Le platine au plus haut depuis vingt-cinq ans
Il a la couleur de l'argent mais pas encore la notoriété de l'or auprès des bijoutiers, pourtant le platine est bien devenu le métal précieux le plus en vue sur le marché de Londres. Depuis quelques semaines, le cours du métal blanc enchaîne les sommets. Hier, l'once s'échangeait à 973 dollars dans la capitale britannique, c'est-à-dire au-dessus du plus haut enregistré vendredi à New York. Une tendance haussière qui pourrait porter le cours du métal au delà de la barre des 1 000 dollars. C'est vrai que l'offre peine toujours à répondre à la demande. Le premier producteur mondial, Anglo Platinum, a révisé à la baisse ses projections pour 2005 en raison d'une explosion dans une de ses unités de raffinage. La force du rand, la monnaie sud africaine, a considérablement ralenti les projets miniers en Afrique du Sud, de loin le premier pays producteur, tandis que l'incertitude qui plane sur le devenir du Zimbabwe a refroidi les investisseurs enclins à développer la production de platine de ce pays au sous-sol pourtant prometteur.
Face à cette offre hésitante, la demande reste au contraire extrêmement vigoureuse. La Chine est un consommateur de premier choix, un quart de la demande émane du pays continent. Quand on sait que sa principale utilisation (56% de la demande mondiale) réside dans l'équipement des voitures en pots catalytiques et qu'on l'applique au marché chinois de l'automobile, on devine les perspectives de croissance pour les exportations vers les côtes chinoises. Toutefois, si l'automobile et les règlements environnementaux qui se généralisent sur la planète alimentent plus de la moitié de la demande mondiale, c'est surtout la bijouterie qui donne un nouvel éclat au métal blanc et à son petit frère, le palladium. C'est cet emploi qui a le plus soutenu la demande chinoise en platine en 2004. Mais si les prix continuent à grimper, les joailliers chinois pourraient bien le remplacer par le palladium. Alors qu'il y a deux ans, pas une once de palladium n'entrait dans la composition des parures portées par la nouvelle bourgeoisie de Shangaï, cette année un million trois cent mille onces ont été transformées par la joaillerie chinoise. Une perspective qui pourrait donner un nouvel essor à ce parent pauvre de la famille des platinoïdes. En raison des surplus permanents, son cours est encore inférieur de 700 dollars à celui du platine, une différence qui lui est pour l'instant favorable.
Dominique Baillard