L'histoire de l'esclavage sera enseignée en primaire (Reuters) - L'histoire de l'esclavage "commune à tous les Français"
sera enseignée à l'école primaire à partir de la rentrée, a annoncé
samedi Nicolas Sarkozy à l'occasion de la Journée nationale de la mémoire de la traite négrière.
Lors d'un discours prononcé dans les jardins du Luxembourg, à Paris, le
président a émis le souhait que le souvenir de cette "tragédie qui a
meurtri durablement des continents entiers" soit une source
d'apaisement pour la société.Aboli une première fois en 1794 puis rétabli par Napoléon, l'esclavage a été définitivement interdit en France en 1848."Regardons
cette histoire telle qu'elle a été, regardons-la lucidement, car c'est
l'Histoire de France", a déclaré Nicolas Sarkozy devant plusieurs
centaines de personnes."Parce que les Français l'auront
comprise, cette histoire, alors, deviendra notre histoire commune,
l'histoire de tous les Français, pas simplement l'histoire d'une partie
d'entre eux", a-t-il poursuivi.La Journée nationale de
commémoration consacrée à la mémoire de l'esclavage, de la traite
négrière et des abolitions a été instaurée il y a trois ans, le 10 mai.Elle
se base sur la loi du 21 mai 2001 dite "loi Taubira", du nom de la
députée de Guyane Christiane Taubira, qui reconnaît l'esclavage comme
un crime contre l'humanité.La traite des Noirs "est une blessure
profonde qui pèse encore sur nos consciences et les mémoires portent le
poids de cette histoire", a fait remarquer le chef de l'Etat, qui s'est
dit conscient "qu'il existe encore aujourd'hui des inégalités qui
trouvent leur origine dans cet héritage si douloureux"."Ayons le courage d'en parler pour assumer ensemble notre Histoire", a-t-il demandé."LUCIDITÉ AU SERVICE DE L'APAISEMENT""Je
voudrais qu'on mette cette lucidité au service de l'apaisement", a
ajouté le président, pour qui "le devoir de mémoire ne peut souffrir
des concurrences et des clivages".Cette volonté présidentielle
se traduira à l'école afin, a dit Nicolas Sarkozy, "que nos enfants
puissent comprendre ce qu'a été l'esclavage" et "mesurer les
souffrances que l'esclavage a engendrées, les blessures qu'il a
laissées dans l'âme de tous ceux que rien ne peut délier de ce passé
tragique".La traite des noirs, l'esclavage et l'abolition
devraient ainsi être introduits dans les nouveaux programmes de l'école
primaire à la rentrée 2008. Le chef de l'Etat a également demandé que
soient étudiés au collège et au lycée l'oeuvre d'Aimé Césaire, poète et
député martiniquais décédé le mois dernier à l'âge de 94 ans.Autre
annonce du chef de l'Etat : le 23 mai deviendra "une journée
commémorative pour les associations qui regroupent les Français
d'Outre-Mer de l'Hexagone et qui souhaitent célébrer le passé
douloureux de leurs aïeux".Nicolas Sarkozy était notamment
accompagné dans les jardins du Luxembourg par les ministres de la
Culture et de l'Intérieur Christine Albanel (Culture) et Michèle
Alliot-Marie, et par la secrétaire d'Etat à la Politique de la ville,
Fadela Amara.Avant son discours, une courte cérémonie a permis
d'écouter des oeuvres du chevalier de Saint-Georges, musicien
guadeloupéen du XVIIIe siècle.Dans le cadre de cette journée,
une "Marche des libertés" contre les discriminations était organisée à
Paris à l'appel d'organisations de défense des droits de l'homme.Aux
cris de "A bas les préjugés", plus d'un millier de personnes ont défilé
au départ de la place de la République. Arrivés à Bastille, ils ont
composé une chaîne humaine formant dix anneaux autour de la colonne du
génie de la Bastille."Les chaînes sont dans nos têtes", "Non au
contrôle de faciès" et "Ouvrier ou député, tout doit être possible",
pouvait-on lire sur des banderoles.Elizabeth Pineau et Benoît Tessier
Sam 10 Mai - 11:12 par mihou