Les oméga-3: une substance magique
PC
Québec - Ils préviennent les maladies cardio-vasculaires et le cancer de la prostate, soulagent les symptômes du lupus, de l'arthrite rhumatoïde, de l'eczéma, du psoriasis, de la colite ulcéreuse, de la maladie de Crohn, de la maladie d'Alzheimer, traitent l'asthme et même la dépression.
Quelle est donc cette substance magique? Les pommes? Les brocolis? Vous n'y êtes pas. Il s'agit des acides gras oméga-3.
" Les oméga-3 ne règlent pas tout, mais leur rôle anti-inflammatoire est bien démontré, affirme Hélène Jacques, professeure-chercheure en nutrition à l'INAF (Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels) de l'Université Laval. C'est à ce titre qu'ils agissent sur les vaisseaux cardio-vasculaires et des maladies inflammatoires comme l'asthme et la maladie de Crohn. "
Les études sur le rôle des oméga-3 et la santé cardio-vasculaires sont nombreuses. Par exemple, une étude épidémiologique de l'Université de Seattle, étalée sur une période de sept ans auprès de 4000 patients ne souffrant pas de maladie cardio-vasculaire, a démontré une diminution de risque de crise cardiaque de 44 % dans le groupe qui consommait des poissons gras.
De son côté, le Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) vient de lancer une étude multicentrique pour vérifier la possibilité de remplacer les antidépresseurs par les oméga-3 pour soigner la dépression.
" On a besoin des oméga-3, ils sont nécessaires pour la santé, a affirmé Hélène Jacques. Il faut aller en chercher dans l'alimentation. Ils sont essentiels au développement du cerveau et de la vision du foetus et du nouveau-né. "
Les poissons gras sont la meilleure source d'oméga-3.
Malheureusement, les Québécois mangent peu de poisson. Une fois par mois, en moyenne, selon Mme Jacques.
" Ce n'est pas beaucoup. Les recommandations sont plutôt de deux repas de poisson par semaine ", a suggéré la nutritionniste.
Parce que les Québécois mangent peu de poisson, ils n'absorbent pas assez d'oméga-3.
Selon une analyse du chercheur Eric Dewailly, le taux sanguin d'oméga-3 était de 2 % chez les Québécois, variait de 3 % à 6 % chez les Cris, était de 10 % chez les Inuits. L'index oméga-3 idéal devrait être de 10 %.
Selon les calculs d'un autre spécialiste, Bruce Holub, professeur à l'Université de Guelph en Ontario, le recours à des suppléments d'huile de poisson plutôt qu'à des médicaments pour réduire le taux des lipides dans le sang permettrait des économies de 2,7 milliards de dollars aux systèmes de santé des provinces canadiennes.
Pour Hélène Jacques, il n'y a pas d'équivoque.
" Je trouve que dans les aliments on retrouve plus d'éléments nutritifs que dans les capsules. Mais à quelqu'un qui ne consomme pas de poisson, je dirais: allez-y avec les comprimés d'oméga-3. "
La nutritionniste rappelle que l'Association américaine du coeur suggère aux cardiaques d'absorber un gramme d'oméga-3, sous forme de capsule. Les nutritionnistes, elles, ont plutôt tendance à recommander l'utilisation des aliments. À trop manger de poisson, ne risque-t-on pas d'absorber mercure, BPC et autres poisons?
Selon Santé Canada et l'Agence canadienne d'inspection des aliments, les poissons offerts aux Canadiens sont sécuritaires.