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 Même en exil, John Githongo poursuit son combat anticorrupt

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mihou
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mihou


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Même en exil, John Githongo poursuit son combat anticorrupt Empty
18052006
MessageMême en exil, John Githongo poursuit son combat anticorrupt

Courrier international, no. 808
Afrique, jeudi 27 avril 2006, p. 37

KENYA
Même en exil, John Githongo poursuit son combat anticorruption

Alan Cowell

Parce qu'il dérangeait le pouvoir et sa propre ethnie, cet ancien journaliste a dû quitter son pays. Il est aujourd'hui le porte-parole de ces citadins qui veulent en finir avec les clans.

John Githongo est-il une sorte de Lénine africain, attendant de rentrer avec les honneurs dans un Kenya au seuil du changement, comme l'insinuent certains ? Un homme qui a trahi ses racines, sa classe, son ethnie et sa patrie en lavant son linge sale en toute sécurité dans un bureau d'Oxford, à 6 500 kilomètres de chez lui, comme l'affirment ses détracteurs ? La question plane inévitablement sur toute conversation avec l'ancien responsable de la lutte anticorruption du Kenya.

En clair, John Githongo est-il désormais promis aux plus hautes fonctions pour avoir révélé l'ampleur des malversations sévissant au sommet et ébranlé un gouvernement déjà impopulaire ? A 40 ans, l'ancien journaliste se voit-il président ? L'homme est habitué à la question et minaude un peu. "Tout le monde me demande ça", répond-il dans le bureau que lui prête le Saint Anthony's College d'Oxford depuis l'an dernier, quand il a décidé de fuir le Kenya, notamment en raison des menaces pesant sur sa vie. Il poursuit en choisissant soigneusement ses mots : "Le travail accompli ici m'a propulsé sur la scène politique. [Mais] je ne possède aucune base rurale. J'ai trahi toute ma tribu et l'élite qui entoure le président, ce qui les fait bouillir de rage encore aujourd'hui. Cela m'est égal. Mais je vais rester ici un moment et tout faire pour que les choses changent."

John Githongo en a déjà assurément fait changer certaines. Trois ministres ont démissionné, et la police a confisqué les passeports des fonctionnaires qu'il accuse de corruption dans le dossier de 36 pages qu'il a constitué après son exil volontaire. "Et ce n'est pas fini, poursuit-il. Je n'ai révélé qu'un tiers de l'iceberg." De peur d'une agression, la police britannique a placé John Githongo sous protection discrète, malgré sa taille et sa carrure d'haltérophile. On lui a aussi conseillé de déménager régulièrement et de ne jamais prendre le même chemin pour se rendre à son travail. L'homme a pourtant l'air plus détendu qu'on ne s'y attendrait.

Ancien journaliste d'investigation, il a également été responsable de la branche locale de Transparency International, une ONG spécialisée dans la lutte contre le népotisme. Et, en décembre 2002, il devenait le responsable anticorruption du nouveau président, Mwai Kibaki [qui a succédé à Daniel Arap Moi à la tête de l'Etat après la première élection démocratique de l'histoire du pays]. Mais John Githongo a vite compris que sa nomination relevait davantage de la poudre aux yeux que d'une volonté réelle de traquer les corrompus.

Son père est en effet proche de l'élite kényane. Comptable, il travaillait au lendemain de l'indépendance dans le cabinet de Jomo Kenyatta, le premier président du pays. Et sa famille appartient à l'ethnie kikouyoue, comme le président Kibaki. Les ministres pensaient donc pouvoir obliger John Githongo à coopérer en échange de l'effacement des dettes de son père. "Ils comptaient sur moi pour ne rien faire, se souvient-il. Ils me disaient : 'C'est ainsi depuis toujours. Il nous faut simplement agir avec plus de subtilité et de prudence que les autres.'" La présence d'un tsar anticorruption était en outre considérée par le gouvernement comme une nécessité politique. "La lutte anticorruption est électoralement payante, précise John Githongo. Et puis, cela aide dans les discussions avec le FMI, la Banque mondiale. Mais tout cela ne veut pas forcément dire que vous y croyez".

La nouvelle génération s'identifie moins au village

Pourtant, "la particularité de la corruption africaine tient à l'ampleur des inégalités qu'elle génère, s'indigne notre homme. Le gouffre qui sépare ceux qui ont quelque chose et ceux qui n'ont rien n'est nulle part aussi profond. Et, la mobilisation politique reposant souvent sur l'ethnie ou la tribu, tout cela est explosif."

Mais les sociétés africaines changent, se réjouit-il. La nouvelle génération citadine refuse de plus en plus de vivre dans le corset des liens ancestraux qui attachent traditionnellement les foyers urbains à leurs racines rurales. Des liens qui, aux yeux de John Githongo, paralysent le continent en obligeant les citadins qui réussissent au gouvernement ou dans les affaires à dispenser leurs largesses aux membres du clan restés au village. Et cette réalité encourage à son tour la corruption permettant de répondre à ces attentes. Mais, en ces temps d'urbanisation, l'identification au village natal s'érode. "L'ère rurale s'éteint, explique John Githongo. Cette relation ancestrale avec la terre natale, qui est la cause de tant de nos problèmes, n'a plus aucun sens aujourd'hui." Au Kenya, l'urbanisation "a transformé les bourgs en villes. Les cerveaux les plus brillants sont aspirés par ces métropoles anarchiques, tentaculaires mais excitantes. Mon lieu de référence est la ville."

"La plupart des Africains sont plusieurs choses à la fois", poursuit-il. Son propre grand-père, par exemple, a reçu le baptême catholique de missionnaires irlandais appartenant à l'ordre des Pères blancs. Lui-même est né en Angleterre, et il est rentré au Kenya encore enfant. Là, il a fréquenté une prestigieuse école catholique. Il se dit encore pratiquant. Puis il est retourné en Grande-Bretagne étudier la philosophie et l'économie à l'université de Swansea, au pays de Galles. Il côtoie l'élite. Depuis son séjour à Oxford, il s'est rendu aux Etats-Unis, où il a notamment rencontré Paul Wolfowitz, le directeur de la Banque mondiale. "Une partie de vous-même est rurale ; une autre est avocat ou journaliste ; une autre encore est politique ; une dernière enfin est religieuse, dit-il. Et il n'y a aucune contradiction dans tout cela : vous pouvez être à la fois un chrétien fervent et un avocat qui doit retourner au village dispenser ses faveurs." Mais aujourd'hui il faut que cela cesse. "L'Afrique a été distancée par l'Asie et les autres. Nous devons nous ressaisir."
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