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 Livre : l'Afrique face au défi de la modernité

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mihou
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mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

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04102007
MessageLivre : l'Afrique face au défi de la modernité

Livre : l'Afrique face au défi de la modernité







Pape Cissoko a rencontré deux auteurs, Mamadou Ablaye Ndiaye et Alpha
Amadou Sy, auteurs de 'l'Afrique face au défi de la modernité : la
quête d'identité et la mondialité', un livre qu'il juge 'dense et osé'



Par Pape Cissoko













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MAMADOU ABLAYE NDIAYE et ALPHA AMADOU SY, deux philosophes Sénégalais,
auteurs du livre dense et osé « l’AFRIQUE FACE AU DEFI DE LA MODERNITE
: La quête d’identité et l a mondialité » aux éditions Panafrika/ Dakar.

Nos deux auteurs sont des intellectuels engagés, ils écrivent, pensent
l’Afrique et le monde, se disent, soumettent tout au crible de la
raison critique. Ainsi, ils compensent le déficit philosophique et de
réflexion approfondie dont souffre le continent. En lisant leurs
travaux et en réfléchissant sur leurs diverses activités, j’ai
l’impression de voir Sartre dans les rues de Dakar dénonçant les
travers d’un monde ou les craintes fondées ou pas des civilisations.
Bref, en présentant cet ouvrage qui fera couler beaucoup d’encre ou de
salive, je l’espère, parce qu’il est fait pour s’exposer et être
critiqué au sens noble, j’en profite pour saluer l’une des rares
maisons d’éditions basées en Afrique avec à sa tête Paul DAKEYO, www.edpanafrika.com, que je présenterai à l’occasion sur grioo.

Pape Bakary CISSOKO











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1-
Après vos multiples ouvrages, vous nous gratifiez avec ce livre dense
au titre « risqué » : « L’Afrique face au défi de la modernité » (La
quête d’identité et la mondialité). Est-ce à dire que s’engager dans la
Modernité est un risque par rapport à son identité, et ce défi est
obligatoire pour l’Afrique ?




En vérité, dans cette quête nôtre, le risque est double. D’abord,
s’engager à reprendre un thème galvaudé des années 60. L’Afrique
indépendante a souvent posé dans des termes plutôt mécaniques voire
dualistes les rapports entre la tradition et la modernité comme pendant
des relations tumultueuses entre l’Occident et le continent noir. Nous
ne pourrons pas revenir ici sur toute la littérature produite à ce
sujet. Par contre, nous nous permettrons de rappeler ce propos de
l’écrivain Cheickh Hamidou Kane, révélateur de l’état d’esprit de
l’époque : « L’Occident est possédé et le monde s’occidentalise.»



L’amalgame entre modernité et occidentalisation en filigrane ici est
d’autant plus frappant que les théories de développement, imposées par
les Occidentaux aux Africains, étaient conçues sous le mode du
rattrapage et du mimétisme. Dés lors, nous courions le risque théorique
de remettre en fonction un concept désuet. Mais nous nous sommes dits
que la modernité est une problématique récurrente. Regardez un peu ceux
là qu’on appelle les postmodernes ! Sont-ils les derniers des modernes
? Ont-ils clos la modernité ? À la manière d’un Hegel qui proclame la
fin d’une histoire qui pourtant continue !

Le second risque certes se pose aujourd’hui avec beaucoup plus d’acuité mais a, pour ainsi dire, l’âge de l’humanité.



En effet, si comme le pense Marx que confirme l’anthropologie contemporaine, « l’individu dans sa réalité c’est l’ensemble de ses rapports avec les autres »,
alors l’existence humaine est impensable hors du double rapport de
l’intégration sociale et de la préservation du moi contre l’aliénation.
Ainsi, autant l’homme est inséré dans un réseau d’intersubjectivité,
autant les peuples ne peuvent vivre en autarcie. Et justement l’une des
préoccupations de ce livre est de mettre en évidence les conditions à
réunir pour que l’Afrique, tout en restant elle-même, s’engage avec
succès dans l’axe de l’universalité. Il urge à l’Afrique de relever ce
défi.







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2-
Votre livre s’inscrit dans le sillage de ce qu’on appelle « la théorie
de la Connaissance », il aborde une diversité de thèmes complexes. La
rationalité « des africains est souvent un sujet controversé « dieu est
grand, in chaallah » l’ancestralité » la quête de l’absolu, la
Mondialisation, le football, les nouvelles technologies de
l’information et de la communication, la philosophie est–elle l’outil
pour soumettre à la critique et extirper des Vérités sur les
préoccupations de ce monde actuel.




