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 Réflexions sur le drame écologique d’Haiti I

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Tite Prout
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Tite Prout


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15042006
MessageRéflexions sur le drame écologique d’Haiti I

Réflexions sur le drame écologique d’Haiti

jeudi 13 avril 2006

Par Roger Michel [1]

Soumis à AlterPresse 11 avril 2006

Le drame écologique d’Haïti découle du mode de façonnement et de la gestion de l’espace agraire. Pour bien comprendre ce drame, une approche globale est indispensable. Elle permet de procéder à des réflexions portant sur des facteurs socio-économiques et des circonstances historiques observées dans l’évolution de ce pays étant à l’origine de son drame écologique.

1 L’Intégration d’Haïti dans la civilisation occidentale et ses conséquences écologiques

En 1492, date de la découverte du continent américain par Christophe Colomb, Haïti entre dans l’histoire de la civilisation occidentale. Ce processus va entraîner le passage brutal d’un système socio-économique fermé à un autre ouvert, diamétralement opposé à la protection physique de l’environnement.

1.1 La colonisation française de Saint-Domingue et son grand développement

Vers 1625, des boucaniers et des flibustiers s’établissent sur l’Ile de la Tortue. Peu à peu, ils gagnent les principaux points du littoral occidental : les côtes de la Gonâve, Léogane, Aquin, Ile à vache, Cul-de-sac, Rochelois et forcent les Espagnols à leur céder une grande partie de l’espace occupé à des fins d’exploitation minière et des débuts d’agriculture extensive (culture de coton, de tabac sous brûlis et élevage du bétail importé d’Espagne). Grâce au regroupement des flibustiers et des boucaniers dans des associations qui leur permettent de se protéger réciproquement contre les attaques des Espagnols et d’échanger leurs produits, la petite production agricole va s’implanter dans l’Île pour se transformer plus tard en système de plantations. Celui-ci s’étend au fur et à mesure sur les meilleures terres agricoles.

En 1697, suite au traité de Ryswick, l’Espagne doit céder la partie occidentale de l’île au Royaume de France. La signature de ce traité entérine la domination française sur la partie occidentale de l’Île dénommée alors Saint-Domingue mais avec des frontières mal définies. Toutefois, ce premier acte juridique va marquer le début du grand développement de Saint-Domingue. Des milliers d’esclaves importés d’Afrique sont alors engagés dans les plantations et contribuent à ce grand développement par leur travail servile d’abord dans les plantations de canne à sucre, de coton et par la suite dans celles de café à partir de 1770. Grâce à ce système de plantation, Saint-Domingue est le maillon fort de l’économie française. En cette période, les deux tiers des terres sont tenus par 30.000 colons blancs à l’aide d’un demi-million d’esclaves noirs pour satisfaire la demande externe. Avec leurs ateliers, leurs monocultures de plantation très florissantes, ils fournissent à la veille de la Révolution française, une part d’exportation plus importante que celles des États-Unis. Mais la Révolution de 1789 met brusquement fin aux exportations de Saint-Domingue en raison du partage inégal du pouvoir naissant et des luttes intestines qui vont suivre.

1.2 Période de déclin de l’économie coloniale

Le régime de plantation colonial commence à décliner au moment de la transition vers l’Indépendance. Malgré l’importance économique des plantations héritées, couvrant la plus grande partie des terres fertiles, les couches sociales naissantes ne parviennent pas à les contrôler. « Les ateliers sont partout très réduits. (...) « Sur les habitations de Paroy à l’époque de la Révolution, il existait 550 cultivateurs de tout âge et de tout sexe. Aujourd’hui, il en existe à peine 160 »(...) A travers toute la colonie, c’est le même déficit effrayant de main-d’œuvre ; les bras manquent (...) La production de sucre terré est anéantie (47.500.000 livres pesant en 1789 ; 70.000.000 en1791 ; 16.500 en 1801). Celle du sucre brut est réduite au cinquième (1789 : 95.500.000 livres ; 1801 : 18.500.000 livres). Les récoltes de coton et de cacao atteignent avec grande peine le tiers de celle de 1789. Cependant, le café tient encore bon (77.000.000 de livres en 1789 ; 43.500.000 en 1801) » (Paul Moral, 1961 p. 20).

La révolte générale des esclaves, de 1791 à 1803, est un signe avant-coureur des bouleversements à venir. On peut souligner à ce sujet la première insurrection contre les colons en 1791. Elle conduit à l’assassinat d’un millier de Blancs et provoque la destruction d’une grande partie des plantations et des sucriers. L’arrivée, le 27 août 1793, à Saint-Domingue de Sonthonax et Polvérel envoyés extraordinaires de la Convention, ne va pas apaiser les tensions ni favoriser la reprise de l’économie de plantation. Ils doivent faire face au refus des colons d’approuver leur annonce de l’abolition de l’esclavage tout en maintenant les principes de base pour la restauration de la propriété coloniale.

