Après un peu plus de quarante ans d’une prétendue indépendance de l’Afrique Noire, on ne peut déceler nulle part sur le continent subsaharien, le moindre indice d’une manifestation de la volonté des néocolonies africaines de s’attaquer aux écueils qui entravent le chemin du Peuple africain vers sa Renaissance.

Certes, une organisation régionale de caractère économique, telle que l’Union Economique et Monétaire Ouest Africain (U.E.M.O.A.), semble manifester une volonté de regroupement qui apparaît en l’Article 16 du Traité portant sa création, et instituant une commission composée de sept membres qui, dans l’esprit de l’Art.28, « exercent leurs fonctions en toute indépendance dans l’intérêt général de l’Union. Ils ne sollicitent ni n’acceptent d’instructions de la part d’aucun gouvernement ni d’aucun organisme. Les Etats membres sont tenus de respecter leur indépendance », et que l’Article 43 du Traité constitutif de la même U.E.M.O.A., autorise la Commission à rendre des règlements et des décisions. Des règlements qui ont une portée générale : ils sont obligatoires dans tous les éléments et sont directement applicables dans tout Etat membre, cependant que ses décisions sont « obligatoires dans tous leurs éléments pour les destinataires qu’elles désignent ».

Au regard des différentes dispositions mises en place par le Traité de UEMOA, on peut penser que celle-ci a été dotée d’un véritable gouvernement, à l’instar de l’Union Européenne, par exemple, de même que la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale laisse penser qu’elle s’est engagée dans la même voie ; mais, la nature véritable des Etats africains incite à la prudence, d’autant que l’engagement véritable dans une telle politique, obligerait ces dictatures prébendières à consentir des abandons de souveraineté, même si ces abandons ne concernent que des domaines limités. Ce à quoi elles se sont toujours refusées jusqu’ici. Au surplus, l’aboutissement d’une telle démarche étant le fédéralisme qui est fondé sur la renonciation par leur Etat à la « souveraineté internationale » au profit d’un vaste ensemble de type continental, il est clair que les présidents à vie dont le patriotisme et l’engagement dans l’intérêt collectif ne sont que de la mystification, n’acceptent, autrement que du bout des lèvres, ou alors contraints et forcés, de se séparer d’un pouvoir qui leur sert avant tout d’instrument privilégié d’enrichissement sans cause, de multiples crimes impunis et de divers autres délits.

Il est donc à craindre que la nouvelle orientation affichée par les deux unions monétaires africaines ne soit, en définitive, rien d’autre qu’une forme économique du grand tapage organisé à Lomé (Togo), du 10 au 12 Juillet 2000, par l’O.U.A. sous l’impulsion du Libyen Mouhammar KHADAFI, dans le but de transformer ladite O.U.A. en Union Africaine qui, comme le déclarait un participant à son sommet, n’est en fait qu’un « très bon toilettage de l’O.U.A. qu’elle remplacera en temps opportun » <1> . Ce qui est fait désormais aujourd’hui.

L’Union Africaine ne semble, ce faisant, pouvoir s’imposer qu’en tant que structure de dépoussiérage de l’O.U.A. dont l’échec et la criminalité désormais patents, sont indéniables, surtout avec sa mise sous tutelle par la France-Afrique dont la France est le cerveau, la cybernétique et l’ordonnatrice, évidence symbolisée en Juin 2001, par l’intervention militaire de la Libye en Centrafrique, aux côtés de la France, pour sauver la dictature franco-africaine de Ange PATASSE.

On prête à François MITTERRAND, d’avoir déclaré que l’Afrique Noire est le seul continent que l’on peut tenir avec seulement cinq cents hommes.

L’Afrique Noire aura-t-elle cependant la force ou la volonté de se maintenir en vie ? Ou au contraire, a-t-elle l’instinct de conservation si annihilé qu’elle est prête à disparaître ? A elle de répondre : soit en réagissant rapidement, soit en acceptant de disparaître par indigence. Elle n’a le choix qu’entre ces deux alternatives <2>.


Références bibliographiques:
<1> François-Xavier VERSCHAVE : France Afrique. Le crime continue, Ed. Tahin Party, 2000, P. 35

<2> SPENCER : Introduction à la science sociale, 1875. PP. 61-62 et 432

<3> Pierre LYAUTEY : L’Empire colonial français, Ed. De France 1931, P. 208.
<1> CHEIKH ANTA DIOP : Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique Noire, P.31.

<2> Samir AMIN : Le Développement Inégal, Essai sur les formations sociales du capitalisme périphérique Ed. De Minuit, Paris 1973, P.207.
<1> In Jeune Afrique, n°2062 du 18 au 24 Juillet 2000.

<2> Pour son entrée dans le Troisième Millénaire, le Peuple Noir doit indiquer clairement, après une tétanisation dont le coup d’envoi a été l’invasion et l’occupation de l’Egypte Antique par des Peuples étrangers, et le point d’orgue des vastes razzias dites traite des noirs, qu’il est plus que jamais décidé à ne pas disparaître.