La question aujourd’hui est de dépasser cette vieille querelle sur la
philosophie africaine, la spéculation sur l’utilité de la philosophie
au profit d’une mise à profit de cette théorie de la connaissance dont
vous parlez. Effectivement, celle-ci fonctionne comme la matrice du
mode de pensée philosophique. C’est par son biais que s’exerce cette
capacité de suspecter tous les ordres, établis et pouvoirs. Si c’est
important sous tous les cieux cela l’est davantage en Afrique,
continent où, par le concours de plusieurs facteurs, prédominent les
idéologies groupales et les prêts –à- porter idéologique et
institutionnel. Maintenant, cette réflexion pluridimensionnelle est
rendue possible par le fait que la philosophie, tout en renonçant à ses
visées hégémonistes d’antan, exerce, en vertu de ce que nous avons dit
d’elle plus haut, un droit de regard sur tous les savoirs et pratiques
de l’homme.









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Cheikh Hamidou Kane

© senegalaisement.com

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3-Votre
ouvrage qui, je le redis, est dense, bien écrit et renseigné, nous fait
découvrir ou relire de grand penseurs comme Léopold Sédar SENGHOR, C.H
KANE, Samuel HUNTINGTON, Francis FUKUYAMA, Emmanuel KANT, MARX, GOETHE
et le CORAN, Axel KAHN, SPENCER etc., qu’y- a - t’il d’original dans
leurs théories qui soit éclairant pour l’Afrique et les Africains ?




Merci de cette appréciation que nous considérons comme un
encouragement. Quand un chercheur fait des investigations, il ne
choisit pas ses interlocuteurs ; il les rencontre dans la dynamique de
ses réflexions. Ainsi analysant le réel africain nous croisons tel ou
tel penseur qui a émis une thèse parlant directement ou indirectement
du continent. De ce point de vue, nous avons vu nos lecteurs accorder
une importance ou plutôt une curiosité certaine sur nos références à
Platon et à Kant.



En effet, le dualisme qui a jusqu’ici prévalu a occulté bien des
passerelles ! La quête de l’Absolu n’est pas une préoccupation
occidentale ; elle est consubstantielle à l’humaine condition. En
atteste, si besoin en est, ce recoupement apparemment des plus osés et
des plus paradoxaux entre Platon, ce Grec des temps antiques et
Thierno, ce marabout noir, Africain peut-être des années 50. Quant à
Kant, en dépit des apparences il est d’une actualité certaine pour
l’Afrique d’aujourd’hui. Ses réflexions sur l’éthique, la minorité, sur
la citoyenneté et l’esprit républicain sont d’un éclairage
incontournable pour une Afrique aux traditions démocratiques larvées.

Pour les autres, nous préférons laisser le lecteur réaliser de lui-même
en quels termes se pose le débat que nous engageons avec eux.







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4-La
quête de l’Absolu n’est pas un phénomène nouveau pour les Africains, et
vous le dites bien d’ailleurs dans un parallélisme audacieux et
pertinent entre le sage Thierno dans l’Aventure ambiguë de C.H KANE et
Socrate de Platon. Ce que les Africains semblent noter c’est que
l’Occident est malade et pourtant il attire toute l’humanité dans sa
direction, la mondialisation, la globalisation, vers une identité
universelle et univoque, quel paradoxe ?




Un paradoxe certes déroutant mais que rend intelligible cette pensée de
Marx : « l’idéologie dominante est celle de la classe dominante ».
Ayant unifié le globe sur la base de la logique marchande, arrosant à
l’échelle planétaire de culture par le biais de satellites, l’Occident
sur de lui s’offre comme la seule alternative. Cette certitude est
renforcée par l’effondrement du Mur de Berlin. Seulement, les peuples
réalisent, de plus en plus, que ce village dit plantaire est loin
d’être celui de la fraternité, lieu de cristallisation des valeurs
cardinales de ce que Albert Jacquard appelle l’humanitude. Ce monde
d’aujourd’hui n’est pas celui où triomphe la civilisation de
l’Universel. Il consacre, pour le moment, le triomphe de l’american way
of life, le triomphe des États-Unis qui imposent leurs produits, leurs
manières de vivres et leurs valeurs. C’est cet ordre qui fait le lit du
terrorisme de masse qu’on peut non pas justifier mais expliquer et
comprendre comme une réaction au terrorisme d’État exercé impunément
par les U. S. A et ses alliés.









