Pétition adressée à
Bertrand Delanoë, maire de Paris sortant,
Candidat à la mairie de Paris le 9 mars 2008
Monsieur le maire,
En 1838, l'écrivain Alexandre Dumas demandait qu'une statue de son
père, Thomas-Alexandre Davy de La Pailleterie, dit Alexandre Dumas
(1762-1806), héros de la Révolution, premier général français d'origine
africaine, défenseur acharné des droits de l'Homme, né esclave dans
l'île française de Saint-Domingue (aujourd'hui République d'Haïti) fût
érigée à Paris. Ce qui fut fait pour le centenaire de la mort du
général, suite à une campagne menée notamment par l’écrivain Anatole
France.
En 1942, par racisme, la statue du général, qui se trouvait place
des Trois-Dumas (aux côtés des statues de son fils et de son
petit-fils), face au consulat d'Haïti, fut abattue par l'occupant et
les collaborateurs.
Après la Libération, la place des Trois-Dumas fut rebaptisée place
du général-Catroux, grand résistant et grand soldat, certes, mais aussi
gouverneur général de l'Indochine française et ministre résident en
Algérie française…
En 2002, l'écrivain Claude Ribbe, auteur d'Alexandre Dumas le
dragon de la Reine et président-fondateur de l'association des amis du
général Dumas, a engagé une campagne pour la réhabilitation du général
Dumas et pour la remise en place de sa statue, dont le conseil de Paris
a voté le principe à l'unanimité au mois de juin 2002.
Bouleversé par la lecture du livre de Claude Ribbe, qui relatait la
vie du général Dumas et par l'ingratitude de la République francaise,
le sculpteur sénégalais Ousmane Sow avait ébauché un magnifique projet,
présenté à votre collaboratrice, George Pau-Langevin, aujourd’hui
députée de Paris, le 6 juin 2004.
Malgré les nombreuses relances de Claude Ribbe, vous avez laissé
passer le bicentenaire de la mort du général Dumas, le 26 février 2006,
sans faire remplacer la statue érigée par la ville de Paris à
l'occasion du centenaire, en 1906…
Malgré les déclarations de Christophe Girard qui déclarait en 2002
qu’il fallait en remettant à sa place la statue du général « réparer
une diversion de l’histoire », rien n’a été fait. Une commission aurait
même trouvé le projet d’Ousmane Sow « médiocre », ce qui est d’autant
plus inquiétant qu’il n’y a à Paris aucune statue de cet artiste que
vous prétendez pourtant admirer et qui a suscité l'enthousiasme de 3
millions de Parisiens lors d'une exposition sur le Pont des Arts
organisée en 1999. Même si, à l'époque, vous n'étiez pas maire de
Paris, êtes-vous vraiment sûr que le goût de ces 3 millions d'hommes et
de femmes ne vaille pas celui des membres des commissions chargées de
vous donner des avis ? Au moment même où vous occultiez le bicentenaire
d’un Français aussi emblématique que le général Dumas, auquel votre
ville avait pourtant su rendre hommage en 1906, vous exprimiez
publiquement votre soutien à Pascal Sevran qui approuvait le tourisme
sexuel et exprimait son racisme de la manière la plus grossière et la
plus honteuse.
Nous vous demandons aujourd’hui de clarifier immédiatement votre
position en retenant l'excellent projet présenté par Ousmane Sow, qui,
non seulement a été le premier à s'intéresser au général Dumas, mais
qui, mieux que tout artiste, est particulièrement sensible à ce que la
remise en place de sa statue peut représenter pour la France, pour
l’Afrique et pour sa diaspora.
En ces temps où une certaine France exhibe volontiers sa
négrophobie, il vous est facile de prendre de toute urgence les
dispositions utiles pour que la statue du général Dumas par Ousmane Sow
puisse être inauguré le 26 février 2008, jour anniversaire de la mort
du général Dumas. Pour célébrer le 60e anniversaire de la déclaration
universelle de Droits de l'Homme (1948-2008), une copie de cette statue
du général, réalisée en Afrique par Ousmane Sow, sera ensuite offerte
par l’association des amis du général Dumas à la République d'Haïti,
accompagnée de livres de l'écrivain, son fils, destinés aux enfants
déshérités des banlieues de Port-au-Prince.