Pour atteindre cet objectif, Sonthonax et Polvérel, tout en voulant rester dans la ligne de la Convention, annoncent l’abolition de l’esclavage en conservant cependant le système d’agriculteur portionnaire. Par ce système, les esclaves libérés doivent travailler dans les plantations pour recevoir une portion des produits de la récolte. Cette mesure a certainement provoqué le renforcement du marronnage d’esclaves, un phénomène courant datant du début de la colonisation. Redoutant un retour à l’esclavage, ces derniers vont gonfler le groupe de marron dans les mornes. Mais la situation qui prévaut en cette période avec les dissensions entre colons blancs et métis, la guerre de la France contre le Royaume-Uni (1793-1802) et contre les Etats-Unis d’Amérique (1798-1801) ainsi que l’abandon par les Espagnols de la partie orientale de l’Île, annonce une fin certaine de la colonisation et le début de l’autonomie de Saint-Domingue.

Toutes ces guerres isolant les rapports de force de la Métropole avec Saint-Domingue, favorisent sa libération et l’Indépendance d’Haïti a lieu en 1804, notamment grâce au rôle politique et militaire joué par Toussaint au cours de la période de transition qui se fait proclamer gouverneur général de l’Île réunifiée en 1798 après la fuite des Britanniques. Celui-ci a pu parvenir à cette fonction en occupant d’abord le poste d’adjoint du gouverneur français de Saint-Domingue en 1795. En 1796 il est promu général en chef, reprend avec son armée les positions occupées par les Espagnoles et abolit l’esclavage. Dans le but de construire un espace économique fiable, Toussaint commence par mettre en place un programme de restauration des plantations coloniales en faisant revenir dans l’Île les colons en exil (Alliance de Toussaint avec les colons) en 1801 tout en imposant des règlements de cultures destinés à maintenir les anciens esclaves sur les plantations. Toutefois, en 1802, Bonaparte rétabli l’esclavage dans l’Île. Il y restaure la souveraineté française après avoir fait prisonnier Toussaint Louverture et le transfère en France où il meurt en 1803 au Fort-de -Joux dans le Jura.

Après la déportation de Toussaint, deux de ses lieutenants le remplacent : Jean-Jacques Dessalines et Henri Christophe. Ils continuent à encourager la révolte des anciens esclaves. L’espace agraire est dès lors étatisé et les plantations distribuées aux chefs militaires qui maintiennent les mêmes règlements de culture d’octobre 1800 basés sur le caporalisme agraire. Cette disposition à la fois politique et économique est très contraignante. Au lieu d’offrir les conditions de la réorganisation du travail sur les plantations, elle va accélérer au contraire son déclin. Mais en même temps les relations commerciales entre Haïti et la Métropole française, ne stimulent pas un développement de l’économie de plantation.

1.3 Après l’Indépendance : une situation de crise structurelle

Bien que Toussaint Louverture ait choisi, au moment de la transition à l’Indépendance, de maintenir un espace autonome de production en vu d’une libération par étape du pays, cette approche si séduisante qu’elle soit, ne correspond pas à ses réalités. Déjà en cette période de transition s’installe une crise profonde dans la gestion des propriétés coloniales. Cette crise va se répercuter sur les nouvelles structures de l’économie de l’Ile et on va se trouver après la Révolution haïtienne (1791-1803), dans l’impossibilité de gérer le système de plantation hérité en s’appuyant sur de nouvelles perspectives. Des rivalités et des contradictions inconciliables entre les chefs militaires, la masse des anciens esclaves apparaissent au grand jour pour accélérer la décadence du secteur de production.

Le façonnement et la gestion de l’espace agraire dans un tel contexte se font à l’image de ces rivalités et contradictions de classes et de castes. Ainsi, les dirigeants militaro-civils qui se succèdent au pouvoir depuis 1804 jusqu’à nos jours, les ont nourris dans le but de leurs intérêts en marginalisant de plus en plus les anciens nègres marrons. Le système de production hérité continue à se dégrader parallèlement au renforcement des contradictions et des rivalités de classe et au rythme du démantèlement de l’économie de plantation partagée entre un appareil de l’Etat et une bourgeoisie agraire absentéiste qui n’ont jamais pu procéder à des innovations technico-scientifiques pour la restauration et le développement du système.

Evidemment, l’économie de plantation est liée par des mécanismes de dépendance externe, elle ne peut pas fonctionner dans un tel contexte de crises sociales permanentes et de fermeture du marché d’exportation. Le mal étant irréparable, les contraintes à l’exportation des produits agricoles deviennent de plus en plus fortes et favorisent l’orientation des pays consommateurs vers d’autres marchés. Finalement, le pays doit se refermer sur lui-même sans investissements privés, sans subventions de l’Etat pour entretenir son système de plantation devenu obsolète.
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