Des opérateurs économiques se plaignent
Le manque d’infrastructures et l’informel freinent l’investissement en Algérie
par Safia Berkouk
Dix-huit grands projets d’investissements directs étrangers relevant de secteurs différents ont été identifiés pour l’année 2006 pour une valeur de 6,5 milliards de dollars. A eux seuls, ces projets totalisent un montant qui est plus de quatre fois supérieur au total des IDE, enregistrés en 2005, hors hydrocarbures et qui se sont élevés à 1,5 milliard de dollars.
L’investissement étranger en Algérie augmente, certes, mais reste en deçà des potentialités du pays, au moment où les opérateurs nationaux se plaignent encore de la persistance de certains obstacles qui entravent leur volonté d’investir.
C’est du moins ce qui ressort de la table ronde organisée, hier au forum d’El Moudjahid, autour du thème de l’investissement étranger et national en Algérie, en présence des représentants des pouvoirs publics, de l’organisation patronale et d’opérateurs économiques.
Alors que le directeur général de l’ANDI, M. Baghdadli, s’est évertué à fournir, chiffres à l’appui, la démonstration que l’investissement en Algérie va de mieux en mieux, certains opérateurs économiques, à l’image du P-DG du groupe Cévital, M. Issad Rebrab, ont fait part de nombreuses difficultés que rencontrent les investisseurs en Algérie et plus particulièrement les nationaux.
Il a ainsi soutenu que «les opérateurs économiques ne peuvent pas investir dans un pays où il n’y a pas d’infrastructures». Selon lui, «l’Etat doit accorder des facilités aux investisseurs», comme il doit mettre en place «une réglementation transparente et efficace, garantir la disponibilité du foncier, développer des mécanismes financiers qui permettent de transférer l’épargne nationale vers des sociétés productives, réformer le secteur bancaire et assurer des conditions de concurrence loyale».
De plus, l’Etat doit également dispenser la formation et l’éducation qui permettront aux jeunes d’aujourd’hui de créer leurs propres entreprises. D’autant que l’Algérie a fortement besoin d’un tissu de PME renforcé pour développer une économie qui reste fortement dépendante des hydrocarbures et dont les revenus tournent autour de 100 milliards de dollars par an.
En Outre, M. Rebrab a préconisé d’accorder une grande importance au secteur agricole qui demeure sous-exploité. De son côté, le directeur général de l’ANDI, M. Baghdadli, a soutenu qu’à la faveur de l’amélioration des indicateurs économiques du pays, la destination Algérie figure dans les stratégies d’investissement des opérateurs étrangers.
Par ailleurs, les investisseurs nationaux ont «une perception positive de l’avenir du pays», a-t-il ajouté, arguant du fait que 20 % des projets d’investissements déclarés en 2005 sont des projets d’extension, ce qui représente un montant de 181 milliards de dinars, soit 35 % du montant global des investissements déclarés et qui est de 6 435 milliards de dinars.
Le bilan de 2005 fait état de 2 255 projets d’investissements déclarés, dont 84 projets impliquant des étrangers pour un montant de 133 milliards de dinars. Les 9 guichets décentralisés de l’agence ont reçu la visite de 3 380 investisseurs et 3 autres guichets seront bientôt ouverts, selon le même responsable.
Le responsable de l’ANDI a reconnu que le code actuel des investissements «est faible par rapport à l’ancien qui avait accordé aux entreprises plus d’avantages, car élaboré dans un contexte où la pression fiscale était plus lourde».
Même si le nouveau code n’accorde pas autant d’avantages, M. Baghdadli a toutefois souligné qu’entre 2001 et 2006, il y avait des réductions successives du poids de la fiscalité sur les entreprises, notamment dans les textes des lois de finances.
Lors des débats, les participants au forum ont notamment soulevé les questions relatives au retard pris dans la conduite de la réforme bancaire et le poids du secteur informel qui représente 33 % de l’économie nationale, des obstacles aux investissements en Algérie.
S. B.
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