancs.
38 % des femmes noires sont analphabètes contre 17 % des blanches.
70 % des Noirs travaillent dans des services ou des techniques.
Seulement 40 % des Noirs terminent leur cours secondaire.
À peine 1 % des Noirs terminent un cours universitaire.
80 % des Noirs habitent dans des bidonvilles ou autres lieux insalubres.
87 % des enfants exclus ou qui abandonnent l'école sont noirs.
Le revenu moyen des familles blanches est de 1440 reals, des noires 689 reals.
L'espérance de vie des Blancs est de 72 ans, celle des Noirs de 66 ans.
La discrimination raciale est un fait, affirme la Commission contre la discrimination de la CUT, il est temps que le Brésil se dote de mesures de promotions de l'égalité des races et adopte des politiques vigoureuses pour compenser ces années d'inaction.