MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE

Vues Du Monde : ce Forum MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE est lieu d'échange, d'apprentissage et d'ouverture sur le monde.IL EXISTE MILLE MANIÈRES DE MENTIR, MAIS UNE SEULE DE DIRE LA VÉRITÉ.
 
AccueilAccueil  PortailPortail  GalerieGalerie  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Derniers sujets
Marque-page social
Marque-page social reddit      

Conservez et partagez l'adresse de MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE sur votre site de social bookmarking
QUOI DE NEUF SUR NOTRE PLANETE
LA FRANCE NON RECONNAISSANTE
Ephémerides
Le deal à ne pas rater :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot 6 Boosters Mascarade ...
Voir le deal

 

 Haïti:Manger de la terre

Aller en bas 
AuteurMessage
mihou
Rang: Administrateur
mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

Haïti:Manger de la terre Empty
03062006
MessageHaïti:Manger de la terre

Haïti
Manger de la terre

(Photo : Anne Corpet / RFI)
Haïti est l’un des pays les plus pauvres du monde. La région d’Anse Rouge dans le nord-ouest du pays est l’une des plus enclavées. Les pistes qui y mènent ne sont accessibles qu’aux véhicules tout terrain et aux camions bien équipés. Dans les terres, sur les collines isolées, la population touche le fond de la misère. Reportage.



De notre envoyée spéciale en Haïti

La fillette tient à peine debout. Ses jambes osseuses, toutes tordues, peinent à supporter le corps qu’on devine si frêle sous sa robe rouge en lambeaux. Tixie a dix-huit ans mais en paraît douze. « C’était un bébé en pleine santé, c’est la faim qui l’a rendue difforme », soupire sa mère.


Nous sommes à Mawo, un village isolé, à deux heures de piste d’Anse Rouge : des cases en torchis plantées sur une terre aride hérissée de cactus, un vent de poussière qui souffle sur les pierres. A Mawo, il n’y ni eau, ni électricité, ni école, ni dispensaire. « Nous vivons ainsi à la grâce de Dieu », entame le pasteur, « les plus faibles d’entre nous ont déjà rejoint le Seigneur. »

Fruits de cactus et soupe de terre

Sur la place du village, deux hommes pilent le petit mil, un enfant en pleurs à leurs pieds. « Il a faim mais, au moins, il a encore la force de crier », commente son père. Et il ajoute : « Demain ou après-demain notre réserve de petit mil sera épuisée. La prochaine récolte aura lieu en novembre. » Une femme montre sa gamelle : de la paille pilée. « Mon mari est mort, c’est ainsi que je nourris mes enfants. » Deux gamins nous entraînent, dégringolent pieds nus sur la terre sablonneuse, remontent au flanc d’une colline avoisinante. « Voici notre garde-manger », ironise Wilsen devant un champ de cactus. Il saisit une branche sèche, fait choir un fruit épineux et explique : « Il faut le faire bouillir longtemps, pour faire sortir les piquants. On s’écorche parfois la bouche, mais c’est ce qui nous permet de vivre. »



Wilsen désigne les étendues pelées, les cactus, les pierres sèches coupantes et poursuit : « Le problème, c’est qu’il nous faut du bois pour allumer le feu, et il y en a de moins en moins par ici ». Une femme nous a rejoints, et gratte la terre de ses doigts effilés. Elle en prend une poignée et, délicatement en retire tous les petits cailloux. « C’est pour la soupe, pour accompagner le cactus », explique-t-elle. Des gamins l’imitent, puis lèchent la paume de leurs mains. Une trace ocre souligne leurs lèvres : le maquillage de l’extrême misère.

Nous croyons en Dieu et en Préval

Malgré leur faiblesse, tous les habitants de Mawo sont allés voter le 7 février dernier. Pour cela, ils ont dû marcher deux heures sous le soleil brûlant. « Nous avons accompli notre devoir », commente simplement une femme. Le pasteur ajoute : « Ici, nous croyons en Dieu et en Préval. Le président a promis du changement, alors nous attendons. Mais il ne faut pas que cette attente dure trop longtemps, car Dieu voit notre misère, et peut nous rappeler à lui à tout moment. » Sur la terre sèche devant une case en torchis, Tixie, la jeune fille aux jambes tordues sourit tristement. « Je n’ai pas peur de mourir, dit elle, mais j’aimerais manger avant. »

par Anne Corpet

Article publié le 22/05/2006 Dernière mise à jour le 22/05/2006 à 13:21 TU
http://www.rfi.fr/actufr/articles/077/article_43877.asp
Revenir en haut Aller en bas
https://vuesdumonde.forumactif.com/
Partager cet article sur : reddit

Haïti:Manger de la terre :: Commentaires

Aucun commentaire.
 

Haïti:Manger de la terre

Revenir en haut 

Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Haiti Analysis:Haitï - Jean-Bertrand Aristide
» Manger local pour mieux manger!
» Haïti et la France par Claude Ribbe
» Manger vivant
» Haïti:Au pays de l'intimidation

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE :: HISTOIRE-HISTORY :: NEO-COLONISATION-
Sauter vers: