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Financement du barrage d’Adjarala:
Depuis quelques semaines, la presse s’intéresse à la rétractation du ministre des Mines, Energie et Eau, Solété Kokou Agbémadon, après qu’il eut activement participé à la signature d’une convention de financement de la Communauté Electrique du Bénin (CEB). Cette affaire continue de faire couler beaucoup d’encre. Jusqu’à ce jour, aucun Togolais n’arrive à s’expliquer cette volte-face du ministre.
Tout a en effet commencé le 12 décembre 2005 par la signature d’une convention de financement entre la CEB et la Société Oriental Asset & Capital Management (OACM), une filiale du groupe Zhong Jia basé à Hong Kong. Cette cérémonie de signature de convention s’est déroulée en présence du ministre des Mines, Energie et Eau qui a d’ailleurs prononcé un discours dans lequel il déclare que « le Bénin et le Togo veilleront au respect strict des termes de la convention et des engagements mutuels entre les deux parties signataires ». Par cette convention, l’OACM a accordé un prêt de 197 milliards F FCA à la CEB qui servira à la construction du barrage hydroélectrique d’Adjarala sur le fleuve Mono et au transport de l’énergie électrique par la construction de lignes et postes haute tension au Bénin et au Togo.
Mais contre toute attente, le ministre est revenu une semaine plus tard sur cette convention en demandant au Directeur Général de la CEB « de prendre toutes les dispositions pour annuler immédiatement l’emprunt objet du financement ». Car, précise entre autres la lettre, « dans les attributions du Directeur Général de la CEB au niveau de l’article L 68, l’attribution de pouvoir que vous vous êtes accordé pour conclure cette convention, n’est pas mentionnée. Ainsi, vous avez unilatéralement, conclu des actes en violation des dispositions de Code bénino-togolais et des recommandations faites par le Haut Conseil Inter étatique ». Le ministre n’a-t-il pas lu ces textes avant d’aller assister à la signature de la convention ? Pourquoi s’est-il rétracté après avoir donné sa caution à ce financement ? A-t-il agi seul dans cette affaire ?
Tout compte fait, les décisions se prennent au Togo sur « instruction personnelle du chef de l’Etat ». Ce qui veut dire que le ministre à lui seul ne pouvait pas avoir le toupet d’annuler une telle convention surtout que cela fait des années que la CEB est en quête de bâilleurs pour ce projet. La construction de ce barrage ne permettrait-elle pas d’éviter une nouvelle crise énergétique au Togo et au Bénin à l’instar de celle qu’ils ont connue en 1998 ? Des sources dignes de foi indiquent que cette rétractation du ministre est due aux pressions constantes que la France aurait exercées sur le pouvoir togolais. L’Hexagone a vu d’un mauvais œil cette alliance avec une société asiatique qui n’hésite pas à financer ce projet, qui dort depuis des lustres dans les tiroirs, à 197 milliards. II s’agit là d’une affaire de gros sous et il est dans l’ordre normal des choses que la France, puissance économique, ait son droit de regard dans la gestion. Pour l’Elysée, l’Afrique est considérée comme sa chasse gardée et un financement aussi important pourrait devenir un précédent dangereux. On redouterait la concurrence asiatique dans le pré carré. Selon les mêmes sources, Faure Gnassingbé aurait été constamment sommé par l’« ami personnel » de son père pour avoir offert une affaire aussi juteuse à des sociétés asiatiques.
Même le Bénin a gardé le profil bas dans ce dossier. Ce pays, qui abritera le principal ouvrage, semble aussi se murer dans un silence absolu.
Comme on le voit, les pays africains sont loin de leur indépendance économique. A cause des intérêts des occidentaux, les nègres peuvent vivre dans le dénuement total. Mais au-delà de ce qui se passe, il faut s’attendre à une énième crise énergique au Togo et au Bénin.
Evans Yemey