Le Racisme d’Entreprise coûte 80 millions de dollars à Sodexho aux USA
Le Racisme d’Entreprise coûte 80 millions de dollars à Sodexho aux USA
06/05/2005
source:africara.com
Le groupe de restauration collective français Sodexho Alliance a été contraint le 27 avril 2005 de s’engager à payer 80 millions de dollars pour arranger à l’amiable une plainte pour discrimination raciale à l’encontre des employés noirs de sa filiale aux USA. Sodexho, à l’instar des grandes entreprises du capitalisme global fait partie du bal des compagnies qui prêchent la diversité à gorges déployées tout en se laissant gangrener par un racisme froid et bureaucratique, selon les spécialistes africains américains*. Aux Etats-Unis certaines de ces global firms ont déjà été épinglées et s’en sont tirées avec des amendes et réparations financières conséquentes. Mais pour ce qui est de la France, sempiternelle terre d’égalité constitutionnelle…
La nouvelle image éthique des entreprises s’offre des pleines pages et un luxe de gadgets visuels dédiés à afficher une relation différente au grand public, à la clientèle directe ou potentielle de ces colossales institutions. C’est la communication, la persuasion d’intentions soudain pressantes et amicales à l’écologie, au développement durale et même, à la diversité ethnique. Rapports aux administrateurs, brochures et affiches de ces entreprises abreuvent le public de photos de travailleurs de toutes les couleurs, religions, homes et femmes, United colors of Benetton en remix de la tour de Babel…
A ce titre en France, en 2004 un groupe de grandes entreprises emboîtait le pas à ces logiques étonnamment conviviales de promotion de la diversité en médiatisant leur projet de meilleure prise en considération des questions de discriminations raciales. En d’autres termes les crânes d’oeufs du microcosme économico-financier français découvraient en cette année bénie ou …maudite selon, l’existence d’intolérables discriminations au sein même de leur lucratif quotidien. Enfer et damnation. La vertueuse Sodexho était du lot des magnanimes prometteurs, qui ne tempérèrent guère leur volontarisme verbal à faire reculer la barbarie managériale.
Pourtant, la mémoire servant à quelque chose, on à souvenance que dès 2001 des associations avaient protesté contre les pratiques de mise en servitude usitées dans cette d’entreprise qui employait des prisonniers sous-payés pour raboter les coûts de production et accroître le surplus. Même si ces vieux démons devaient être passés pour exorcisés aujourd’hui rien n‘excluait d’être prudent.
Justement le grand groupe de restauration qui n’arrête pas de s’étendre vient d’être pris en flagrant délit de discrimination contre les Africains Américains. En 2001 une plainte collective de milliers d’employés noirs était déposée contre l’entreprise. En effet jusqu’en 2000 aucun noir ne figurait parmi les 188 postes de direction du groupe. Par contre 1100 Africains Américains s’entassaient dans des postes de cadres intermédiaires.
Pour s’éviter un scandale médiatique qui pourrait être très mauvais pour la sacro sainte image du groupe et pour sa clientèle vache à lait, la branche nord-américaine de Sodexho a été contrainte de proposer un arrangement à l’amiable portant sur 80 millions de dollars avec les victimes. Avec ses 6000 entreprises et organisations aux USA, fournissant universités, hôpitaux y compris l’Armée des GI’s, le coût potentiellement désastreux pour la notoriété de l’entreprise d’une médiatisation négative alimentée par les révélations des tribunaux a été vite pesé, évalué. Sodexho a donc opté pour le dédommagement amiable.
Outre les 80 millions de dollars, des dispositions sont prévues pour améliorer la diversité de l’encadrement de l’entreprise…
Ce double langage des grands patrons à « golden parachutes » n’est pas, il faut le dire, une invention de Sodexho, bien des majors dans leur domaine sont passées par là, préférant un arrangement pécuniaire à un procès médiatique. Texaco, Coca Cola, Boeing, Lockheed, et Toyota pour ne citer qu’elles ont dues elles aussi verser des sommes importantes pour éviter un procès.
L’expérience des autres pouvant toujours servir, et l’imitation étant réputée une des premières formes d’intelligence, il est attendu qu’en Europe, sur des bases collectives significatives, des démarches judiciaires soient intentées pour rappeler aux décideurs, entrepreneurs et législateurs leurs bonnes intentions restées lettres mortes.
Il est vrai que plus de cinq siècles d’histoire négrière et coloniale intériorisés dans la culture d’élite sous la forme résiduelle d’un racisme presque religieux, ne disposent pas à priori les patriciens modernes d’une société anciennement dominante à traiter d’égal à égal avec les descendants des inférieurs naturels d’hier.
* A l’instar de Earl Ofari Hutchinson l’auteur de The Crisis in Black and Black (Middle Passage Press).
Ze Belinga