Une assez bonne année
Girard, Michel
Nombre de lecteurs du cahier À VOS AFFAIRES du dimanche se demandent si la sélection de titres à surveiller que je propose chaque semaine dans la chronique Des titres dans la mire réussit à bien tirer son épingle de la Bourse.
Sur les 42 titres des compagnies sélectionnées en 2004, 25 titres ont bouclé l'année en territoire positif par rapport à leur prix initial (lorsqu'ils ont été choisis) et 17 titres ont terminé dans le rouge. C'est donc dire que six titres sur 10 (soit 60 %) se retrouvent parmi les gagnants de la cuvée 2004.
Le rendement boursier de la cuvée 2004? En prenant pour hypothèse qu'un montant identique a été investi initialement dans chacun des titres sélectionnés, la cuvée 2004 a enregistré un gain d'environ 16,5 %. C'est quatre points de pourcentage de plus que la performance de 12,5 % enregistrée par l'indice phare de la Bourse canadienne, soit le S&P/TSX composite.
Cette chronique hebdomadaire Des titres dans la mire a vu le jour le 12 octobre 2003. Et depuis, elle a attiré votre attention sur un peu plus d'une cinquantaine de titres. Je vous rappelle que les titres sélectionnés ne sont pas des " recommandations de La Presse ". À moins d'indication contraire, lorsqu'un titre apparaît dans cette chronique, c'est parce qu'il a un certain potentiel de plus-value.
Comment sont-ils choisis? Les raisons à la base de leur sélection sont multiples. Des gros titres (comme Nortel, Bombardier, Stelco) ont été sélectionnés tout simplement à cause de leur déconfiture en Bourse. Des petits titres hautement spéculatifs (des mines juniors et des biotech) ont retenu mon attention en raison du potentiel de leurs découvertes. D'autres titres ont été retenus après que plusieurs analystes boursiers les aient unanimement recommandés ou presque. Certains titres doivent leur sélection tout simplement parce qu'ils apparaissaient nettement sous-évalués à la suite d'une sévère correction à la baisse du cours de leurs actions.
Un autre critère de sélection utilisé: quand des initiés comme des hauts dirigeants achètent le titre de leurs entreprises, il n'y a qu'un seul motif à mon avis. Quel est-il? Ils croient à son potentiel de plus-value.
Retour sur la cuvée 2003
Le samedi 7 février dernier, j'avais fait le point sur la vingtaine de titres qui avaient été sélectionnés du 12 octobre 2003 au premier février 2004.
La grande majorité des titres (73 %) se négociaient à ce moment-là à la hausse par rapport au prix initial mentionné dans la chronique. Certains titres avaient littéralement explosé. Je vous les rappelle: Télésystème Mobiles International (+173 %), Mitec Telecom (+153 %), Laboratoires Aeterna (+97,5 %), Cambior (+40 %), BCE Emergis (+33,0 %), Bombardier (+32,8 %), Northgate (+33,0 %), Eldorado Gold Mines (+31,4 %).
Un constat important: j'avais mentionné dans ce bilan du 7 février que la bonne performance des titres sélectionnés était attribuable en très grande partie au marché à la hausse que l'on avait connu d'octobre 2003 à la fin de janvier 2004.
" Quand un marché connaît une si bonne performance, comme c'est le cas depuis l'automne dernier, tout le monde est bon: les analystes, les gestionnaires de portefeuille, les courtiers et même les... chroniqueurs boursiers ", avais-je écrit.
Gagnants et perdants 2004
Bien que l'année boursière 2004 se soit terminée en hausse de 12,5 % au Canada, elle en a fait voir de toutes les couleurs aux boursicoteurs. Après avoir débuté en lion, avec des hausses en janvier et février, la Bourse canadienne devait traverser par la suite six mois difficiles. Finalement, c'est grâce à la performance des quatre derniers mois si la Bourse canadienne a réussi à obtenir une si forte augmentation.
Quels sont les grands gagnants et les grands perdants de la cuvée 2004?
Parmi les 25 titres qui affichent une hausse, on note trois titres qui ont plus que doublé. Il s'agit de la mine junior Virginia (+207,2 %) qui a réalisé une importante découverte d'or dans le Grand Nord du Québec; de Stelco (+166,2 %) qui est en train de se sortir du pétrin financier; et de Garda World (+165,4 %), une entreprise de sécurité en forte croissance.
Dix autres entreprises de la cuvée 2004 ont enregistré depuis leur sélection une augmentation appréciable: Biomira (+80,0 %), Descartes (+70,0 %), Aeterna Zentaris (+49,0 %), Telus (+45,3 %), Rona (+45,7 %), Labopharm (+42,1 %), Sherritt International (+32,5 %), Dios (+25,7 %), iEnergy (+25,7 %) et Sequoia (+25,0 %).
Du côté des 17 perdants, on constate que sept titres ont subi une véritable déconfiture: Mitec Telecom (-50,0 %), Bombardier (-48,3 %), Theratech (-43,3 %), Ashton (-43,2 %), Nortel (-36,0 %), Glencairn (-35,3 %), Call-Net (-31,0 %).
Leçons à tirer
Maintenant, quelles leçons peut-on tirer de l'évolution de la cuvée 2004?
1) La quasi totalité des titres perdants, soit 15 sur 17, ont réussi à un moment donné à se négocier en hausse par rapport au prix initial de leur sélection respective.
2) Parmi les 25 titres gagnants, on note que 60 % d'entre eux (15 titres) se sont négociés à un moment donné à un prix inférieur au prix initial.
3) Ces deux constats démontrent une chose: quand on investit en Bourse, il faut être vigilant et il faut s'attendre à ce que nos actions subissent des fluctuations appréciables, à la hausse et à la baisse. Aujourd'hui, les marchés boursiers sont nettement plus volatils qu'il y a une dizaine d'année et cela touche autant les grandes multinationales que les petites sociétés.
4) Tout au long de l'année 2004 ou presque, Bombardier, Nortel et Theratechnologies n'ont cessé de dégringoler. Conséquence: quand on tente de se refaire le portefeuille en achetant des actions additionnelles d'une entreprise dans le but de réduire son prix moyen d'achat, on risque de se brûler les doigts.
5) On l'a constaté avec Rona et Transat A.T, ce n'est pas parce que des initiés se départissent d'une partie de leurs actions que celles-ci vont nécessairement reculer. Malgré les ventes des initiés, les titres de ces deux entreprises ont poursuivi leur escalade. Cela prouve que des initiés (administrateurs et dirigeants) sont parfois trop empressés d'encaisser leurs profits.
6-) Par contre, les initiés qui achètent sur le marché des actions de leurs entreprises donnent habituellement un meilleur signal que les initiés vendeurs. La raison est simple: quand un initié achète, c'est dans le but de faire un coup d'argent.
7) Malgré les multiples rapports financiers et les analyses étoffées des services de recherche des maisons de courtage, il est toujours extrêmement difficile d'obtenir l'heure juste sur les perspectives d'avenir des grandes sociétés inscrites en Bourse. On n'a qu'à penser à Bombardier et Nortel pour s'en rendre compte.
Imaginez maintenant comment on risque de souffrir de carence d'informations financières adéquates sur les PME et les petites sociétés inscrites en Bourse. Presque personne ne les suit de près.
Conclusion: l'évolution de la cuvée 2004 Des titres dans la mire, avec ses 17 perdants sur 42 titres, montre à quel point il est risqué d'investir en Bourse. Et pour s'en sortir, il faut avoir un portefeuille diversifié.