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Machiavel

© memo.fr

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Livre : l'Afrique face au défi de la modernité :: Commentaires

5-En
quoi Emmanuel KANT, cet homme de notre siècle, nous renseigne sur ce
que devrait être le citoyen (figure du Philosophe conseiller voire le
Pr R.DAMIEN) ? Pensez-vous que nos compatriotes, nos élites, nos
politiques sont assez ouverts pour lire et exécuter ses théories qui
frisent le discours universel, ie qui ne fait exception nulle part y
compris en Afrique, Machiavel ne serait-il pas le plus approprié pour
berner le citoyen qui au demeurant veut comprendre et participer à la
construction de son monde ? L’État de droit n’est-ce pas une hérésie en
Afrique ?




« Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! »
Vous connaissez suffisamment l’Afrique pour vous imaginer la portée
subversive de cet impératif kantien dans un continent dans lequel les
individus ont encore du mal à affirmer et à assumer leur propre
subjectivité. Or, de cette affirmation dépend l’enclenchement de ce
mouvement intellectuel générateur et de la science et du projet
démocratique. C’est pourquoi, sans réduire les acquis démocratiques à
ce qui a été uniquement formalisé par l’Occident, nous nous intéressons
à cette séquence historique occupée par Descartes, John Locke et les
philosophes des Lumières dont justement Kant.



Peut- être bien que le penseur florentin serait plus approprié pour
ceux qui gèrent le continent sans aucun esprit républicain. Mais quand
nous parlons de défi c’est à l’endroit de ceux qui sont assez fous pour
croire, avec nous, que l’Afrique peut sortir de cette impasse du
moment. Dans la dynamique de cette utopie toute positive, la question
n’est pas de renoncer à tout ce qui a été fait mais plutôt de remédier
en travaillant inlassablement dans le sens de faire porter aux
Africains un projet social républicain. C’est d’autant un impératif que
nous avons déjà montré dans « Africanisme et théorie du projet social »
et à la suite de bien d’autres penseurs, que l’État de droit a été
grippé dés le départ car conçu par les bailleurs de fond pour permettre
l’Etat postcolonial, enlisé dans les eaux boueuses de la prédation,
d’être en règle avec le Service de la dette.







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6-Un
sujet qui me plaît et que vous abordez c’est l’ÉCOLE. Qu’est-ce qui
pêche chez le citoyen africain sorti de cette école. L’Ecole coloniale
n’a-t-elle pas été cet anti-modèle avec une impossible initiation ? De
plus, il me semble que l’Afrique a hérité de Cultures où l’esprit
critique a été mis à l’écart voire absent et tous ces faits nous
éloignent de la modernité de la mondialité et nous sommes
perpétuellement face à des défis à relever ?




Parce que l’homme est perfectible, c’est sans doute dans sa nature de
se lancer des défis en permanence. Seulement, la tâche de l’Afrique est
rendue rocambolesque par la lourdeur de ce double héritage. Autant
l’école coloniale, dont l’ambition était de former des subalternes,
n’avait aucun projet de formation citoyenne ; autant l’Etat
postcolonial, resté dans les rets de l’économie de rente, n’a doté
l’Africain du savoir, savoir- faire et du savoir –faire qu’exige le
développement. Le défi est d’autant plus grand que l’Afrique souffre
parce qu’elle est riche et en tant que telle objet de toutes les
convoitises. Mais elle souffre aussi du fait de sa classe politique
dont la propension au patrimonialisme et au népotisme sert de terreau
pour le développement du …sous développement !



7-Le football a une fonction cathartique, c’est un phénomène voire
un FAIT social total (Durkheim.) Allons plus loin, est-ce que le sport
est la passerelle qui met l’Afrique sur la voie de la mondialité et qui
permet de relever les défis ?




À la fois facteur d’intégration et « opium des peuples »,
le football est un des lieux de cristallisation de contradictions les
plus saillantes. Il charrie une illusion d’autant plus profonde que, de
par son mode d’organisation à l’échelle planétaire, il semble
corroborer l’idée de village planétaire. D’une part, les joueurs n’ont
plus de « patrie » du moins tant qu’ils évoluent dans des clubs
avec des traitement sans commune mesure avec ce que gagne les hommes de
culture, les chercheurs et les producteurs des richesses matérielles.
D’autre part, par le truchement des moyens de communication de masse,
des matchs de football sont suivis partout et même temps, dénigrant de
ce fait les frontières non seulement spatiales mais temporelles.









