Comme l’a reconnu l’ONU en novembre 1975 dans sa résolution 3379, " le sionisme est une forme de racisme et de
discrimination raciale ." La conférence de Durban (Afrique du Sud) tenue par l’organisation internationale en septembre
2001 a clairement confirmé cette constatation - avec les réactions que l’on sait de la part des jusqu’au-boutistes
pro-israéliens. (N’est-il pas étrange, à ce propos, que la fameuse "communauté internationale", toujours invoquée quand elle
ratifie sans broncher les décisions prises par les "grands", devienne subitement quantité négligeable et méprisable lorsqu’elle
exprime une évidence désagréable pour ceux-ci.)
"Les droits ancestraux du peuple juif" :
Combien de temps les Juifs ont vécu en Palestine à l’époque antique est difficile à déterminer de façon précise. Tout dépend
de "l’événement" auquel on relie les origines de leur présence. Est-ce le règne de Salomon et la construction du premier
Temple de Jérusalem (environ 950 avant J.C.) ? Ou le règne de David (environ 1000 avant J.C.) ? Ou le couronnement de Saül
(environ 1025 avant J.C.) ? Ou la sédentarisation des Douze Tribus avec Josué (environ 1200 avant J.C.) ? Ou l’Exode et le
passage de la Mer Rouge sous la conduite de Moïse (environ 1250 avant J.C.) ? Ou l’arrivée d’Abraham en Canaan (environ
1950 avant J.C.) ?
Les frontières entre l’histoire et la légende s’estompent très vite quand on remonte dans le temps. Parmi les personnages
bibliques ci-dessus, Salomon est le seul dont l’existence soit mentionnée* (de manière assez vague) dans des sources autres
que l’Ancien Testament (lequel a été écrit au 6ème siècle avant notre ère, c’est-à-dire entre 400 et 1400 ans après les
"événements" cités plus haut).
* Le journaliste et auteur israélien Uri Avnery écrit : "Contrairement au texte biblique, il n’y a pas de preuve historique que
l’empire de David et de Salomon ait jamais existé. Jérusalem n’était alors qu’un petit village, et la Judée une entité sans la
moindre importance. La religion juive telle que nous la connaissons n’est apparue que pendant l’exil à Babylone [587 à 539
avant J.C.] et depuis cette époque, les deux tiers de ceux que l’on appelle depuis lors les Juifs vivent à l’extérieur de la
Palestine." Si Jérusalem était un petit village et si la religion juive n’était pas encore établie, que penser de l’existence du
"Temple de Salomon", ce "premier" temple que Nabuchodonosor aurait détruit en 587 ? Le "second" temple, érigé par les
Juifs rentrés de captivité, était en fait probablement... le premier. Il fut restauré et agrandi sous Hérode le Grand vers 20
avant J.C., puis détruit en 70 après J.C. par les Romains, qui n’en laissèrent subsister que le mur occidental (Mur des
Lamentations). Aujourd’hui, les extrémistes israéliens veulent raser les mosquées (El-Aqsa, Dôme du Rocher) construites au
7ème siècle sur l’ancien "Mont du Temple", afin d’y établir ce qu’ils appellent le "troisième" temple juif.
Dans son livre La Bible dévoilée (2002), l’archéologue Israël Finkelstein a démontré - s’il en était besoin - que les épisodes
relatés dans les "textes saints" sont dénués de tout fondement historique : il n’y a eu ni Exode en Egypte, ni trompettes de
Jéricho, ni unification, sous David et Salomon, des royaumes rivaux d’Israël (au nord) et de Judée (au sud).
Et comme le fait remarquer l’historien danois Niels Peter Lemche à propos du mythe de Moïse, "la Bible a autant de rapport
avec l’histoire de l’Antiquité que le roman Ivanhoé de Walter Scott en a avec l’histoire de l’Angleterre médiévale".
Pour ce qui est du patriarche Abraham, même sans trop vouloir se pencher sur le caractère mythique du personnage, on
constate qu’il faut une certaine audace pour faire remonter jusqu’à lui l’existence d’une "nation juive", puisqu’on nous dit, en
effet, qu’il venait de Chaldée* (un pays aujourd’hui appelé l’Irak), et qu’il est à la fois l’ancêtre des Arabes (par Ismaël) et
celui des Juifs (par Isaac).
* Pour les extrémistes israéliens de 2002, le "fait" que le patriarche chaldéen ait "conclu un pacte avec Dieu" et qu’il soit
venu s’installer dans une région qui est aujourd’hui la ville d’Hébron, constitue un indéniable titre de propriété. Les 130.000
Palestiniens arabes qui habitent cette ville des territoires occupés, devraient donc céder la place aux 400 colons juifs déjà
présents et à tous ceux qui suivront. Lire les détails. Sharon et son armée s’emploient à réaliser ce projet d’inspiration divine
pour bien marquer qu’Abraham leur appartient en exclusivité et que les musulmans n’ont pas à venir prier sur le tombeau de
celui qu’ils appellent Ibrahim. Déjà, en 1994, le tueur juif Baruch Goldstein avait massacré trente Arabes qui refusaient de
comprendre ce saint principe.
