Prendre soin de soi
Galipeau, Silvia
Pourquoi est-ce si difficile de s'arrêter pour prendre soin de soi? Pour souffler, bien manger, ou faire un peu d'exercice, comment trouver le temps quand on a des horaires déjà surchargés? Trois experts nous donnent quelques pistes, simples et logiques, à mettre à l'agenda sans plus tarder.
Du temps pour soi
Danielle Fecteau, psychologue, auteure de L'Effet placebo, portant sur notre pouvoir inné de guérison.
On veut tous prendre soin de soi, mais par où commence-t-on? Existe-t-il des différences entre les hommes et les femmes à ce sujet?
Pour moi, prendre soin de soi, c'est faire des choses que l'on aime. C'est avoir du temps pour faire ce qu'on aime. (...) Les hommes se sentent moins coupables. Ils se permettent de prendre du temps pour eux. Les femmes, à l'inverse, s'occupent d'abord de leur famille. Puis d'elles en dernier. (...) C'est typique. Prenez une femme fatiguée, qui rentre à la maison une heure plus tôt qu'à l'habitude. Est-ce qu'elle va prendre du temps pour elle? Non. Au lieu de prendre une heure pour elle- un break pour faire ce qu'elle aime-, elle va aller chercher les enfants plus tôt à la garderie. Parce qu'elle se sent coupable. Le gars n'aura peut-être pas ce réflexe-là de toujours se sentir coupable et responsable. Il va plutôt penser: les enfants sont bien à la garderie, ils sont habitués de partir à cette heure-là, pourquoi aller les chercher plus tôt? Il va aller flâner et se permettre de faire quelque chose qui le tente. Je connais de plus en plus d'hommes qui commencent à ressembler aux femmes, mais c'est le contraire qu'il faudrait faire!
Prendre soin de soi, c'est avoir du temps pour soi. Mais où trouve-t-on ce temps-là?
Le fait d'avoir du temps seul permet de se retrouver. Cela permet de savoir qu'est-ce qu'on est, qu'est-ce qu'on veut. Comment trouver ce temps-là? C'est nous qui décidons. Si on est seul ou sans enfant, c'est plus facile. Si on est en couple avec des enfants, on peut s'entendre entre nous. Se relayer: un soir pour moi, un soir pour toi. Le mardi soir, par exemple, c'est son tour à elle. Elle fait ce qu'elle veut. Elle va se baigner, marcher, voir un ami. Un autre soir, c'est son tour à lui. C'est parfait parce qu'on se retire de la famille, ce qui permet d'avoir du recul, et on fait ce qu'on veut.
Exit les mauvaises habitudes alimentaires
Marie Marquis, professeure agrégée au département de nutrition de l'Université de Montréal.
On veut tous manger santé. Pourquoi est-ce si difficile?
Il n'est pas toujours facile de bien manger parce que nos routines sont installées. On a tous des routines de vie et on fait des mauvais choix: sauter des repas, repas non planifiés, sédentarité. Ces routines, on n'en a même pas toujours conscience. Donc, on ne se sent pas dans l'urgence de changer. Dans un premier temps, la difficulté, c'est de s'examiner de l'intérieur, dans notre ménage, notre famille.
L'examen de conscience est fait. On a pris des bonnes résolutions. Maintenant, on fait quoi?
Première chose: manger en présence des autres. Parce que devant les autres, on mange habituellement mieux. Si on est en présence des enfants, on mange habituellement plus équilibré. Le défi, c'est d'augmenter la fréquence des repas avec les enfants dans un climat qui soit harmonieux. Trop souvent, le souper est un moment d'argumentation et de dispute. C'est le seul moment où on est tous réunis en même temps, alors on a l'impression qu'il faut tout régler. Mais laissons le règlement des sujets chauds en dehors des repas. (...)
Le deuxième objectif, ce serait d'augmenter la variété. Il faut regarder ce qu'on achète, semaine après semaine. Trop souvent, c'est toujours la même chose. Il faut varier ses sources d'approvisionnement. On a l'habitude d'aller à l'épicerie? Alors on va maintenant vers les magasins plus spécialisés, tout cela pour aller chercher la diversité. (...)
Et troisième défi, il faudrait cuisiner. On n'est pas obligé de se mettre à faire son pain, mais de réapprendre à cuisiner: faire des soupes, son poulet, et un bouillon avec ce qui reste. Il faut se réapproprier des habilités culinaires de base.