Je parle ici de milliers d'hommes et de femmes qui parce que
mélanodermes, sont l'objet de toutes sortes de présupposés
discriminants, de palimpsestes infamants édités par des
universitaires consensualistes adeptes de la bonne conscience
occidentale (lire Pétré-Grenouilleau et sa lecture de l'esclavage),
des coltis inénarrables et criminels de la bêtise et l'écume, de la
scélératesse des marchands d'immeubles, de l'intempérance de forces
de l'ordre, dont la manifestation la plus perverse du champ est
l'instrumentalisation par leur hiérarchie politique qui se joue des
minorités, poussant le cynisme jusqu'à faire d'un Beur le porte-
parole bien naïf d'une coercition ciblée (il se reconnaîtra).
· Je parle de millions d'hommes que l'histoire et la rationalité
triomphante a transformés en « bien meubles »(art.44 du code Noir-
1685 et 1724-, lire Louis Sala-Molins) et dont les prolongements
aujourd'hui encore se reflètent dans le subconscient niveleur de
nombre de nos concitoyens blancs, pour qui le nègre, bien
qu'instruit, est encore considéré comme quelqu'un de...
sympathique « a priori », dans la tiédeur bienveillante mais
contradictoire du cosmopolitisme triomphant et de la civilisation
décadente.
· Cher « frère », cette déformation culturelle dans la
représentation du Noir n'est que le fruit de l'histoire, et vous-
même, Noir Bourguignon et fier, vous en êtes, parfois bien
inconsciemment la victime ! Preuve s'en trouve dans vos 150 000
exemplaires vendus pour votre mépris médiatiquement affiché du
manioc.
Une question : votre ouvrage aurait-il eu autant de succès si vous
n'aviez eu le culot de fustiger vos frères communautaires ? Sans
vous dénier quelconque talent littéraire, auriez-vous seulement été
publié ? Un noir qui fustige les noirs, expression symptomatique
d'une communauté qui atteint la maturité, c'est-à-dire
l'autocritique ou mieux, le retour sur lui-même de l'esprit qui
combat les idées reçues.
Au final donc, happy end et heureuse finalité pour la patrie des
droits de l'homme, déculpabilisation et sentiment d'autosatisfaction
d'une société qui refuse les évidences ! L'intégration à la
Française est en soi une belle réussite, puisqu'un Noir peut vendre
autant d'ouvrages qu'un Blanc...en France !
Quid des auteurs noirs qui se cantonnent dans les profondeurs
putrescibles de la dénonciation et les catacombes léthargiques,
rétrogrades et paralysants de la revendication sociale ? Car pour
reprendre l'expression bien-pensante du philosophe Alain
Finkielkrault : « Les Noirs (plus particulièrement les Antillais)
ne sont que des assistés ». Lapidation ostentatoire d'une communauté
dont le seul crime historique est d'avoir été depuis sa déportation
jusqu'à sa formation en ensemble géopolitique intégré... son seul
crime, disais-je, est d'avoir subi son allégeance à la métropole.
Mais stratégie bien connue aussi de dilution de la réalité dans des
clivages ethniques à seule fin de séparation, d'antagonisme. Opposer
les Africains aux Antillais, n'est-ce pas l'illustration même d'une
communauté divisée ? Avec en corollaire une prophétie auto-
réalisatrice : Il n'y aura donc pas de communauté noire en France
puisque la France est une société égalitaire. Duplicité dans le
verbe dont la finalité sera une validation de l'énoncé par le seul
fait de son énonciation. En sciences sociales, plus particulièrement
en homilétique, cette astuce porte une dénomination : processus
d'auto-validation par propagation.
Alors toujours aussi fier de votre « bourguignonité » Monsieur
Kelman ? L'histoire de la Bourgogne (comme d'ailleurs celle de la
France médiévale) a été faite de guerres et le Duché de Bourgogne
fut rattaché au Royaume de France en 1477 sous Louis XI. De ce point
d'histoire, vous n'avez cure, me direz-vous ! Peut-être le
connaissez-vous même déjà ! Qu'à cela ne tienne ! Les Bourguignons
furent un peuple guerrier qui s'opposa aux Armagnacs de 1411 à 1435
pendant la guerre de Cent ans....Ceci est ce que l'histoire
officielle retint.
