Le Pays
(Ouagadougou)
23 Octobre 2007
Publié sur le web le 23 Octobre 2007
Morin Yamongbe
Dans certains Etats africains, la théorie la mieux
partagée semble être encore celle qui place le pouvoir au bout du fusil et non dans les urnes.Le Togo qui, apparemment, s'est écarté de cette idéologie
violente n'en a pas moins fait des élections des sortes de simulacres grandeur nature où la fraude n'a d'égale que la mauvaise foi du pouvoir en place. Il en était ainsi sous le règne incontesté du Général Gnassingbé Eyadéma. Il en est de même à l'ère de Faure Essozimma Gnassingbé, le fils de son père. Les scientifiques auraient parlé de comportement congénital. Les législatives anticipées du 14 octobre dernier n'ont pas dérogé à la règle.
Cette plaie électorale qui gangrène actuellement la vie socio-politique togolaise empêche même la Commission électorale nationale
indépendante (CENI) de proclamer les résultats provisoires de Lomé, la plus
grande circonscription électorale. A cause, évoque-t-elle, de plusieurs
irrégularités constatées pendant les opérations de dépouillement, la structure présidée par Tozim Potopéré, décide de ne pas publier les résultats complets provisoires et refile la patate chaude à la Cour constitutionnelle.
Le grand hic est l'inféodation dénoncée par l'opposition
radicale de cette institution au pouvoir en place. Même si elle l'a saisie pour
statuer sur cette fraude massive qui la spolie de "sa victoire",
l'Union des forces du changement (UFC) de l'opposant historique Gilchrist
Olympio, reste sceptique sur l'issue de ses réclamations.
Le Rassemblement du peuple togolais (RPT) ne veut rien
lâcher. Dès les premières heures de ce scrutin, suite à la pénurie des
vignettes d'authentification des bulletins de vote et la pagaille relevée par
les opposants, nous en avions appelé à la vigilance des uns et des autres
autour de ces élections qui risquaient d'être entachées par la fraude. La suite des événements nous donne malheureusement raison. Pourtant, tout avait bien commencé par la mise en place de quelques stratégies presque imparables pour des élections globalement acceptables.
C'était compter sans la boulimie des sièges qu'affiche indécemment le RPT qui n'entend pour rien au monde voir la capitale tomber dans l'escarcelle de l'UFC. Cette UFC, qui avait cru à la bonne foi du pouvoir en prenant part à nouveau à des législatives depuis 17 ans. A quand une véritable
ouverture démocratique au Togo où la fraude prend des allures de fatalité ? Il est temps que les Togolais se mettent au goût d'élections bien organisées, car il est prouvé que plus l'on est rigoureux et honnête dans la conquête du pouvoir, mieux on l'est dans sa gestion.