La nutrition et le diabète
Côté, Jacinthe
Collaboration spéciale
Le quart des Canadiens sont atteints de diabète. Cette maladie est tellement répandue au Canada qu'elle est devenue la septième cause de décès.
Pourtant, la majorité des gens qui en souffrent peuvent renverser la situation, ou du moins faciliter le traitement de la maladie, en changeant leurs habitudes de vie.
À cet égard, de nouvelles études viennent de démontrer un lien entre la consommation de gras saturés et trans et les risques de développer un diabète de type 2. Voyons de quoi il retourne.
Le diabète se distingue par l'apparition de plusieurs symptômes: soif et besoin d'uriner inhabituels, perte de poids anormale, vue trouble, cicatrisation des plaies plus lente, infections fréquentes et engourdissement des extrémités (pieds et mains). En présence de tous ces symptômes, des analyses du glucose sanguin permettront de déterminer le type de diabète dont souffre une personne.
Le diabète de type 1 (aussi appelé insulinodépendant) est causé par un dysfonctionnement du pancréas, qui ne sécrète pas d'insuline. Cette hormone permet d'acheminer le glucose sanguin aux cellules musculaires et du foie. Faute d'insuline, le glucose s'accumule dans le sang (hyperglycémie), ce qui entraîne de graves problèmes de santé. Pour compenser, le diabétique de type 1 s'injecte de l'insuline à l'heure des repas, d'où le terme insulinodépendant. Ce type de diabète, habituellement diagnostiqué chez les personnes très jeunes, ne représente que 10 % des cas.
Le diabète gestationnel survient au cours d'une grossesse. Ce problème de gestion du glucose sanguin touche de 2 à 4 % des femmes enceintes. Il est temporaire et tend à disparaître après la grossesse.
Le diabète de type 2 (aussi appelé non insulinodépendant) touche 90 % des diabétiques. Il est caractérisé par la résistance des cellules à l'action de l'insuline. Quand ces dernières résistent, le glucose s'accumule dans le sang et cause l'hyperglycémie.
De nouveaux facteurs de risque
Auparavant, on croyait que le diabète de type 2 était incurable et inévitable. Maintenant, on sait que le déséquilibre énergétique et les mauvais choix alimentaires peuvent favoriser son apparition.
Les personnes qui ont un surplus de poids, par exemple, sont plus susceptibles d'en souffrir, comparativement au reste de la population. Une mère qui prend trop de poids durant la grossesse ou qui développe un diabète gestationnel augmente ses risques de souffrir de diabète plus tard. Un taux de cholestérol ou de triglycéride sanguin élevée, ainsi que l'hypertension, sont d'autres facteurs de risque.
Les résultats présentés récemment par le professeur en pharmacologie Peter Light et par le diplômé Michael Riedel de l'Université de l'Alberta suggèrent un lien entre la consommation de gras saturés et de gras trans et le diabète de type 2. Ces gras, semble-t-il, agiraient sur les cellules du pancréas (organe qui produit l'insuline) en réduisant la sécrétion de la précieuse hormone, et cela entraînerait l'hyperglycémie.
Les gras saturés se trouvent principalement dans les aliments d'origine animale, tandis que les gras trans se trouvent dans la plupart des aliments préparés commercialement.
La viande (boeuf, agneau, veau) et les produits laitiers (fromage et beurre surtout) renferment des gras saturés. La volaille, le poisson et le porc en contiennent aussi, mais en quantités moindres.
La plupart des produits de charcuterie, notamment les saucisses, sont riches en gras saturés. En consultant la liste des ingrédients, on peut détecter d'autres produits qui renferment des gras saturés. Les ingrédients étant énumérés selon leur ordre d'importance dans la recette, le premier est celui dont la proportion est la plus grande.
Les mots lard, saindoux, beurre, beurre de cacao, huile de palme et huile de coco, dans la liste des ingrédients des aliments préparés, signifient qu'il y a des gras saturés. Les gras trans disparaîtront progressivement des aliments préparés au cours des prochaines années. En attendant, on les trouve encore dans certaines margarines et dans le shortening faits à base d'huiles végétales hydrogénées.
Les frites, les beignes et les produits panés cuits dans les huiles hydrogénées, les muffins, les biscuits, les gâteaux, les pâtisseries, les craquelins et les pâtes à tarte fabriqués avec du shortening ou des huiles végétales hydrogénées, renferment également des gras trans.
Auparavant, les recommandations suggéraient de limiter la consommation de gras saturés à moins de 10 % de la consommation totale d'énergie. Et pour les gras trans, il n'y avait pas d'avis.
En 2002, toutefois, l'Institute of Medecine des États-Unis a déclaré qu'aucune dose maximale de gras saturés et de gras trans ne peut être considérée comme sans danger pour la santé humaine. Santé Canada endosse cette déclaration et recommande de consommer le moins possible d'aliments contenant des gras saturés et des gras trans.
L'atteinte de cet objectif ne devrait pas se faire aux dépens d'une alimentation variée permettant un apport alimentaire adéquat d'importants nutriments. Les aliments qui contiennent des gras trans sont tous à éviter, car ils ne renferment généralement pas d'autres nutriments importants.
Les aliments qui contiennent des gras saturés, cependant, sont des sources importantes de fer, de calcium, de vitamine D, etc. Il ne faut donc pas les éliminer complètement, mais opter pour les produits laitiers moins gras, des viandes plus maigres et des aliments préparés sans beurre.
L'auteure de cette chronique hebdomadaire est membre de l'Ordre professionnel des diététistes du Québec.
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Illustration(s) :
Roberge, Alain
La consommation de gras trans, comme ceux que l'on trouve dans les muffins, pourrait augmenter les risques de développer un diabète de type 2.