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 Prendre l’esclavage au sens large

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mihou
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mihou


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03062005
MessagePrendre l’esclavage au sens large

Prendre l’esclavage au sens large (Libération, 10-5-2005)

Prendre l’esclavage au sens large (Libération, 10-5-2005)

Libération, mardi 10 mai 2005

Le fait esclavagiste ne peut se réduire au transport des esclaves et à leur
condition juridique.
Prendre l’esclavage au sens large


Par Frédéric REGENT
mardi 10 mai 2005

Par Frédéric Régent enseignant à l’université des Antilles et de la Guyane.





a question de l’esclavage est de plus en plus médiatisée. Toutefois, le regard
se concentre presque uniquement sur deux aspects du fait esclavagiste : la
traite et le code noir, en résumé le transport des esclaves et leur condition
juridique. Cette vision est trop réductrice. Elle crée une mémoire figée sur
deux éléments certes importants mais qui ne traduisent pas la complexité des
sociétés esclavagistes qui se sont mises en place dans les différentes colonies.

L’histoire de la traite donne des éléments d’information sur les origines, les
flux de millions d’esclaves déportés pendant quatre siècles. Elle frappe
l’imagination des descendants d’esclaves, mais n’indique pas leur devenir après
leurs introductions dans les colonies. Se focaliser sur la traite, c’est vouloir
rattacher uniquement à l’Afrique des populations qui ont poursuivi leur histoire
ailleurs. Dans les colonies françaises, les esclaves sont régis par le code
noir. Mais, lorsque l’on parle du code noir, de quoi parle-t-on ?

Pour beaucoup, le code noir est un édit de 60 articles promulgué par le roi de
France Louis XIV (1643-1715) en mars 1685 concernant la police des îles de
l’Amérique française. Il s’agit, en réalité, d’un recueil de règlements
concernant le «Gouvernement, l’Administration de la Justice, la Police, la
Discipline & le Commerce des Nègres dans les Colonies Françoises». Il en existe
plusieurs éditions, augmentées à chaque fois de textes nouveaux. Ainsi, si
l’édition de 1767 compte 446 pages, celle de 1788 en a 636. Dès le XVIIIe
siècle, par commodité, de nombreux auteurs ont confondu et assimilé le code noir
au seul édit de mars 1685, ce qui est inexact car cet édit n’occupe que 38 pages
dans l’édition de 1767. Les règles en matière de police des esclaves diffèrent
quelque peu selon les colonies. L’édit de mars 1724 qui s’applique en Louisiane
est plus sévère que celui de 1685 qui se rapporte aux îles françaises
d’Amérique.

Les 60 articles de l’édit de mars 1685 ont pour objectif de «maintenir la
discipline de l’Eglise Catholique, Apostolique & Romaine, & pour y régler ce qui
concerne l’état & la qualité des Esclaves» dans les îles françaises d’Amérique.
Ce texte suscite beaucoup de commentaires, d’interprétations et même de
fantasmes. Toutefois, étudier l’esclavage selon le seul angle du code noir
reviendrait, pour prendre un exemple contemporain, à étudier le comportement des
Français sur la route en se consacrant uniquement à l’étude du code de la route.
Pour analyser les comportements sur la route, il faudrait aussi étudier les
archives des assurances, des tribunaux, des hôpitaux, etc.

Pour l’histoire de l’esclavage, il existe aussi d’autres sources comme les
archives notariées, les registres paroissiaux, les sources judiciaires, qui
permettent d’entrer dans l’intimité, le quotidien des maîtres et des esclaves.
Il est alors possible de mettre en perspective la loi et son application et de
révéler une histoire plus complexe. Dès 1789, dans les colonies antillaises,
plus de 10 % des esclaves sont métissés. A la veille de l’abolition, en 1848,
près de 30 % de la population de couleur est déjà libre. Les libres de couleur
sont aussi propriétaires d’esclaves, de 5 à 25 % des esclaves selon les
colonies. De nombreux Blancs sont en réalité des descendants d’esclaves qui ont
réussi à franchir la barrière de la couleur par le biais du métissage. Les
rapports humains dépassent en outre souvent les clivages juridiques comme en
témoigne l’exemple de ce riche colon abandonnant pendant huit ans le domicile
conjugal de son épouse blanche pour se mettre en ménage avec sa concubine de
couleur. Chaque esclave a connu une forme d’esclavage différente.

Une histoire globale de l’esclavage ne se réduit donc pas à l’histoire de la
traite et du code noir. Cette présentation limitative ne fait qu’augmenter le
ressentiment et la frustration des descendants d’esclaves et aboutit à la
méconnaissance. Elle ne crée pas dans l’imaginaire de représentations de la
société esclavagiste, mais des clichés douloureux et déshumanisants. Parlons des
esclaves et pas seulement du cadre théorique de l’esclavage. Faisons de
l’histoire sociale et pas seulement de l’histoire des idées.

La journée du 10 mai qui célébrera la mémoire des esclaves doit donc
s’intéresser à tous les aspects de la vie des esclaves, afin de construire une
histoire partagée et assumée par tous.

Dernier ouvrage paru : Esclavage, métissage, liberté, la Révolution française en
Guadeloupe, 1789-1802, Grasset, 2004.
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https://vuesdumonde.forumactif.com/
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