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© amateur-fa.com

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Mais l’Afrique, comme dans les autres domaines, est intégrée dans cet
espace sportif mondial en en faisant les frais. Les expatriés africains
qui participent à faire les beaux joueurs du football mondial ne
disposent dans leur propre pays du minimum d’infrastructures pour
pratiquer un football digne de ce nom. Les africains amateurs du ballon
rond sont frustrés et le seront de plus en plus car l’obsolescence des
infrastructures, l’éparpillement des joueurs à travers l’Europe la
subordination du traitement des footballeurs expatriés aux intérêts des
clubs recruteurs et les carences financières notoires des fédérations
nationales font que même les rencontres amicales sont de plus en plus
tenues en Europe voire en Asie. La participation à une Coupe du monde
donne l’illusion que la nation invitée traite désormais en égale avec
les pays occidentaux alors que le football est aujourd’hui une immense
industrie qui mobilise des sommes faramineuses pour en gagner
davantage. Qui plus est l’hypostase du jeu est une aberration pour une
société gagnée par la pénurie !



8-Comment analysez-vous ce monde hégémonique ; axe du bien axe du
mal (G. BUSH) monde civilisé et les autres, islam et christianisme, ces
sériations, ces fossés entretenus, empêchent la rencontre et la fusion
qui aurait pu engendrer cette identité tant escomptée sur une base
commune de respect. Comment peut-on envisager les défis dans ces cas ?




Ces concepts semblent réfléchir des monades c’est-à-dire des entités
sans aucune interconnexion. En réalité, ils renvoient à diverses
facettes d’un monde qui souffre d’un terrible déséquilibre.
Effectivement, la fin du cycle issu de Yalta 45 n’a pas, tant s’en
faut, humanisé des rapports travaillés par un échange viscéralement
inégal. Au contraire, le nouveau désordre qui s’installe
progressivement, à la suite de l’effondrement du mur de Berlin, en
substituant la gestion unipolaire du monde à la bipolarité en vigueur
au lendemain de la seconde guerre mondiale, a consacré le règne d’une
Amérique arrogante qui se soumet les peuples du monde. Cette visée
hégémoniste a buté sur des résistances certes dont les références ne
sont plus ni Mao, ni Marx ni Lénine mais participent d’une même
aspiration à la paix, à la justice et à la liberté. Ainsi, là où le
Président Bush revendique le fondamentalisme chrétien pour gérer la
planète, des hommes s’opposent par un autre fondamentalisme
d’inspiration islamique. Là où Bush use du terrorisme d’Etat, des
désespérés du désordre contemporain recourent au terrorisme de masse.







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Ces changements géopolitiques ont été accompagnés par un redéploiement
de l’idéologie de la domination souvent sous le slogan de la mort des
idéologies. Ainsi, à « L’Empire du bien » dont le porte étendard reste, bien sûr les Etats-unis s’oppose toujours « l’Empire du mal ».
Cependant, celui-ci n’est plus le défunt univers communiste mais est
désormais constitué des disciples de Satan qui ont élu domicile dans
les vastes régions du globe rebelles à l’ordre américain : la Corée du
Nord, l’Iran, l’Irak et la Syrie. Ce sont ces mutations que nous
tentons d’analyser dans les chapitres 8 et 3. Dans ce dérèglement de
l’ordre mondial, la solution n’est pas de chercher à s’aligner derrière
les USA dans l’espoir de soutirer des dividendes que seraient les
rentes de l’alignement dans la lutte contre le terrorisme de masse. Le
défi le plus urgent pour le continent est de rester debout. Dans cet
ordre d’idées, l’intelligentsia a un rôle déterminant à jouer dont le
moindre n’est pas de laisser éclore la subjectivité, afin de libérer
l’esprit critique et le sens de la créativité et de la responsabilité.



9-Le monde bouge, les hommes voyagent, la médiologie nous l’apprend,
Internet et Google nous le rappellent, les mutations sont
indispensables, comment dès lors l’Afrique avec sa mentalité doit se
comporter pour se hisser ou se positionner dans le Creux de la
rationalité de la mondialité et de la modernité ?