Elle releva moins qu'une alliance se fit entre les Bourguignons et
l'Angleterre, sous la houlette de Philippe III le bon qui signa le
traité de Troyes en 1420 avec Henri V de Lancastre, déshéritant
Charles VII au profit de ...L'Angleterre. Cette alliance stratégique
conduisit au triomphe de la coalition sur les Armagnacs avec la
signature en 1435 du traité d'Arras.
Alors, Bourguignon, signifie-t-il en langage populaire « traître » ?
« Connaître son histoire pour ne plus avoir à la revivre » disait
l'écrivain allemand Goethe... Pour ma part, je considère que la
vôtre vous est inconnue pour plusieurs raisons :
-l'histoire bourguignonne n'est pas la vôtre, n'en déplaise à votre
ego que je crois surdimensionné....à tort,
-votre vraie histoire (authentique celle-là), celle que vous reniez
en avançant au journal « Le Monde » que votre nom signifie « le jour
des événements », (ce qui est faux, puisqu'il faudrait alors que
vous vous appeliez KELMAM (avec un M)), est la pierre indispensable
qui fait lacune à votre édifice aux fondations instables. C'est
cette alchimie de l'universel qui vous fera constamment défaut,
alors même que par votre accès à une plate-forme médiatique dont les
masses ne sont pas la mesure, mais l'idéologie même, vous gagniez-là
l'occasion véritable de poser un substantiel regard critique sur la
société, en l'interrogeant sur le sens de l'action citoyenne, sur
ses valeurs en décrépitude. Ceci est ce qu'au contraire de vous, je
m'essaie à faire en publiant aux éditions « manuscrit.com », mon
ouvrage intitulé « Terre d `asile etc... » que j'invite le plus de
lecteurs possibles à lire, sans faux-semblants, afin que ce propos
soit relayé le plus possible, le plus loin, le plus fort, car, et
j'en suis convaincu jusqu'au plus profond de moi : le but d'un
courant de pensée est de donner sens au monde dans lequel nous
vivons, avec le sentiment fort en une espérance : l'action sur les
consciences.
Mes détracteurs diront que j'en profite pour faire la promotion de
mon ouvrage ? Grand bien leur fasse car je ne le nie point et
l'occasion faisant le larron, j'assume clairement et sans détours
mon inclination à donner à ma pensée le plus de résonance possible,
jusqu'aux mânes protecteurs de mes aïeuls ; en Afrique, c'est un
hommage qu'on leur rend et je requiers leur bénédiction (CQFD).
Pour finir, je dois vous avouer, maintenant, Monsieur Kelman, que je
vous en veux en ce moment (ce qui n'était point le cas au début de
mon propos, vous en conviendrez).
Je vous en veux parce que vous êtes Camerounais.
Je vous en veux car vous êtes Bassa et pour avoir débité en moins de
temps qu'il ne faut pour le faire, quantité d'énormités et contribué
par votre œuvre, à alimenter les roublardises simiesques dont ces
Messieurs entrelardent leurs enthousiasmes et leurs prénotions à
notre égard dévastatrices.
Et si je ne me suis point manifesté depuis la publication de votre
ouvrage à succès, c'était pour ne me point tromper. A l'amusement dû
au titre de votre livre a succédé la grimace.
En observateur sérieux que je suis des questions sociales, j'avais
espéré que vos positions fussent dues à la méconnaissance de votre
tissu socioculturel, ce qui n'est pas un drame, tout le monde ayant
le droit de se tromper. Mais vous avez persisté dans tous médias,
provoquant chez moi une dissonance cognitive (ce qui signifie un
conflit interne) et vos affirmations péremptoires sur votre nature
bourguignonne ont fini de m'exaspérer, au point que je tinsse à
faire cette mise au point.
Par correction et éducation, j'ai estimé nécessaire d'éviter des
attaques personnelles contre-productives et des ad hominem peu
prolifiques. Toutefois, j'accepte un débat interpersonnel où et
quand vous le désirez, quelque fût le plateau sur nos analyses
respectives de l'intégration à la Française, ainsi que sur la place
des Noirs au sein de cette société occidentale,
Fraternellement
Henri Georges Minyem
Chercheur en sciences politiques EHESS-PARIS
Auteur de l'ouvrage « Terre d'asile etc... » Ed. Le Manuscrit.com
http://www.manuscrit.com/catalogue/auteur.asp ?idauteur=5388