Relations Iran-États-Unis
Lettre de Mahmoud Ahmadinejad à George W. Bush
8 mai 2006
A M. George Bush,
Président des Etats-Unis d’Amérique
Depuis quelque temps, je me demande comment quiconque pourrait-il justifier les contradictions flagrantes qui existent dans l’arène internationale - et qui font l’objet de débats constants, en particulier dans les fora politiques et entre étudiants de nos universités ?
Beaucoup de questions demeurent sans réponse.
C’est ce qui m’amène à discuter certaines de ces contradictions et de ces questions, dans l’espoir que cela puisse apporter une opportunité d’y trouver une solution.
Comment un adepte de Jésus-Christ (Que la Paix soit sur Lui), le grand Messager de Dieu, peut-il se sentir obligé de respecter les droits de l’ homme, de présenter le libéralisme comme s’il s’agissait d’un modèle de civilisation, annoncer son opposition à la prolifération des armes nucléaires et des armes de destruction massive, de faire de la « guerre contre le terrorisme » son slogan et finalement d’œvrer à l’instauration d’ une communauté internationale unifiée - une communauté que le Christ et les vertueux sur la Terre dirigeront un jour - tout en faisant que des pays sont agressés, les vies, les réputations et les biens des gens détruits, et cela, alors qu’il n’y avait qu’une chance minime d’attendre les. les « criminels », dans un village, dans une ville, ou dans un convoi. Avec malheureusement - les exemples existent - un village, une ville, ou un convoi (sur une route) entièrement transformés en brasiers. ?
Ou bien, à cause de la possibilité qu’il y ait des armes de destruction massive dans un pays, ce pays est occupé, près de 100 000 personnes tuées, ses sources d’eau, son agriculture et son industrie détruites, près de 180 000 soldats étrangers déployés sur son territoire, le sanctuaire des domiciles privés de ses citoyens violé, et ce pays ramené au bas mot cinquante ans en arrière ?
A quel prix ? Des centaines de milliards de dollars dépensés, ponctionnés dans le trésor d’un pays et de certains autres, et des dizaines de milliers de jeunes hommes et de jeunes femmes - constituant les troupes d’ occupation - exposés au danger, tenus éloignés de leur famille et de leurs êtres chers, leurs mains tachées du sang d’autrui, soumis à une telle pression psychologique que, tous les jours, certains d’entre eux se suicident et que ceux qui retournent chez eux souffrent de dépression, sont maladifs et aux prises de toutes sortes d’affections ; tandis que d’autres se font tuer et qu’on remet leur dépouille à leurs proches.
Au prétexte de l’existence alléguée d’armes de destruction massive, cette immense tragédie en est venue à englober les deux peuples : celui du pays occupé, et celui du pays occupant.
Puis il fut révélé qu’aucune arme de destruction massive ne s’y trouvait, pour commencer. Bien sûr, Saddam était un dictateur criminel. Mais la guerre n’a pas été menée, qui aurait pu le renverser. Le but déclaré de la guerre, c’était de trouver et de détruire des armes de destruction massive introuvables ! Saddam a été renversé au passage, sur la voie d’une autre objectif de guerre. Mais qu’importe : les habitants de la région s’en réjouissent. Je fais observer que tout au long des nombreuses années de sa guerre contre l’Iran, Saddam a été continûment soutenu par l’Occident.
Monsieur le Président, vous le savez sans doute : je suis enseignant. Mes étudiants me demandent comment de tels actes pourraient-ils être mis en cohérence avec les valeurs soulignées au début de cette lettre et se conformer à la tradition de Jésus-Christ (Que la Paix soit sur Lui), ce Messager de paix et de pardon.
Il y a des prisonniers, à Guantanamo Bay, qui n’ont toujours pas été jugés, qui n’ont pas d’avocat, que leurs familles ne peuvent pas voir et qui sont à l’évidence maintenus en détention dans une terre étrangère, loin de leur propre pays.
Aucune mission de surveillance de leurs conditions (de détention) et de leur sort n’est en place. Personne ne sait quel est leur statut : prisonniers (de droit commun), prisonniers de guerre, prévenus ou condamnés ?
Des enquêteurs européens ont confirmé l’existence de prisons secrètes en Europe, aussi. J’ai eu beau chercher : je n’ai trouvé aucun texte, dans un quelconque système juridique, qui autoriserait l’enlèvement d’une personne, ni que cette personne - homme ou femme - soit retenue dans quelque prison secrète.
A ce sujet, je ne parviens pas à comprendre comment ce genre d’agissement pourrait correspondre aux valeurs soulignées au début de cette lettre, à savoir : les enseignements de Jésus-Christ (Que la Paix soit sur Lui), les droits de l’Homme et les valeurs humaines.
Les jeunes gens, les étudiants et beaucoup de gens ordinaires se posent beaucoup de questions à propos du phénomène que représente Israël.
Je suis certain que vous êtes familiarisé avec certaines d’entre elles.
Tout au long de l’Histoire, beaucoup de pays ont été occupés, mais je pense que la création d’un nouveau pays, dans lequel on a amené un autre peuple, est un phénomène sans aucun précédent historique.