Nous allons peut être surprendre en disant que cette question a déjà
soulevée avec beaucoup de pertinence depuis les années 70. Dans une
contribution à paraître sur les les technologies de l’information et de
la communication, nous rappelons la position résolument avant-gardiste
adoptée par l’UNESCO sur cette problématique. Effectivement, dés 1976,
au terme des Assises de la 19iéme Session de cet organisme
international tenue au Kenya, Amadou Moctar Mbow, Directeur Général de
l’UNESCO, a été chargé de mettre constituer une Commission pour mener
la réflexion sur les enjeux de la communication de masse à l’ère des
satellites. Parmi les conclusions retenues par la dite Commission
dirigée par le suédois Sean Mac Bride, figuraient en bonne partie les
exigences du Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la
Communication.









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Amadou Moctar Mbow

© assemblee-nationale.fr

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L’Afrique avait été mise en demeure de se mobiliser pour un ordre
équitable de l’information mais aussi pour opérer à un niveau interne
c’est – à - dire dans chaque pays du continent les reformes
démocratiques qu’exige cette nouvelle situation caractérisée par
l’exploitation de cette nouvelle richesse de ce nouveau gisement d’un
genre tout à fait singulier, l’information. La brûlante actualité de
ces recommandations montre que les pays africains n’ont jamais prêté
l’attention à ces mises en garde.



Les Etats-Unis avaient boudé l’Unesco dirigée par Mbow tandis que les
Africains n’ont jamais réussi à s’unir pour constituer un bouclier
contre les occidentaux ulcérés par l’idée même de « nouvel ordre
mondial de l’information». « L’Afrique face au défi de la modernité »
répond à votre pertinente question en partant de ce combat aux allures
épiques de Amadou Moctar Mbow et de son équipe. C’est cette
mobilisation pour le triomphe du droit à l’information que nous
appelons dans notre livre les leçons de la genèse.



10-Ma dernière questions aux philosophes que vous êtes : l’Afrique
est-elle bien partie ou que faire, faut-il toujours compter sur les
autres, alors qu’elle est riche, « le Zaïre est un accident
géographique, d’autres pays regorgent de richesses en tout. »








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Là aussi vous soulevez un débat qui a l’âge des indépendances africaines. Dans notre livre « Africanisme et théorie du projet social », nous avions rappelé la rencontre autour de l’ouvrage de René Dumont, « L’Afrique noire est mal partie ». Nous y renvoyons.

Sans verser dans le subjectivisme qui considère que l’Europe doit tout
à l’Afrique force est de souligner que le continent noir a, contribué à
assurer la prospérité de l’Occident. Par ses fils retenus esclaves, par
ses richesses minérales et halieutiques, l’Afrique a été, malgré elle,
d’un apport considérable pour le développement du capitalisme.
Aujourd’hui, à ces matières premières classiques, s’ajoute
l’exploitation de la matière grise comme cela apparaît, ne serait qu’en
filigrane dans le concept, « d’immigration choisie ».



Le paradoxe de l’Afrique c’est qu’elle est pauvre parce qu’elle est
riche. Elle est l’objet de convoitises des capitalistes, des vendeurs
d’armes, de drogues et de délinquants de tout acabit. Pour ne rien
simplifier l’hégémonisme occidental a toujours veillé à l’installation
de pouvoirs susceptibles de garantir ses intérêts souvent antinomiques
à ceux des peuples. La liquidation Patrice Lumumba, de Amilcar Cabral,
de Thomas Sankara, l’ostracisme viscéral contre Kwamé Nkrumah voire
Ahmet Sékou Touré conjugué à la distribution de certificat de
satisfecit à des prédateurs promus leaders modèles, prouvent que
l’hégémonisme contrôle aussi les appareils politiques quoique dans des
formes beaucoup plus subtiles que dans le contexte de la guerre froide.
La solution ? Revenir sur une des conclusions retenues par les Assises
de Paris anticipant sur le Sommet de Copenhague : «
l’Afrique ne sera jamais construite par des étrangers parce qu’ils n’y
ont pas intérêt. Contrairement à l’idée que développe l’afropessimisme,
l’Afrique n’est ni un continent perdu, ni en détresse mais que trois
décennies de difficultés, de tâtonnements, de contre-performances ont
desservi notre continent. »

http://www.grioo.com/info11706.html#
 

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