Les islamistes et nous
Pierre Beylau
La propagation de l'islamisme pose à l'Occident un triple problème. Le premier est sécuritaire. Même si tous les fondamentalistes ne deviennent pas des poseurs de bombes, cette mouvance constitue le bouillon de culture et la matrice idéologique sans lesquels le terrorisme ne pourrait se développer. Le deuxième problème est « civilisationnel ». Les idées véhiculées par les islamistes sont difficilement compatibles avec les valeurs, les modes de vie et les systèmes politiques occidentaux. La charia et le Code pénal ne font pas bon ménage. Pris au pied de la lettre, le Coran est inconciliable avec la démocratie. La notion de laïcité est un lointain héritage du christianisme : « rendre à César ce qui appartient à César, à Dieu ce qui appartient à Dieu ». Le troisième problème est méthodologique : comment faire la différence entre islam et islamisme, éviter les amalgames dangereux, distinguer entre ce qui relève d'une légitime foi personnelle et ce qui appartient au registre de l'agitation politico-religieuse ? Si l'Occident a du mal à comprendre les fondamentalistes musulmans, les islamistes vivent, eux, dans un univers mental autistique, même s'ils ont assimilé la mondialisation et les techniques modernes de communication. Leur corpus idéologique est fondé sur le mythe fédérateur d'une « oumma » (communauté des croyants) largement imaginaire. Le retour vers une interprétation littérale du Coran constitue, en fait, une tentative désespérée de reconstruction identitaire. Afin d'aider à mieux saisir comment les islamistes nous jugent, comment ils se forment, comment ils essaiment dans nos pays, nos envoyés spéciaux sont allés enquêter au Pakistan, en Irak, en Afghanistan, mais aussi dans les mosquées parisiennes. Car, pour affronter cet inquiétant phénomène, il convient avant tout de le comprendre
© le point 20/10/05 - N°1727 - Page 44 - 276 mots