A propos de l’enfer quotidien enduré par la population arabe d’Hébron, lire ici le témoignage de Kawther Salam, journaliste
palestinienne de cette ville - un texte et des photos qui en disent long sur le niveau mental des barbares sionistes.
Depuis quand les Juifs sont-ils un peuple distinct des autres peuples dont ils sont issus ? Bonne question, à laquelle il est
malheureusement impossible de répondre... Admettons, pour simplifier, que 1200 avant J.C. soit une date historiquement
acceptable pour marquer le début de la présence juive en Palestine. Les Juifs ont donc passé 13 siècles dans la région (au
milieu d’autres peuples), avant d’en être chassés par les Romains entre 70 après J.C. (règne de Titus) et 135 (règne
d’Hadrien) - par les Romains, répétons-le, et non par les Arabes, qui n’y étaient pas encore puisqu’ils sont arrivés au 7ème
siècle.
Par conséquent, on nous dit qu’un peuple qui a habité un territoire durant 13 siècles, puis été absent de celui-ci (contraint et
forcé) pendant 18 siècles, possède des droits ancestraux que n’a pas un autre peuple qui habite ce même territoire de
manière ininterrompue depuis 14 siècles (et peut-être même bien davantage, puisqu’il est possible que les Palestiniens
descendent aussi des Philistins, ce peuple de l’Antiquité qui a donné son nom à la région). Ces "droits ancestraux" des Juifs,
ajoute-t-on, sont fondés sur un "don" fait par Dieu à son peuple "élu"... Pareille "argumentation" pourrait prêter à sourire, si
le contexte n’était pas si tragique.
On imagine ce qui se passerait si les Indiens des Etats-Unis, en vertu de droits ancestraux qu’ils doivent bien tenir de
quelque divinité qui leur est chère, venaient réclamer pour eux la totalité du pays... Et pourtant, leurs droits seraient
infiniment mieux fondés que ceux des Juifs sur la terre de Palestine, car les Indiens, eux, les feraient valoir auprès du
peuple qui les a chassés de leurs territoires, et non auprès d’un autre peuple immigré beaucoup plus tard. Mais la situation
des Indiens face à l’invasion blanche s’apparente en fait à celle des Arabes palestiniens face à la déferlante sioniste. Les
deux peuples sont victimes d’une criante injustice qu’il serait grand temps de réparer.
Soit dit en passant, le fait d’invoquer des "droits ancestraux" vieux de deux ou trois mille ans pour s’approprier un territoire
est sans précédent dans l’histoire mondiale. On explique ce caractère unique par l’extraordinaire homogénéité tant ethnique
que religieuse du peuple juif. Le judaïsme ne pratiquant ni le prosélytisme religieux ni la conversion forcée, mais s’efforçant
au contraire d’écarter des communautés qui s’en réclament tout élément étranger susceptible de menacer leur "pureté", les
Juifs n’ont pas connu, au cours des âges, les assimilations et brassages propres à tous les autres peuples. C’est du moins
l’opinion communément acceptée, et la base idéologique du sionisme qui prône le retour de la Diaspora au pays des ancêtres
hébreux.
Ce dogme a été mis en doute par l’écrivain juif anglais d’origine hongroise Arthur Koestler* (1905-1983) dans son livre La
treizième Tribu (1976). Les Juifs ashkénazes, qui représentent l’écrasante majorité de la population juive mondiale, ne
seraient nullement issus des Douzes Tribus d’Israël dont parle la Bible, mais descendraient des Khazars, un peuple turc du
sud de l’actuelle Russie, qui se serait converti au judaïsme par pure conviction aux alentours du 8ème siècle et qui aurait
conservé son indépendance jusqu’au 11ème siècle, avant de s’éparpiller dans toute l’Europe centrale et orientale. Le "lien
historique" de la plupart des Juifs actuels avec "la terre d’Israël" serait donc purement mythique. Carte du royaume khazar
au 10ème siècle
* Bien avant Arthur Koestler, des historiens juifs avaient déjà abordé ce sujet : par exemple, le Dr Alfred Lilienthal (dès les
années 50) et le professeur Poliak de l’Université de Tel Aviv. Le célèbre écrivain anglais H.G. Wells en avait parlé, dans les
années 20, dans son livre Outline of History.
Seuls les Séfarades, ces descendants non assimilés des Juifs exilés dans l’empire romain (Italie, Espagne, Portugal, Afrique
du Nord, Orient), auraient effectivement des attaches lointaines avec la Palestine. Les Séfarades sont très minoritaires dans
les grandes communautés juives du monde, y compris en Israël. Seule exception notable : la France (et ce, seulement depuis
l’afflux des Juifs d’Algérie en 1962).
