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 Le Brésil veut libérer ses derniers esclaves

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mihou
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mihou


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18052006
MessageLe Brésil veut libérer ses derniers esclaves

Le Brésil veut libérer ses derniers esclaves


Anne Cheyvialle
Le Figaro 15 mai 2006, (Rubrique Reportages)

L'homme reste bouche bée devant le convoi de 4 x 4 qui déboule au petit matin à l'entrée de la fazenda (ferme) Santa Genoveva, dans le Tocantins. Des agents de la police fédérale, tout de noir vêtus, mitraillette et revolver au poing, mettent pied à terre. Suivent des représentants du ministère du Travail. Humberto Celio, le chef de l'opération, aborde le gérant hébété. «Nous sommes en mission d'inspection du gouvernement, nous voulons rencontrer les salariés de la fazenda et visiter leurs baraquements», explique-t-il.

Visiblement tendu et nerveux, le gérant accepte malgré tout de coopérer. Sur le chemin gît le cadavre d'une vache. Abattue la veille car atteinte de rage, explique un paysan. Après plusieurs kilomètres de voiture, l'équipée finit à pied, dans la boue, et on accède au campement : trois abris sommaires faits de bouts de bois et d'une bâche de plastique. Il n'y a ni sanitaire, ni eau potable. Juste un petit ruisseau insalubre utilisé pour la vaisselle, la toilette et la consommation. Deux bassines, couvertes de mouches, sont remplies de viande de la vache enragée. Seize travailleurs saisonniers vivent ici, dorment dans des hamacs de fortune dans la moiteur et les moustiques. Embauchés pour débroussailler des parcelles, ils sont payés à la tâche, l'équivalent de 210 reals (80 euros) par mois, même pas un salaire minimum (350 reals, ou 135 euros). En réalité, ils n'ont reçu qu'une petite partie de leur paie, à peine la moitié. Certains sont là depuis des mois, en famille. Deux enfants, de 3 et 6 ans, assis sur un rondin de bois dans l'atmosphère enfumée du feu de bois, suivent l'agitation d'un regard absent. «Ils sont tous les deux atteints d'affection pulmonaire», diagnostique Zuleide Melo, responsable de l'audit sanitaire. La petite ville d'Arapoema est bien trop loin, 20 kilomètres, pour qu'on emmène les enfants au poste de santé. Mais, pour leur mère, embauchée comme cuisinière, tout va bien. Certes, les conditions sont difficiles, mais ce sera la même chose ailleurs. «Nous n'avons pas le choix. Il faut bien travailler», lâche la jeune femme d'un ton résigné.

Difficile d'en savoir plus, le gérant se tient tout près. «Ils hésitent à témoigner par peur des représailles», note Zuleide. Pour Humberto, la situation de ces travailleurs ne souffre aucune hésitation : «Ils doivent être retirés de l'exploitation. Immédiatement.» En vertu de l'article 149 du Code pénal brésilien, ils sont «réduits à des conditions analogues à de l'esclavage». «Traités pire que le bétail, sans aucune condition d'hygiène, précise-t-il. Et sans carte de travail, ils sont retenus à Goiana, chez le propriétaire.» Selon l'Organisation internationale du travail, le travail forcé ferait entre 25 000 et 40 000 victimes au Brésil, et 1,3 million en Amérique du Sud. L'esclave d'aujourd'hui est un homme de 20 à 50 ans, analphabète, sans terre et sans papiers, originaire du Maranhao et du Piaui, deux Etats pauvres du Nord. A Araguaina, dans le Tocantins, plaque tournante de l'esclavagisme, la mécanique d'exploitation est extrêmement bien rodée. En quête de travail, le futur esclave atterrit sur le petit marché, près de la gare routière, un dédale de rues remplies d'échoppes, de bordels et de pensions pour peao (ouvrier agricole). Dona Raimondinha, tenancière, parle presque avec orgueil de son business. Son «hôtel» ressemble plus à un garage, avec quelques crochets aux murs pour poser son hamac et un vague point d'eau. «Pour 15 reals par jour, je fournis la nourriture, trois repas par jour ! Je fais aussi crédit !», explique-t-elle. Acte de générosité ? «Pas vraiment, explique le frère Xavier Plassat, de la Commission pastorale de la terre, très engagée dans la lutte contre l'esclavage. Comme les autres, dona Raimondinha est en cheville avec le gato (le «chat», surnommé ainsi parce qu'il retombe toujours sur ses pattes), un intermédiaire chargé de recruter de la main-d'oeuvre bon marché. Le gato promet un bon travail et rembourse l'ardoise laissée par le paysan : logement, nourriture, cachaça, prostituées... Ainsi commence le piège de l'endettement.» Ensuite, sur place et totalement isolés, les «travailleurs» doivent se fournir à crédit, et très cher, dans l'épicerie de la fazenda. Le gato décompte le voyage et la nourriture. Et le piège de la dette se referme.

Les plus audacieux s'enfuient, parcourent des kilomètres à pied et témoignent. En 2005, 280 dénonciations ont été enregistrées, principalement dans le Para et le Mato Grosso, les deux Etats champions de l'agrobusiness, et le long de la frontière de la déforestation amazonienne. Une sur quatre déclenche une opération de fiscalisation. Initiés en 1995, les contrôles ont connu un coup d'accélérateur en 2003, après une forte mobilisation de la société civile et l'engagement du président Lula d'éradiquer l'esclavagisme. «Cette année-là, le nombre d'opérations a doublé. Aujourd'hui, notre rythme est de six par mois», se félicite le coordinateur national du ministère, Marcelo Campos. Le nombre d'esclaves libérés est passé de 300 en 1995 à 4 586 en 2005. En théorie, propriétaires et gatos sont passibles d'une peine d'emprisonnement de deux à huit ans. «Sauf qu'à ce jour, personne n'a fait de prison ferme, déplore le frère Xavier. Sur le volet pénal, on est au point mort, les dossiers sont classés sans suite par la justice commune, souvent de connivence avec les élites locales. L'impunité reste très grande.» «Les quelques condamnations se limitent à de légères amendes ou à la distribution de rations alimentaires», renchérit Marcelo. La législation évolue à petits pas, à l'image du projet de loi prévoyant l'expropriation des terres, projet adopté au Sénat, mais toujours bloqué à la Chambre de députés. Cependant, les condamnations du ministère public pour dommages moraux collectifs sont de plus en plus sévères, jusqu'à 2 millions de reals (environ 800 000 euros). L'amende pour le propriétaire de la fazenda Bruno devrait atteindre 550 000 reals (180 000 euros). Enfin, une «liste sale» est publiée par le ministère depuis 2003. Elle recense aujourd'hui les 160 entreprises accusées de travail forcé. A Arapoema, Humberto a obtenu du propriétaire le paiement de tous les salaires dus sur la base du revenu minimum légal, plus trois mois d'indemnité chômage. Chaque travailleur détiendra une carte de travail en bonne et due forme. Mais que vont-ils devenir ? «Par manque d'éducation et de perspectives, le risque est grand de replonger. Mais la lutte continue», conclut Humberto, qui se veut optimiste.
Sources:
http://www.lefigaro.fr
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https://vuesdumonde.forumactif.com/
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