SOLDATS DES COLONIESComme
elles l’avaient fait pendant la Première Guerre mondiale, la France et
la Grande-Bretagne font appel aux soldats de leur empire pour combattre
à leurs côtés.SOLDATS DE LA « PLUS GRANDE FRANCE ».Dès 1939, la France mobilise ses soldats de l’outre-mer. Venus
d’Afrique du Nord (Algérie, Maroc et Tunisie), ils constituent l’Armée
d’Afrique. Les soldats issus du reste des colonies se regroupent dans
ce qu’on appelle l’Armée coloniale : 10 000 d’entre eux sont des
Indochinois, 10 000 viennent de Madagascar et plus de 68 000 arrivent
d’Afrique noire. Mais les plus nombreux, 340 000 environ, sont des
Maghrébins. Ces hommes veulent avant tout servir leur « mère-patrie » :
la France. Ils appartiennent à des unités militaires qui portent les
noms de tirailleurs, zouaves, spahis, goums ou tabors… L’armée est pour
eux l’occasion de sortir de leur milieu social, de découvrir d’autres
horizons et de prouver leur valeur guerrière.
ENGAGES DES 1939Dès la « Drôle de guerre », les soldats de l’Empire paient un lourd
tribut. Chargés avec leurs compagnons métropolitains de garder la
frontière, transis dans les tranchées de Sedan, ils s’apprêtent à faire
face à une invasion allemande. Après la défaite de la France, en mai
1940, le général de Gaulle appelle les représentants de l’Empire à
poursuivre le combat aux côtés de l’Angleterre. L’action de l’armée
d’Afrique prend toute sa dimension avec le débarquement allié en
Afrique du Nord, en novembre 1942. S’engage alors la campagne de
Tunisie, au cours de laquelle les tabors marocains et algériens font
preuve de courage et d’habileté, en particulier lors des missions se
déroulant dans les zones montagneuses difficiles d’accès.
De la campagne d’Italie au débarquement de ProvenceAprès une grande victoire en Tunisie, les « Africains » sont mis à
la disposition des Alliés qui s’apprêtent à débarquer en Sicile.
Equipés de matériel américain, les tabors montrent, une fois de plus,
leurs exceptionnelles qualités de combattants qui se révéleront
indispensables dans le débarquement en Italie, puis dans la laborieuse
reconquête du pays. Composant une grande partie des troupes alliées,
les soldats africains subissent, là encore, de lourdes pertes ;
Le débarquement en Provence, en août 1944, constitue pour eux la
prochaine étape. Sous le commandement du général de Lattre de Tassigny,
les troupes d’Afrique jouent un rôle essentiel dans la libération de
Marseille, de Toulon, et dans la réduction des poches de résistance
allemandes.
Jusqu’à la frontière du ReichParticipant activement à la libération de la France, l’« Armée
d’Afrique » qui supporte les plus durs combats est exténuée. Privées de
relève et de permissions, elle affronte les ultimes attaques de l’armée
du Reich dans les Vosges, dans la plaine d’Alsace et dans les Ardennes,
théâtre d’une terrible contre-attaque allemande en décembre 1944. Des
combats acharnés se déroulent par un froid glacial et dans la neige
abondante, au milieu de champs de mines. La ténacité des troupes
africaines finit pas l’emporter.
Un lourd tribut à la victoireCes jeunes Malgaches, Togolais, Sénégalais, Marocains, Algériens,
Tunisiens, Indochinois… ont été arrachés à leur montagne ou à leurs
champs et , après un bref entraînement, se sont retrouvés en première
ligne face aux balles ennemies. Encadrés par des officiers français,
ils se sont battus avec un immense courage et ont longtemps attendu
leurs récompenses, attribuées en priorité aux combattants de France
métropolitaine. Déçus par la « mère-patrie », oubliés au moment où
s’est écrite l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, ils gardent un
profond sentiment d’injustice, encore vif aujourd’hui.
L’Empire britannique au combatLe Commonwealth, Empire britannique, vient lui aussi au secours de
sa métropole, servant sur tous les théâtres de la guerre : océan
Atlantique, Europe, Afrique du Nord, jungle et mer d’Asie du Sud-Est.
Certains pays, comme l’Australie, ne se sont pas contentés de combattre
dans l’ombre de la Grande-Bretagne mais ont eux-mêmes pris la décision
de déclarer la guerre à l’Allemagne. Le Canada, qui n’est pas
directement menacé sur son territoire par les armées du Reich, n’hésite
pas en entrer en guerre dès 1939, une semaine après l’Angleterre.
Produisant un effort de guerre considérable, en envoyant ses troupes
combattre en Italie, en Normandie et en Allemagne, le Canada aura
apporté une aide indispensable à la victoire en Europe.
Atlas de la Seconde Guerre mondiale, Isabelle Bournier et Marc Pottier, Casterman, 2006