Mes étudiants me disent que voici soixante ans seulement, ce pays n’existait pas. Ils me montrent de vieux documents et d’anciens globes terrestres et ils me disent qu’ils ont eu beau chercher, ils n’ont pas trouvé de pays appelé « Israël ».
Je leur conseille d’étudier l’histoire des Première et Seconde Guerres mondiales.
Un de mes étudiants m’a dit qu’au cours de la Seconde Guerre mondiale, qui a causé la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes, les informations relatives au conflit étaient rapidement diffusées par les protagonistes.
Chaque pays en conflit vantait ses victoires et célébrait les dernières défaites de ses ennemis sur la ligne de front.
Après la guerre, ces pays prétendirent que six millions de Juifs avaient été tués.
Ces six millions de personnes devaient avoir un lien de parenté avec au minimum deux millions de familles.
Là encore, supposons que ces événements soient authentiques.
Doivent-ils se traduire logiquement par la création de l’Etat d’Israël en plein Moyen-Orient, ou par un soutien à un Etat de ce genre ? Comment ce phénomène peut-il être rationalisé, ou expliqué ? Monsieur le Président, je suis convaincu que vous savez de quelle manière - et à quel prix - Israël a été créé : plusieurs milliers de personnes ont perdu la vie, au cours de ce processus ;
Des millions d’indigènes ont été transformés en réfugiés ;
Des centaines de milliers d’hectares de terres agricoles, d’oliveraies, des villes et des villages ont été détruits ;
Cette tragédie ne se limite pas exclusivement à l’époque de la création d’ Israël ; malheureusement, elle s’est poursuivie, et elle entre actuellement dans sa soixantième année.
Un régime a été instauré, qui ne démontre pas la moindre pitié, même envers des enfants, qui détruit des maisons alors que leurs habitants sont encore à l’intérieur, qui annonce par avance sa liste de personnalités palestiniennes à abattre, ainsi que ses plans à cette fin, et qui détient des milliers de Palestiniens prisonniers dans ses geôles.
Un phénomène tel celui-ci est unique - ou en tous les cas extrêmement rare - dans l’histoire récente.
Une autre grande question que posent les gens, c’est celle de savoir pourquoi ce régime bénéficie-t-il d’un quelconque soutien ? Soutenir un tel régime, est-ce conforme avec les enseignements de Jésus-Christ (Que la Paix soit sur Lui), ou de Moïse (Que la Paix soit sur Lui), ou encore les valeurs humanistes ? Ou bien devons-nous comprendre que le fait de permettre aux habitants originels de ces terres - à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine (dans la diaspora) - qu’ils soient chrétiens, musulmans ou juifs, de déterminer leur sort irait à l’encontre de la démocratie, des droits de l ’homme et des enseignements des prophètes ? Sinon, pourquoi cette opposition acharnée à tout référendum ? Le gouvernement palestinien, nouvellement élu, vient de prendre ses fonctions.
Tous les observateurs indépendants ont confirmé que ce gouvernement est représentatif de l’électorat.
Mais voilà : d’une manière totalement incroyable, on a placé ce gouvernement élu sous pression, et on lui a fortement « conseillé » de reconnaître le régime israélien, d’abandonner la lutte et de suivre le programme du gouvernement précédent.
Si le gouvernement palestinien actuel s’était présenté sur la plate-forme électorale en question, le peuple palestinien aurait-il voté pour lui ? Encore une fois, une position telle celle-là, prise en opposition au gouvernement palestinien, peut-elle être considérée en adéquation avec les valeurs que j’ai souligné plus haut ? Les gens disent aussi : « Pourquoi toutes les résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu condamnant Israël ont-elles fait l’objet d’un veto ? » Monsieur le Président, comme vous le savez certainement, je vis parmi les gens de mon peuple, et je suis constamment en contact avec eux - beaucoup de gens, dans l’ensemble du Moyen-Orient, tiennent à me contacter, également.
Eux non plus, ils ne croient pas à ces politiques douteuses.
Il est de plus en plus évident que les peuples de notre région du monde sont de plus en plus en colère contre ces politiques.
Il n’est pas dans mon intention de multiplier les questions, mais je tiens à faire référence, également, à d’autres points.
Pourquoi toute réalisation technique et scientifique aboutie, au Moyen-Orient, est-elle immédiatement transformée et dépeinte en menace pour l’entité sioniste ? La recherche et développement, en matière scientifique, n’est-elle pas un droit fondamental pour tout pays ?
Vous connaissez bien l’Histoire.
Mis à part le Moyen Âge, à quelle autre époque, dans l’Histoire, le progrès scientifique et technique a-t-il été considéré comme un crime ? La possibilité que des réalisations scientifiques soient utilisées à des fins militaires est-elle une raison suffisante pour s’opposer carrément à la science et à la technologie ? Si une telle assertion est vérifiée, alors toutes les disciplines scientifiques, y compris la physique, la chimie, les mathématiques, la médecine, l’ingénierie, etc. doivent être contrées
Jeu 11 Mai - 11:38 par Tite Prout