frik.com : L’informel est considéré par la majeure partie des Etats africains comme une maladie qui gangrène les économies nationales. Est-il aussi néfaste ?
François Paul Yatta : L’informel fait, en effet, l’object de toutes sortes de critiques. Mais heureusement que ce secteur existe, ne serait-ce que pour la paix sociale. Sans lui, ce serait la révolution partout. Il offre plus de 2/3 de l’emploi dans les villes et entre le 1/3 et la moitié de la valeur ajoutée dans les villes. Le secteur informel permet de mettre en relation les différents agents économiques. C’est un secteur très vivant et très imaginatif, beaucoup plus flexible que le secteur formel par rapport au marché. Il arrive mieux à s’adapter. Je pense même que c’est de là que sortiront les futurs chefs d’entreprise africains qui permettront de renforcer la compétitivité du continent. La politique actuelle, quant à l’informel, est plutôt l’éradication. Alors qu’il faudrait, au contraire, l’étudier pour mieux le comprendre, pour savoir quelle est sa contribution réelle à l’économie d’un pays. Mais cet effort de la connaissance du secteur informel n’est pas fait par les différentes autorités nationales. Ce qui se traduit par des politiques plus ou moins inadaptées.
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