DU BALAI AU QUAI D'ORSAY
D'après
le "Canard enchaîné" du mercredi 20 février 2008 - page 3, à la demande
de l'Élysée, le chef du personnel des Affaires étrangères, Xavier
Driencourt, vient d'adresser un télégramme aux ambassades et consulats
de France. Pour leur annoncer que plusieurs grands services du Quai
allaient changer de patrons avant que Sarkozy n'occupe, en juillet, la
présidence de l'Union Européenne. Notamment les directions des
« secteurs » suivants:
Europe, Asie, Amérique, Affaires stratégiques, Afrique du nord - Moyen-Orient, etc..
Un coup de balais sans précédent, et il faut s'attendre à voir nommer à ces postes des sarkozystes confirmés, selon les mauvaises langues du ministère.
[size=12]Autre signe des temps, gare aux dictateurs de la FrançAfrique, François Zimeray
a été nommé, en conseil des ministres, ambassadeur pour les droits de l'homme
à la place de Michel Doucin, informé par téléphone de sa disgrâce.
Qualité reconnue de François Zimeray, il a déjà rejoint le groupuscule
Gauche Moderne du Secrétaire d'État de la Coopération, Jean Marie Bockel.
DEJEUNER-DEBAT
DU CONSEIL FRANCAIS DES INVESTISSEURS EN AFRIQUE (CIAN) INTERVENTION DU SECRETAIRE D'ETAT
CHARGE DE LA COOPERATION ET DE LA FRANCOPHONIE,
M. JEAN-MARIE BOCKEL
Les enjeux éthiques de l'aide publique au développement, en particulier sur la gestion transparente des ressources naturelles
Monsieur le Président du CIAN, Gérard Pélisson,
Monsieur le Président délégué, Anthony Boutelier,
Mesdames et Messieurs,
Nous
avions eu l'occasion, pour un certain nombre d'entre vous, de nous
rencontrer avenue Bosquet, au siège du MEDEF, en novembre dernier.
Quatre mois après ma prise de fonction, j'avais voulu marquer, par
cette rencontre, toute l'importance que j'attache au dialogue avec le
secteur privé.
Je suis heureux de cette nouvelle occasion de rencontre qui nous est offerte et je remercie le CIAN
de m'avoir convié à ce déjeuner. Le dialogue avec vous me tient
particulièrement à cœur, car les entreprises que vous représentez sont
des acteurs à part entière du développement.Dans
les pays dans lesquels vous travaillez, vos entreprises ont un rôle de
premier plan à jouer, qui va souvent bien au-delà de leur simple statut
d'opérateurs économiques.
J'ai
déjà évoqué devant vous mon idée de coalition pour le développement,
coalition qui doit fédérer les efforts de tous les partenaires au
développement, publics et privés, associations, ONG, entreprises,
fondations, collectivités locales, et bien sûr les représentants de
l'Etat, à travers nos deux principaux opérateurs que sont la DGCID et
l'AFD.
L'AFD est fortement représentée à ce déjeuner, à la fois l'AFD elle-même et sa filiale Proparco, et je m'en réjouis.
Deuxième
rencontre avec vous en sept mois : c'est peu, et certainement
insuffisant. Entre-temps, j'ai vu un certain nombre de chefs
d'entreprises, qui m'ont exposé leurs activités sur le continent, leurs
projets, les difficultés qu'ils y rencontrent. J'étais au début de
cette semaine à Ljubljana pour une réunion européenne et Philippe
Gautier, du Medef, m'y a accompagné. Vous le voyez, mes contacts avec
le monde de l'entreprise sont réguliers. Mais ils ne sont pas aussi
fréquents que je le voudrais, et sans doute pas suffisamment structurés.
Je l'ai dit, ce dialogue avec le secteur privé est pour moi indispensable : je veux connaître vos analyses, vos idées, vos réactions. Je souhaite structurer notre dialogue sans le rendre trop institutionnel, sans créer un énième groupe consultatif ou un comité Théodule de plus.
Vous êtes des opérationnels des pragmatiques. Moi
aussi ! Je pense que nous devons réfléchir ensemble à la façon de
systématiser nos échanges, à leur fréquence, au cadre qui serait le
plus approprié. Je suis à l'écoute de vos idées.
J'en viens maintenant au thème retenu pour ce déjeuner débat : les enjeux éthiques de l'Aide publique au développement, en particulier sur la gestion transparente des ressources naturelles.
Je suis très heureux de traiter de ce thème qui me semble fondamental.
J'aurai mauvaise grâce à dire le contraire : c'est moi qui l'ai
proposé. Merci au CIAN de l'avoir retenu.
Je
voudrais aujourd'hui poursuivre avec vous la réflexion que j'ai engagée
lors de mon discours de vœux, sur la nécessité de faire de la bonne
gouvernance une exigence non négociable dans notre aide au
développement. Pas par une vision moralisatrice des choses, encore que
cette exigence éthique soit déjà, en soi, un argument valable, mais
d'abord pour une raison d'efficacité.
Je
l'ai dit dans l'interview de votre rapport 2008 : chaque fois que la
corruption empêche les investissements, le développement recule. Mon
premier objectif, c'est une aide au développement efficace. Le premier
frein au développement, c'est la mauvaise gouvernance, le gaspillage
des ressources, la prédation, l'insécurité juridique qui décourage les
investisseurs, nationaux ou étrangers.
Pour
pouvoir tenir ce discours d'exigence à nos partenaires africains, il
nous faut nous-mêmes être irréprochables. En Afrique, certains de nos
compatriotes ne le sont pas. Leur collusion avec les pratiques que nous
dénonçons enlève sa force et sa crédibilité à notre discours. Même
s'ils agissent à titre strictement individuel, leur comportement jette
le doute et parfois le discrédit sur l'ensemble de nos actions.
De
la même façon que les agissements des aventuriers de l'Arche de Zoé ont
menacé la crédibilité de tous les opérateurs humanitaires, les
agissements des derniers survivants de la FrançAfrique sèment le doute
sur les intentions de tous les opérateurs économiques français. Je l'ai dit en janvier, je le redis aujourd'hui : la FrançAfrique est moribonde et il faut signer son acte de décès.
Je
souhaite une modernisation de nos relations avec le continent africain.
Le président de la République, lors de ses vœux au corps diplomatique,
a réaffirmé sa volonté de voir s'opérer ce changement. Il m'a chargé de
lui faire des propositions en ce sens, notamment en écoutant la société
civile et la jeunesse africaines : cette consultation est en cours. Je
compte évidemment y associer nos entreprises présentes en Afrique.
Comme
vous, j'ai la conviction que notre pays doit rester un partenaire
important de l'Afrique. Nous y avons intérêt et nous en avons les
moyens. Les pays africains le souhaitent et nos partenaires européens
nous y encouragent.
Ven 29 Fév - 8:48 par mihou