À l’heure où dans
Libération (article : 29.03.06 — http://www.liberation.fr/page.php?Article=370896) — sous le distancié et «objectif» intitulé : «Charles Taylor en route vers son procès» — l’inénarrable «T.H.» rend compte de l’arrestation de ce célèbre protégé de la Françafrique — puisqu’on ne peut tout de même pas, même en France, passer cela entièrement sous silence — ; et tandis que Taylor a failli encore s’échapper (avec l’aide de qui ?), il n’est pas inutile, à titre d’interrogation, de compléter l’information qui nous est parcimonieusement distillée (et pour cause ), par les quelques détails suivants, fournis dans le livre de Théophile Kouamouo (Th. Kouamouo,
La France que je combats, éd.
Le Courrier d’Abidjan, p. 41) :
« Dès 1989, {la France} a soutenu le rebelle libérien Charles Taylor qui a engagé une odieuse guerre de pillage dans toute l’Afrique de l’Ouest. La presse parisienne a, bien entendu, oublié de dire que les atroces mutilations des membres mises au point par le Front révolutionnaire unifié («manches longues, manches courtes») en Sierra-Leone n’étaient que l’aboutissement de la politique de Taylor, soutenu au Conseil de sécurité, jusqu’à sa chute du pouvoir, par la diplomatie française. Elle a oublié de dire qu’on soupçonne certains milieux français très liés au président burkinabé Blaise Compaoré, allié de Taylor, d’être mouillés dans les trafics d’armes et de diamants relatifs aux conflits ouest-africains. »Évidemment, disant cela, le Français Th. Kouamouo et ceux qui le relaient risquent de passer pour anti-Français. Je prétends au contraire, à l’heure où toute l’Afrique sait ce qu’est la Françafrique, qui a mouillé tant la droite que la gauche françaises, qu’il est désormais anti-français de le taire.
À l’heure où un pouvoir français qui a défendu les dictatures sanguinaires et les Taylor de tous poils tout en tentant de saper les démocraties comme en Côte d’Ivoire, à l’heure où ce pouvoir est nu dans ses propres rues, il n’est pas trop tard pour dire qu’en Afrique, cette nudité est désormais de notoriété publique quant à sa politique africaine. Il relève du patriotisme français de dénoncer ce qui nous discrédite en notre pouvoir et en notre presse qui n’a cessé de le relayer — comme de 2002 à nos jours concernant la Côte d’Ivoire.