Paradoxalement, ce sont les "faux Juifs" ashkénazes qui sont à l’origine du sionisme et de l’idée de reconquête de la
Palestine. Paul Eisen, un Juif britannique qui dirige le Centre Deir Yassin Remembered de Londres, écrit à ce propos : "La
plupart des Palestiniens d’aujourd’hui ont probablement plus de sang hébreu dans le petit doigt que la plupart des Juifs
occidentaux dans tout le corps."
Les tenants du sionisme adorent les dogmes religieux et nationaux, même s’ils en font parfois un usage très pragmatique. Le
cas échéant, lorsqu’il s’avère nécessaire de stimuler l’immigration pour créer un contrepoids face à la population arabe
palestinienne, ils ne sont pas trop regardants. Beaucoup de Russes ou d’Ukrainiens n’ayant que des liens très vagues ou très
douteux avec le judaïsme sont venus s’intaller depuis 1990 en Israël ou dans les territoires occupés. Les "vrais" Israéliens les
considèrent d’ailleurs comme des Juifs de second ordre. Il en va de même des Falashas*, ces Ethiopiens noirs immigrés à une
époque où les Russes étaient encore rares du côté de Tel Aviv. En 2002, l’Etat juif est allé plus loin encore en faisant venir
des Indiens du Pérou fraîchement convertis. (Devant tant d’incohérence, Hirsh Goodman, dans le Jerusalem Post Report, en
perd son hébreu.) Deux ans plus tard, toujours à court de volontaires, on "découvre" qu’il y a des Juifs en Inde (les "Bnei
Menashe") et qu’il faut les faire "rentrer" de toute urgence. Dieu serait apparu en songe au chef de cette "tribu" judaïsée
depuis peu, lui commandant de "regagner la Terre promise" sans plus tarder.
* Les Falashas sont si peu considérés comme Juifs par la société israélienne, qu’ils ne sont pas autorisés à donner leur sang.
En réalité, ce peuple est africain et chrétien, ou du moins il l’était jusqu’à ce que les sionistes réussissent à le "convaincre"
de ses "origines juives" - moyennant de généreuses promesses et quelques billets verts. Le mythe de la reine de Saba, très
vivace en Ethiopie depuis le 15ème siècle, a largement facilité l’entreprise israélienne. Selon lui, les Ethiopiens descendraient
de Ménélik 1er, le fils de cette reine légendaire et du non moins légendaire roi Salomon. De là à prétendre qu’ils sont juifs
(ou qu’ils l’ont été), il n’y a qu’un pas - un pas que les sionistes, à la recherche de main-d’oeuvre adéquate pour remplacer les
Palestiniens, ont franchi sans le moindre scrupule dans les années 1980. Et pourtant, si l’on en croit le mythe colporté
jusqu’alors, le royaume de Saba était situé au Yémen, et la fameuse reine, au lieu d’avoir la peau noire, ressemblait à la Gina
Lollobrigida du navet hollywoodien. (Cette version "dépassée" de la légende a gardé sa validité au Yémen.) Ce qui est
intéressant ici, c’est moins l’idée que le même mythe puisse être interprété de manières différentes, que le fait qu’il le soit à
des fins purement politiques. A la limite, on pourrait ainsi - pour la "bonne cause" - judaïser n’importe quelle autre secte
chrétienne. Il y a une certaine schizophrénie à vouloir préserver un "peuple élu" de toute assimilation "raciale", alors que
parallèlement, selon les besoins du moment, on étend de façon arbitraire la définition des "critères d’admission".
Toutes les religions ont leurs dogmes, tous les peuples ont leurs légendes, sagas ou mythologies. Libre à chacun de croire que
Dieu a créé le monde, que Thésée a vaincu le Minotaure et que nous descendons tous des Gaulois. Libre à chacun de critiquer
ceux qui sont d’un autre avis ou, comme dit Voltaire dans son Dictionnaire philosophique, de fustiger les esprits téméraires
qui osent nier les prodiges de Gargantua et poussent l’audace jusqu’à douter que ce grand homme ait jamais existé. Le
problème n’est pas là... Là où les dogmes et les mythes deviennent nocifs et dangereux, c’est lorsqu’ils sont crus et appliqués à
la lettre, par fanatisme candide ou par calcul politique, et lorsqu’ils servent à justifier la guerre et l’oppression. C’est
malheureusement bien souvent le cas en ce qui concerne Israël.
En 1894, deux ans avant la parution de L’Etat juif, l’ouvrage-clé de Theodor Herzl, l’Américain Robert Ingersoll, avocat,
libre-penseur et orateur renommé, disséquait d’ailleurs impitoyablement la barbarie des mythes bibliques dont beaucoup
inspirent encore aujourd’hui le sionisme : About the Holy Bible.
Jeu 27 Juil - 1:39 par mihou