LES ARMES SECRETES DU JOUR JLes
Alliés ont déployé des trésors d’imagination pour résoudre les unes
après les autres toutes les difficultés qui allaient se présenter à
eux. Le débarquement en Normandie est un extraordinaire défi à la
technologie.Des millions de photographies aériennesA l’aide d’avions équipés d’énormes appareils photo, Américains et
Britanniques photographient la Normandie dans ses moindres détails. Ces
clichés permettent d’établir des cartes très précises indiquant
l’emplacement des routes, des rivières et des ponts, les zones de
marécage dangereuses pour les armées et les terrains favorables à
l’installation d’aérodromes. Indispensable à la préparation du
débarquement, la photographie aérienne ne suffit pas et doit
impérativement être complétée par des renseignements fournis en
particulier par la Résistance.
La météo : un atout essentiel pour les AlliésConnaître les prévisions météorologiques est essentiel pour les
Alliés., comme pour les Allemands, afin de prévoir à quel moment
pourrait avoir lieu le débarquement. Des stations météo, installées des
deux côtés de l’Atlantique, donnent aux Américains et aux Britanniques
des renseignements précieux sur les avis de tempête. De son côté, le
Reich dispose de stations météo performantes dans le nord de l’Europe.
Systématiquement détruites par les Alliés, ces stations ne sont pas en
capacité d’informer l’état-major allemand de l’accalmie qui survient au
milieu de la tempête soufflant en Manche, au début du mois de juin 1944
et qui permet à l’état-major allié de lancer l’opération de
débarquement.
De drôles de chars : les funnies !Réussir à prendre pied sur les plages de Normandie est le premier
objectif des Alliés. Mais ce n’est pas suffisant. Très rapidement,
blindés et fantassins doivent sortir des plages pour pénétrer à
l’intérieur du pays et c’est là que commencent les difficultés :
enlisement des chars dans le sable ou encore impossibilité de franchir
les fossés creusés par les Allemands le long de la côte. Sachant ce qui
les attendait, les Alliés ont inventé de drôle d’engins appelés les
funnies, mot qui signifie « drôle » en anglais. Les
funniessont des chars qui ont été transformés et équipés de bouées pour
flotter, de tapis roulants pour éviter l’enlisement dans le sable ou de
passerelles pour franchir les fossés. Ils portent des noms étranges
comme le char « pétard » armé d’un gros canon destiné à faire exploser
les blockhaus ou le char « crocodile », le plus terrifiant d’entre eux,
qui crache un puissant jet de napalm.
PLUTO : le ravitaillement en pétroleLe ravitaillement en pétrole figure en première place dans le plan
Overlord.
Les besoins en carburant étant énormes, il faut éviter toute pénurie
qui pourrait retarder l’avancée des armées. Pendant les premiers jours
qui suivent le débarquement, le carburant est déchargé directement sur
les plages dans des bidons métalliques, connus, encore aujourd’hui,
sous le nom de jerricans. Vient ensuite la mise en place de PLUTO,
sigle signifiant
Pipe Line Under The Ocean, en français :
pipeline sous l’océan. C’est du jamais vu ! Cette opération consiste à
dérouler sur le fond de la mer dix gros tuyaux par lesquels est
transporté le pétrole depuis l’Angleterre jusqu‘en Normandie. Au fur et
à mesure que les armées progressent, le pipeline est rallongé. Avec la
prise des ports du Havre, de Dieppe et de Boulogne, PLUTO, qui partait
du port de Cherbourg, devient inutile. Les Américains cessent de le
prolonger après avoir franchi la Seine.
Les ports artificielsDécharger des hommes et du matériel directement sur des plages a
totalement pris au dépourvu les Allemands qui n’avaient jamais imaginé
que les Alliés débarqueraient ailleurs que dans un port. Néanmoins,
l’effet de surprise passé, les installations portuaires deviennent
rapidement indispensables, mais les grands ports de Normandie sont
encore aux mains de l’armée Allemande. Bien avant le débarquement, les
Britanniques avaient eu l’idée géniale de construire des ports
artificiels. Les différents éléments de ces ports, digues, quais de
déchargement et routes flottantes permettant de rejoindre la terre
ferme ont été construits en Grande-Bretagne, puis remorqués par des
bateaux jusqu’en Normandie. A peines terminées, les installations sont
terriblement endommagées par une forte tempête qui disloque presque
totalement le port d’Omaha. Seul demeure le port d’Arromanches qui
fonctionnera jusqu’à la mi-novembre avant d’être démonté.
« La première fois que j’entendis parler de ce projet, ce fut au
printemps 1942, par l’amiral Mountbatten […]. Il fit la remarque
suivante : « si nous ne pouvons compter sur les ports, nous pourrions
peut-être en construire à l’aide d’éléments préfabriqués et les
remorquer sur les lieux ». Cette idée fur accueillie par des railleries
et des huées, mais deux ans plus tard, elle était passée dans le
domaine des réalités. »
D.D. Eisenhower
Atlas de la Seconde Guerre mondiale, Isabelle Bournier et Marc Pottier, Casterman, 2006